• Enfant-héros : Timothée
  • Âge : 8 ans
  • Personnalité : timide
  • Passions : Il aime les échecs et la lecture
  • Autres personnages : Sa mère (Sofi), son père (René), son frère aîné (Baudouin) et son chien (Loucki).
  • Thème : Scolarité
  • Problématique : Autre
  • Détails : Il ne veut pas aller a l’école
  • Style d’histoire : Aventuriers
  • Identifiant de l’histoire : 84
— ⭐ —

Le soleil se couchait sur la petite ville de Belleville. Dans sa chambre, Timothée fronçait les sourcils devant son échiquier.

La pièce aux murs bleu ciel était son refuge. Des étagères croulaient sous le poids de livres aux couvertures colorées. Dans un coin, son sac d’école neuf attendait, intact et fermé, pour la rentrée du lendemain. Timothée l’ignorait délibérément.

« Échec et mat dans trois coups, » murmura-t-il en déplaçant son cavalier.

Timothée était petit pour ses huit ans, avec des cheveux châtains perpétuellement ébouriffés et des yeux noisette souvent baissés. Ses doigts fins manipulaient les pièces d’échecs avec une précision surprenante.

« Timothée ! À table ! » appela sa mère depuis le rez-de-chaussée.

Sofi, grande et mince avec des yeux noirs profonds et une chevelure brune qui cascadait jusqu’à ses épaules, préparait toujours des plats extraordinaires. Ce soir, l’odeur de lasagnes flottait dans toute la maison.

« J’arrive, » répondit-il sans conviction.

En descendant l’escalier, il entendit son père et son frère discuter avec animation.

« Je te dis que c’est impossible ! » argumentait Baudouin, son frère aîné de treize ans. Grand pour son âge, avec des yeux bleus pétillants, Baudouin était tout ce que Timothée n’était pas : extraverti, populaire, et toujours enthousiaste à l’idée d’aller à l’école.

« Rien n’est impossible quand on réfléchit différemment, » répondait René avec un sourire malicieux. Petit et mince, chauve avec des lunettes rondes qui lui donnaient un air de savant, le père de Timothée enseignait les mathématiques au lycée local.

Loucki, leur chien au pelage doré, accueillit Timothée au bas de l’escalier avec des aboiements joyeux.

« Alors petit frère, prêt pour la rentrée demain ? » lança Baudouin en ébouriffant les cheveux de Timothée.

Timothée haussa les épaules. « Je ne veux pas y aller. »

Un silence gêné s’installa. Sofi échangea un regard inquiet avec René.

« Tu sais que tu dois y aller, mon chéri, » commença doucement sa mère. « L’école, c’est important pour… »

« Je peux apprendre tout seul, » interrompit Timothée. « Dans mes livres. Avec mes échecs. Je n’ai pas besoin d’aller là-bas où tout le monde me trouve bizarre. »

Le dîner se poursuivit dans une atmosphère tendue. Plus tard, incapable de dormir, Timothée se glissa hors de son lit. La lune brillait à travers sa fenêtre, illuminant son échiquier. Il s’approcha et remarqua alors quelque chose d’étrange : une pièce qu’il ne reconnaissait pas trônait au centre du plateau.

C’était une petite figurine représentant un homme avec une barbe pointue et des lunettes. Il la prit dans sa main. La pièce était chaude au toucher, presque vivante.

Soudain, l’échiquier tout entier se mit à briller d’une lumière bleutée. Les pièces se transformèrent en figures miniatures qui s’animèrent, marchant et s’étirant comme après un long sommeil.

« Enfin, quelqu’un de prometteur, » dit une voix derrière lui.

Timothée se retourna d’un bond. Un homme grand et mince se tenait dans l’ombre. Sa barbe pointue et ses lunettes rondes luisaient à la lumière de la lune. Sa tenue chamarrée était couverte de formules mathématiques scintillantes.

« Qui êtes-vous ? » souffla Timothée, surpris mais étrangement pas effrayé.

« Professeur Énigmus, » répondit l’homme avec un léger salut. « Collectionneur de connaissances, maître des énigmes, et à présent, directeur de ton école. »

« Je ne vais pas à l’école demain, » affirma Timothée en croisant les bras.

« Oh, mais si, » rit doucement Énigmus. « Car l’école n’est plus ce que tu crois. J’ai transformé chaque salle de classe en défi intellectuel, chaque couloir en labyrinthe de puzzles. Le savoir ne se donne pas, jeune Timothée. Il se gagne ! »

Ses yeux brillaient d’une lueur inquiétante derrière ses verres épais.

« Et si personne ne résout mes énigmes avant la fin du premier trimestre, tout le savoir du monde restera enfermé dans mes coffres, accessibles seulement à ceux qui le méritent vraiment. »

Avant que Timothée puisse répondre, le Professeur Énigmus claqua des doigts. L’échiquier s’illumina encore plus intensément, projetant sur le mur une image de l’école transformée. Des tourelles s’élevaient du toit, des escaliers apparaissaient et disparaissaient, et des symboles mystérieux ornaient les murs.

« Pourquoi me montrez-vous ça ? » demanda Timothée, à la fois fasciné et troublé.

« Parce que tu es différent, » murmura Énigmus en s’approchant. « Tu comprends les modèles, les stratégies. Tu vois plus loin que les autres. Tu pourrais être mon apprenti… ou mon plus grand adversaire. »

Le professeur disparut soudainement, mais sa voix résonna encore dans la chambre :

« À demain, jeune stratège. L’école t’attend… et mes énigmes aussi. »

Timothée resta immobile, le cœur battant. Sur son échiquier, les pièces étaient redevenues normales, sauf une : la figurine du Professeur Énigmus qui occupait maintenant la case du Roi noir.

Pour la première fois depuis des semaines, Timothée sentit une étincelle d’intérêt s’allumer en lui. Si l’école était devenue un gigantesque jeu d’échecs, peut-être valait-il la peine d’y retourner. Juste pour voir.

Il regarda par la fenêtre et aperçut au loin la silhouette de son école, transformée sous la lumière de la lune. Des lumières de toutes les couleurs scintillaient à ses fenêtres, comme autant d’énigmes attendant d’être résolues.

Timothée serra la pièce d’échecs dans sa main. Demain serait peut-être différent, après tout.

— ⭐ —

L’aventure continue !

Identifiant de l’histoire : 84