• Enfant-héros : Timothée
  • Âge : 8 ans
  • Personnalité : timide
  • Passions : Il aime les échecs et la lecture
  • Autres personnages : Sa mère (Sofi), son père (René), son frère aîné (Baudouin) et son chien (Loucki).
  • Thème : Scolarité
  • Problématique : Autre
  • Détails : Il ne veut pas aller a l’école
  • Style d’histoire : Aventuriers
  • Identifiant de l’histoire : 84
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Le lendemain matin, Timothée se réveilla avec une sensation étrange. L’échiquier brillait encore faiblement sur sa table de nuit, et la pièce du Professeur Énigmus semblait le regarder avec ses minuscules yeux sculptés.

« Timothée ! Tu vas être en retard ! » cria Sofi depuis la cuisine.

Pour la première fois depuis des semaines, Timothée ne traîna pas. Il s’habilla rapidement, attrapa son sac d’école et descendit les escaliers quatre à quatre. Loucki aboya joyeusement, surpris par cette énergie inhabituelle.

« Tiens donc, » sourit René en ajustant ses lunettes. « On dirait que quelqu’un a retrouvé sa motivation. »

Baudouin, déjà prêt avec son sac sur l’épaule, observa son petit frère avec curiosité. « Tu es sûr que ça va ? Tu as l’air… différent. »

« Tout va bien, » répondit Timothée en glissant discrètement la pièce d’échecs dans sa poche. « Je veux juste voir quelque chose. »

Sofi lui tendit son petit-déjeuner dans un sac en papier, ses yeux noirs brillants de soulagement. « Je suis fière de toi, mon chéri. »

Le trajet vers l’école révéla immédiatement que quelque chose avait changé. Le bâtiment familier de trois étages s’était transformé en une structure imposante aux allures de château. Des tourelles spiralées s’élevaient vers le ciel, et les murs de brique rouge étaient maintenant gravés de formules mathématiques complexes qui semblaient bouger sous les rayons du soleil matinal.

« Woah ! » s’exclama Baudouin. « Ils ont vraiment fait du bon travail pendant l’été ! C’est fantastique ! »

Les autres élèves s’extasiaient également devant la transformation, mais Timothée remarqua que leurs voix sonnaient étrangement creuses, comme s’ils étaient sous un charme.

À l’entrée de l’école, une grande arche de pierre avait remplacé les portes habituelles. Des symboles mystérieux y étaient gravés, formant ce qui ressemblait à une énigme. Timothée s’approcha pour les examiner de plus près quand une voix familière résonna derrière lui.

« Bienvenue dans ma nouvelle école, jeune stratège. »

Le Professeur Énigmus se tenait près de l’arche, vêtu de sa tenue chamarrée. Ses cheveux gris défiant la gravité semblaient encore plus électrifiés que la veille, et ses lunettes rondes reflétaient la lumière du matin.

« Vous avez vraiment fait ça, » murmura Timothée, impressionné malgré lui.

« Bien sûr ! » rit Énigmus. « Mais attention, jeune homme. Cette école n’est plus un lieu d’apprentissage passif. Chaque salle de classe est désormais un défi. Chaque couloir cache des pièges intellectuels. Et seuls ceux qui prouvent leur valeur pourront accéder au véritable savoir. »

Timothée observa les autres élèves qui entraient dans l’école. Ils semblaient tous étrangement dociles, suivant des flèches lumineuses qui apparaissaient sur le sol.

« Que leur arrive-t-il ? » demanda-t-il.

« Ils sont sous l’influence de mes énigmes, » expliqua Énigmus avec un sourire satisfait. « Ils ne peuvent plus penser par eux-mêmes tant qu’ils n’auront pas résolu les défis que j’ai préparés. Mais toi… » Il pointa un doigt vers Timothée. « Toi, tu es différent. Tu résistes naturellement à mon influence. C’est pour cela que tu es dangereux. »

Soudain, le sol sous les pieds de Timothée se mit à briller. Des symboles d’échecs apparurent, formant un chemin qui menait vers l’intérieur de l’école.

« Ton premier défi t’attend, » annonça Énigmus. « La salle de classe de mathématiques est devenue un labyrinthe de nombres. Résous les équations pour avancer, ou reste bloqué à jamais dans mes couloirs sans fin. »

Timothée sentit son cœur s’accélérer. Il n’était pas particulièrement doué en mathématiques, préférant la logique pure des échecs. Mais quelque chose en lui refusait de reculer.

« Et si je refuse ? » demanda-t-il, essayant de paraître plus courageux qu’il ne l’était.

« Alors tous ces élèves resteront mes prisonniers intellectuels pour l’éternité, » répondit froidement Énigmus. « Et le savoir du monde entier sera enfermé dans mes coffres. »

Timothée regarda autour de lui. Baudouin venait de passer l’arche et marchait comme un automate, les yeux vitreux. D’autres enfants de son âge suivaient le même chemin, tous privés de leur personnalité.

« D’accord, » dit-il finalement. « J’accepte votre défi. »

« Parfait ! » s’exclama Énigmus en claquant des mains. « Mais attention : tu n’as que jusqu’à la fin de la journée pour résoudre le premier niveau. Échoue, et tu rejoindras les autres dans leur état de somnambulisme intellectuel. »

Timothée franchit l’arche et pénétra dans l’école transformée. Les couloirs familiers avaient disparu, remplacés par un dédale de passages aux murs couverts d’équations flottantes. Des chiffres lumineux dansaient dans l’air, et le sol était pavé de carreaux qui affichaient des problèmes mathématiques.

Il suivit le chemin d’échecs jusqu’à ce qu’il arrive devant une porte massive ornée d’une serrure en forme de puzzle. Une plaque dorée indiquait : « Première Énigme : Prouve que tu mérites d’entrer. »

Sur la porte, une équation complexe s’affichait : 3x + 7 = 22. Trouvez x.

Timothée fronça les sourcils. Il n’était qu’en CE2, et cette équation lui semblait trop difficile. Il essaya plusieurs chiffres au hasard, mais rien ne se passait.

Soudain, la porte s’ouvrit avec fracas, et Timothée fut aspiré dans un tourbillon de chiffres et de symboles. Il tomba dans ce qui ressemblait à un puits sans fond, rempli d’équations qui tourbillonnaient autour de lui.

« Au secours ! » cria-t-il, mais sa voix se perdit dans le chaos mathématique.

Juste au moment où il pensait être perdu à jamais, une main ferme l’attrapa par le poignet. Il se retrouva tiré vers le haut et atterrit sur un sol solide, le souffle coupé.

« Ça va, petit ? » demanda une voix douce.

Timothée leva les yeux et découvrit une femme âgée aux cheveux blancs comme neige, vêtue d’une robe bleue parsemée d’étoiles. Ses yeux verts pétillaient de bienveillance, et elle tenait à la main une canne sculptée en forme d’échiquier.

« Qui êtes-vous ? » demanda Timothée en se relevant.

« Madame Sophia, ancienne bibliothécaire de cette école, » répondit-elle avec un sourire chaleureux. « Et apparemment, la seule à avoir échappé aux sortilèges d’Énigmus. J’ai passé ma vie entière à protéger le savoir, pas à l’enfermer. »

Elle l’aida à s’asseoir sur un banc qui venait d’apparaître. Autour d’eux, ils se trouvaient dans une petite alcôve secrète, cachée des couloirs principaux de l’école transformée.

« Tu es Timothée, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle. « Le jeune prodige des échecs dont tout le monde parle. »

« Je ne suis pas un prodige, » marmonna Timothée. « Je suis juste… différent. Et maintenant, je ne peux même pas résoudre une simple équation. Comment vais-je sauver tous ces élèves ? »

Madame Sophia s’assit à côté de lui, ses yeux brillants de compréhension. « Tu sais, Timothée, Énigmus et toi avez plus de points communs que tu ne le penses. »

« Comment ça ? » demanda Timothée, surpris.

« Il était une fois un petit garçon très intelligent qui aimait résoudre des puzzles et des énigmes. Mais les autres enfants se moquaient de lui parce qu’il était différent. Alors, il a décidé que si les gens ne voulaient pas partager leur amitié avec lui, il ne partagerait pas son savoir avec eux. »

Timothée sentit un frisson le parcourir. Cette histoire lui rappelait quelque chose.

« C’est pour ça que tu ne veux plus aller à l’école, n’est-ce pas ? » continua doucement Madame Sophia. « Parce que tu as peur d’être jugé, d’être différent ? »

Timothée baissa les yeux. « Les autres me trouvent bizarre. Je préfère les livres et les échecs aux jeux de ballon. Je ne sais pas comment leur parler. »

« Et pourtant, » sourit Madame Sophia, « tu es ici, prêt à affronter les énigmes les plus difficiles pour les sauver. Cela ne te dit rien sur qui tu es vraiment ? »

Pour la première fois depuis longtemps, Timothée se sentit compris. Il sortit la pièce d’échecs de sa poche et la montra à Madame Sophia.

« Il m’a donné ça hier soir. Je crois que c’est magique. »

Madame Sophia examina la pièce avec attention. « C’est plus qu’un simple objet magique, Timothée. C’est une clé. Une clé qui peut ouvrir non seulement les portes de cette école, mais aussi celles de ton propre courage. »

Elle se leva et pointa sa canne vers un passage secret qui venait de s’ouvrir dans le mur.

« Viens. Il est temps que tu apprennes quelques secrets sur les véritables énigmes d’Énigmus. Et surtout, il est temps que tu découvres que tu n’es pas seul dans cette aventure. »

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L’aventure continue !

Identifiant de l’histoire : 84