• Enfant-héros : Timothée
  • Âge : 8 ans
  • Personnalité : timide
  • Passions : Il aime les échecs et la lecture
  • Autres personnages : Sa mère (Sofi), son père (René), son frère aîné (Baudouin) et son chien (Loucki).
  • Thème : Scolarité
  • Problématique : Autre
  • Détails : Il ne veut pas aller a l’école
  • Style d’histoire : Aventuriers
  • Identifiant de l’histoire : 84
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L’escalier en spirale les mena vers un étage que Timothée ne reconnaissait pas. Les couloirs s’étendaient dans toutes les directions, formant un labyrinthe aux murs mouvants. Chaque passage semblait mener vers une obscurité différente, et l’air était chargé d’une énergie étrange qui faisait frissonner les cinq amis.

« Bienvenue dans mon chef-d’œuvre, » résonna la voix d’Énigmus, maintenant teintée d’une colère froide. « Le Labyrinthe des Peurs. Chaque couloir vous confrontera à ce que vous redoutez le plus. Et cette fois, mes chers petits collaborateurs, vous ne pourrez pas vous entraider. Chacun devra affronter ses démons… seul. »

Soudain, les murs se mirent en mouvement, séparant brutalement le groupe. Timothée se retrouva isolé dans un corridor étroit, entendant les cris étouffés de ses amis qui s’éloignaient.

« Emma ! Lucas ! Sarah ! Antoine ! » cria-t-il, mais seul l’écho de sa propre voix lui répondit.

Il toucha rapidement son médaillon pour contacter Madame Sophia, mais il ne captait qu’un grésillement inquiétant.

« Les communications sont brouillées ici, » murmura-t-il. « Je suis vraiment seul. »

Le couloir dans lequel il se trouvait commença à changer. Les murs se couvrirent de miroirs qui ne reflétaient pas son apparence, mais ses souvenirs les plus douloureux. Il se vit dans la cour de récréation, assis seul sur un banc pendant que les autres jouaient. Il se revit levant timidement la main en classe, pour entendre des ricanements quand il donnait une réponse trop compliquée.

« Voilà ta vraie nature, Timothée, » chuchota la voix d’Énigmus, maintenant tout près. « Tu es différent. Bizarre. Destiné à rester seul. Ces enfants que tu crois tes amis ? Ils t’oublieront dès qu’ils sortiront d’ici. Tu redeviendras le petit garçon étrange qui préfère les livres aux gens. »

Timothée sentit ses jambes trembler. Les mots d’Énigmus résonnaient avec ses peurs les plus profondes. Et si c’était vrai ? Et si Emma, Lucas, Sarah et Antoine ne l’aimaient que parce qu’ils étaient pris dans cette aventure magique ? Et si, une fois revenus à la normale, ils redevenaient des étrangers ?

Le couloir se rétrécit encore, et Timothée se retrouva dans une réplique exacte de sa chambre. Mais cette version était encore plus isolée : pas de porte, pas de fenêtre, juste lui, ses livres et son échiquier. Une prison dorée de solitude.

« C’est là que tu appartiens, » continua Énigmus en apparaissant dans la pièce, plus grand et plus imposant que jamais. « Avec moi. Nous sommes pareils, toi et moi. Trop intelligents pour ce monde, trop différents pour être compris. Rejoins-moi, et je t’enseignerai à utiliser ton don comme une arme plutôt que comme un fardeau. »

Pour la première fois, l’offre d’Énigmus sembla tentante à Timothée. Plus de moqueries, plus de solitude forcée, plus de sentiment d’être un extraterrestre parmi ses camarades.

Mais alors qu’il tendait la main vers Énigmus, il entendit quelque chose qui changea tout : la voix d’Antoine qui chantait.

C’était faible, lointain, mais c’était bien la mélodie qu’Antoine avait jouée dans le gymnase. Et dans cette mélodie, Timothée entendait autre chose : les voix d’Emma, Lucas et Sarah qui l’accompagnaient.

Ils chantaient son nom.

Ils l’appelaient.

Ils ne l’avaient pas oublié.

« Non, » dit soudain Timothée, retirant sa main. « Vous vous trompez, Professeur Énigmus. Je ne suis pas seul. Et vous non plus, vous n’étiez pas obligé de l’être. »

Il sortit la pièce d’échecs d’Énigmus de sa poche et l’examina attentivement. Pour la première fois, il remarqua quelque chose qu’il avait manqué : au dos de la pièce, une inscription minuscule : « Pour mon ami imaginaire, en espérant qu’un jour il devienne réel. – E., 8 ans. »

« Vous aviez un ami imaginaire, » murmura Timothée. « Vous n’avez jamais voulu être seul. Vous avez juste… abandonné. »

Le visage d’Énigmus se crispa. « Cet enfant naïf n’existe plus ! J’ai appris que la solitude était plus sûre que la déception ! »

« Mais regardez ce que vous avez créé ! » s’exclama Timothée en désignant l’école transformée. « Toutes ces énigmes, tous ces défis… Vous n’avez pas créé ça pour être seul. Vous l’avez créé en espérant que quelqu’un serait assez intelligent pour les résoudre. Vous cherchiez des amis ! »

Énigmus recula, son assurance vacillant. « C’est… c’est faux ! Je teste leur valeur ! »

« Non, » dit doucement Timothée. « Vous testez votre propre valeur. Vous voulez savoir si vous méritez d’avoir des amis. »

La chambre-prison commença à trembler. Les murs se fissurèrent, laissant filtrer la lumière et les voix de ses amis qui se rapprochaient.

« La vérité, Professeur, » continua Timothée, « c’est que vous êtes exactement comme moi. Vous avez peur d’être rejeté, alors vous rejetez les autres en premier. Mais moi, j’ai appris quelque chose aujourd’hui : être différent ne veut pas dire être seul. Ça veut dire avoir quelque chose d’unique à apporter aux autres. »

Soudain, les voix de ses amis devinrent plus claires. Ils avaient trouvé un moyen de surmonter leurs propres peurs et se dirigeaient vers lui.

« Timothée ! » cria Emma. « On arrive ! »

« On ne t’abandonne pas ! » ajouta Lucas.

« Jamais ! » renchérit Sarah.

« Tous ensemble ! » termina Antoine.

Les murs de la prison s’effondrèrent complètement, révélant ses quatre amis qui couraient vers lui. Mais ils n’étaient pas seuls : derrière eux couraient tous les autres élèves de l’école, libérés de l’enchantement d’Énigmus par leur acte de solidarité.

Énigmus regarda cette marée d’enfants qui se précipitaient vers Timothée, non pas pour se moquer de lui, mais pour le sauver. Son visage se transforma, passant de la colère à la confusion, puis à quelque chose qui ressemblait à de la nostalgie.

« Ils… ils viennent vraiment pour toi, » murmura-t-il.

« Oui, » répondit Timothée en tendant la main vers Énigmus. « Et ils viendraient pour vous aussi, si vous leur en donniez la chance. Il n’est jamais trop tard pour arrêter d’être seul. »

Mais au moment où Énigmus semblait sur le point d’accepter la main tendue, son expression se durcit à nouveau.

« Non ! » cria-t-il. « Si je ne peux pas avoir d’amis, alors personne n’en aura ! Si vous voulez vraiment sauver cette école et tous ces enfants, vous devrez me battre dans une dernière épreuve ! »

Il claqua des doigts, et toute l’école se mit à trembler violemment. Les murs disparurent, révélant qu’ils se trouvaient maintenant au sommet d’une tour immense, entourés par un échiquier géant qui flottait dans les nuages.

« Un dernier jeu, Timothée ! » rugit Énigmus, ses cheveux maintenant complètement électrifiés par la magie. « Toi et tes amis contre moi ! Gagnez, et l’école redevient normale. Perdez, et elle restera mon royaume pour l’éternité ! »

Timothée regarda ses amis, puis tous les autres élèves qui les avaient rejoints. Dans leurs yeux, il ne vit ni peur ni reproches, mais une confiance absolue en lui.

« D’accord, » dit-il calmement. « Mais cette fois, nous jouons selon nos règles. Pas seulement les vôtres. »

Le vent se leva autour de la tour, et l’échiquier géant s’illumina, prêt pour la partie finale. Mais Timothée savait maintenant qu’il n’était plus le petit garçon solitaire qui avait peur d’aller à l’école. Il était devenu quelque chose de plus fort : un ami, un leader, et quelqu’un qui comprenait que la vraie intelligence consistait à unir les gens plutôt qu’à les diviser.

La bataille finale allait commencer.

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L’aventure continue !

Identifiant de l’histoire : 84