Nicolas arriva à l’école le cœur battant, la Pierre de Communication cachée dans sa poche. Sans Estelle, il se sentait terriblement seul. L’Ombre Chuchotante n’avait jamais été aussi présente, l’enveloppant presque complètement.
À la récréation, il resta d’abord contre son mur, regardant de loin la fourmilière. Il voyait les fourmis s’agiter, se préparer à la bataille, mais il n’arrivait pas à bouger.
« Tu as bien raison de rester ici », murmura L’Ombre. « Laisse les fourmis se débrouiller. Tu n’es qu’un petit garçon, après tout. »
Soudain, un cri d’alarme minuscule parvint à ses oreilles. Formica courait vers lui, paniquée.
« Nicolas ! Elle arrive ! La Reine Noire ! Et elle a amené son armée de Guerriers-Termites ! »
Malgré lui, Nicolas regarda vers la fourmilière. Ce qu’il vit le glaça d’effroi : une termite gigantesque, trois fois plus grosse que les autres, avec une couronne d’épines noires sur la tête. Autour d’elle, des centaines de termites soldats avançaient en formation parfaite.
Mais le plus terrible était l’aura grise qui entourait la Reine Noire. Partout où elle passait, les fourmis s’arrêtaient de bouger, comme figées par la peur.
« Son Mur de Découragement ! », souffla Nicolas.
C’est alors qu’il eut une révélation qui lui coupa le souffle. Cette aura grise… elle ressemblait exactement à L’Ombre Chuchotante !
Il se retourna vers son ombre personnelle et la vit vraiment pour la première fois. Elle avait la même couleur, la même façon de paralyser par la peur.
« Tu… tu es comme la Reine Noire ? », demanda-t-il, troublé.
L’Ombre Chuchotante sembla hésiter pour la première fois.
« Je… je te protège », murmura-t-elle d’une voix moins assurée. « Je t’évite les déceptions, les moqueries… »
« Mais tu m’empêches aussi de vivre ! », réalisa Nicolas. « Tu m’empêches d’aider mes amis, de découvrir ce dont je suis capable ! »
Pendant ce dialogue, la bataille faisait rage près de la fourmilière. Nicolas voit les fourmis se faire massacrer par les termites, incapables de résister au Mur de Découragement de leur Reine.
Professeur Lucane apparut soudain sur l’épaule de Nicolas, blessé et essoufflé.
« Nicolas… c’est maintenant ou jamais. Utilise la Pierre de Communication et chante l’Hymne du Courage. C’est le seul moyen de briser le Mur de Découragement. »
« Mais je suis tout seul ! Estelle n’est pas là, et les autres enfants vont se moquer ! »
« Non », dit une voix derrière lui. « Tu n’es pas seul. »
Nicolas se retourna et vit Maxime qui s’approchait, l’air gêné.
« J’ai… j’ai observé depuis hier. Tu fais quelque chose d’important avec ces fourmis, pas vrai ? Même si je ne comprends pas. »
Léa arriva aussi, suivie de trois autres enfants de la classe.
« Estelle m’a téléphoné ce matin », expliqua Léa. « Elle m’a dit que tu étais en train de sauver les fourmis et qu’on devrait t’aider au lieu de se moquer. »
Nicolas n’en croyait pas ses oreilles. L’Ombre Chuchotante commença à trembler et à rétrécir.
« Qu’est-ce qu’on peut faire ? », demanda Maxime.
Nicolas sortit la Pierre de Communication de sa poche. Elle brillait maintenant d’une lumière dorée.
« Restez près de moi et regardez la fourmilière », dit-il en serrant fort la pierre.
Instantanément, tous les enfants poussèrent des exclamations d’émerveillement. Ils voyaient enfin les fourmis, les termites, et l’énorme Reine Noire !
« Elles sont vraiment en guerre ! », s’exclama Léa.
« Et cette grosse termite noire est en train de gagner ! », ajouta Maxime.
Nicolas sentit le courage monter en lui. Il n’était plus seul. Les autres enfants croyaient en lui maintenant.
L’Ombre Chuchotante fit une dernière tentative : « Et si tu échoues devant tout le monde ? »
Nicolas la regarda droit dans ses yeux flous. « Et si je réussis ? »
— ⭐ —
L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 70
