Tendresse déploya ses grandes ailes multicolores, et soudain le jardin se transforma. Les fleurs semblaient plus brillantes, l’herbe plus verte, et même l’air sentait la vanille et les cookies chauds.
« Assieds-toi en cercle avec moi, Léa, » demanda Tendresse. « Tommy et Billy peuvent venir aussi. »
Léa s’assit dans l’herbe douce, Tommy à côté d’elle avec Billy blotti contre lui. Caline voltigeait autour d’eux en dispersant de petites étoiles dorées.
Cache-Misère, sur l’épaule de Léa, bougonnait : « C’est ennuyeux ! On pourrait plutôt aller embêter les escargots ! »
« Ignore-le pour l’instant, » conseilla Tendresse doucement. « Maintenant, regarde tes mains, Léa. Qu’est-ce que tu vois ? »
Léa regarda ses petites mains. « Mes mains ? Elles sont… normales ? »
« Oh non ! » dit Tendresse en riant comme des clochettes. « Tes mains sont magiques ! Toutes les mains le sont. Mais il y a deux sortes de magie. »
Tendresse toucha délicatement une fleur fanée avec le bout de son aile. Aussitôt, la fleur redevint belle et colorée, et un doux parfum s’en échappa.
« Il y a la magie des câlins, qui répare et rend heureux, » expliqua Tendresse. « Et il y a la magie des bobos, qui casse et rend triste. »
« La magie des bobos, c’est la meilleure ! » s’écria Cache-Misère. « On peut tout détruire ! »
« Mais pourquoi Cache-Misère aime faire mal ? » demanda Léa, de plus en plus curieuse.
Tendresse soupira tristement. « Cache-Misère n’a pas toujours été méchant, tu sais. Autrefois, il était un petit lutin joyeux qui aimait jouer avec les animaux de la forêt. »
« C’est pas vrai ! » protesta Cache-Misère, mais sa voix était moins assurée.
« Si, c’est vrai, » continua Tendresse. « Mais un jour, les animaux de la forêt étaient trop occupés pour jouer avec lui. Ils l’ont ignoré. Cache-Misère s’est senti très seul et très triste. Il a pensé que s’il faisait des bêtises, les animaux feraient attention à lui. »
Léa regarda Cache-Misère qui avait baissé les yeux. Son chapeau pointu tremblait un peu.
« Il voulait juste qu’on s’occupe de lui ? » demanda Léa.
« Exactement, » répondit Tendresse. « Mais il a oublié qu’il y avait une bien meilleure façon d’avoir de l’attention : en faisant du bien aux autres. »
Tendresse se tourna vers Billy, qui les observait avec méfiance.
« Billy, veux-tu montrer à Léa ce que ça fait quand on utilise la magie des câlins ? »
Billy hésita, puis s’approcha lentement. Tommy l’encouragea en lui donnant une petite caresse.
« Tends ta main très doucement, Léa, » conseilla Tendresse. « Et pense à quelque chose qui te rend heureuse. »
Léa pensa à Elsa dans La Reine des Neiges, à ses chansons préférées, à l’odeur des câlins de maman. Une petite lumière dorée apparut autour de sa main.
« Maintenant, caresse Billy très délicatement, » dit Tendresse.
Léa tendit sa main brillante vers Billy. Le petit chien hésita, puis toucha sa main du bout de sa truffe. Aussitôt, ses yeux s’illuminèrent de joie, et sa queue se mit à remuer !
« Waouh ! » s’exclama Léa. « Mes mains brillent ! »
« C’est la magie des câlins ! » dit Caline en voltigeant de joie. « Regarde comme Billy est content ! »
Effectivement, Billy souriait maintenant et faisait de petits bonds heureux autour de Léa.
Cache-Misère fronça les sourcils. « Bon… c’est peut-être pas mal, » admit-il à contrecœur. « Mais est-ce que c’est aussi amusant que de tirer les queues ? »
« Essaie et tu verras ! » dit Tendresse avec un clin d’œil.
Léa caressa Billy encore, et le petit chien se mit à faire des roulades de bonheur dans l’herbe. Tommy riait aux éclats en voyant Billy si joyeux.
« C’est… c’est vraiment magique ! » dit Léa, émerveillée.
« Et ce n’est que le début, » promit Tendresse. « Mais pour maîtriser complètement cette magie, tu vas devoir passer un test. Es-tu prête ? »
Léa hocha la tête avec détermination, ses yeux brillants d’excitation. Même Cache-Misère semblait intrigué malgré lui.
« Quel genre de test ? » demanda Léa.
Tendresse sourit mystérieusement. « Un test qui va t’apprendre la différence entre faire attention à soi de la mauvaise façon et faire attention à soi de la bonne façon. »
Soudain, un petit cri retentit de l’autre côté du jardin. Une famille de fourmis avait renversé leur provision de nourriture et semblait en détresse.
Cache-Misère bondit d’excitation. « Parfait ! On peut les écraser maintenant qu’elles sont par terre ! »
« Ou bien… » dit Tendresse en regardant Léa avec espoir.
Léa se leva, partagée entre l’ancienne habitude et cette nouvelle découverte. Que allait-elle choisir ?
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 83