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L’aube se levait sur les Terres Sacrées, baignant la forêt d’une lumière dorée qui filtrait à travers les branches comme de l’eau enchantée. Julie ouvrit lentement les yeux, sentant l’énergie vibrante de cet endroit spécial parcourir son corps. Elle avait dormi profondément, sans rêves, comme si les Terres Sacrées elles-mêmes avaient veillé sur son sommeil.
Autour d’elle, ses compagnons s’éveillaient également. Martin semblait aller mieux; la couleur était revenue à son visage, et lorsqu’il bougea sa jambe blessée, il grimaça moins qu’auparavant.
« Comment te sens-tu? » lui demanda Julie, s’approchant de son frère avec sollicitude.
« Étonnamment bien, » répondit-il, surpris lui-même. « C’est comme si… comme si la forêt m’avait soigné pendant la nuit. »
« C’est exactement ce qui s’est passé, » dit Sylviane, qui ajustait l’attelle autour de la jambe de Martin. « Les Terres Sacrées ont des propriétés curatives. Pas assez pour guérir complètement une fracture, mais suffisamment pour accélérer considérablement le processus. »
Noko rassemblait leurs affaires, son visage empreint d’une gravité inhabituelle. « Nous approchons de notre destination, » dit-il. « La Source Primordiale se trouve au cœur même des Terres Sacrées, dans une clairière que les anciens appellent le Berceau de la Vie. »
« À quelle distance sommes-nous? » demanda Julie, sentant un mélange d’excitation et d’appréhension monter en elle.
« Quelques heures de marche, » répondit Sylviane. « Mais le chemin n’est pas simple. Plus nous approcherons, plus les épreuves commenceront à se manifester. »
Choupette, qui était partie en exploration aux premières lueurs de l’aube, revint en bondissant gracieusement entre les racines. « Aucun signe de Brumaléo, » annonça-t-elle, son museau frémissant d’inquiétude. « J’ai cherché dans toutes les directions. »
Julie sentit son cœur se serrer. L’esprit forestier les avait sauvés des Dévoreurs d’Espoir, mais à quel prix? Était-il tombé entièrement dans les ténèbres? Ou errait-il blessé quelque part entre les Terres Creuses et les Terres Sacrées?
« Il nous trouvera s’il le peut, » dit doucement Noko, percevant son inquiétude. « Brumaléo est puissant et résistant. Pour l’instant, nous devons nous concentrer sur notre objectif. »
Ils prirent un petit déjeuner frugal composé des baies et des fruits qu’ils avaient emportés, puis se préparèrent à reprendre la route. Martin pouvait marcher avec l’aide d’un bâton que Noko avait taillé pour lui, bien qu’il doive s’appuyer occasionnellement sur sa sœur ou Sylviane.
Le paysage des Terres Sacrées était d’une beauté à couper le souffle. Les arbres ici étaient les plus grands que Julie ait jamais vus, leurs troncs si larges que dix personnes se tenant par la main n’auraient pas pu les entourer. Leur écorce brillait d’une patine argentée sous la lumière du soleil, et leurs feuilles semblaient presque translucides, créant un kaléidoscope de verts et d’ors au-dessus de leurs têtes.
Le sol sous leurs pieds était recouvert d’une mousse épaisse et douce qui semblait luire légèrement d’une lumière intérieure. Des fleurs aux couleurs vives poussaient partout, certaines d’espèces que Julie n’avait jamais vues auparavant, émettant des parfums doux et enivrants.
« C’est magnifique, » murmura-t-elle, émerveillée par tant de splendeur naturelle.
« Les Terres Sacrées sont le cœur battant de la Jungle Émeraude, » expliqua Sylviane. « C’est ici que la magie de notre monde est la plus pure, la plus concentrée. Chaque plante, chaque animal, chaque goutte d’eau est imprégnée d’une énergie vitale exceptionnelle. »
Ils marchèrent pendant ce qui sembla être des heures, bien que le temps fût difficile à mesurer dans ce lieu enchanteur. Le soleil paraissait se déplacer plus lentement dans le ciel, comme réticent à quitter un endroit si beau.
Progressivement, Julie commença à remarquer des changements subtils autour d’eux. Les arbres, bien que toujours majestueux, semblaient s’écarter légèrement, créant un chemin naturel. La mousse sous leurs pieds formait des motifs qui n’avaient rien d’aléatoire – des spirales, des cercles concentriques, des lignes qui semblaient les guider vers un but précis.
« Nous entrons dans le domaine des épreuves, » annonça Noko, s’arrêtant un moment. « À partir de maintenant, chacun de nous pourrait être confronté à un test. Souvenez-vous de ce qu’Azurin nous a dit – courage, sagesse et cœur. C’est ce qui sera mis à l’épreuve. »
« Comment saurons-nous que nous sommes testés? » demanda Julie, scrutant anxieusement les bois autour d’eux.
« Tu le sauras, » répondit simplement Sylviane. « Les épreuves se manifesteront d’une façon qui te semblera parfaitement… personnelle. »
Cette réponse n’était guère rassurante, mais Julie hocha la tête, déterminée à affronter ce qui l’attendait. Elle toucha machinalement les objets précieux qu’elle portait – la Larme d’Océan autour de son cou, la feuille magique de l’Arbre-Mère dans sa sacoche, et maintenant, serré dans sa main, un petit cristal vert que Sylviane lui avait remis ce matin.
« Qu’est-ce que c’est exactement? » avait-elle demandé en recevant le cristal.
« Un fragment de la première graine, » avait répondu Sylviane. « Selon la légende, c’est à partir de cette graine que toute la Jungle Émeraude a grandi. Elle amplifiera ton pouvoir de Verdoyante au moment crucial. »
Ils reprirent leur marche, chacun plongé dans ses propres pensées. Le chemin commença à monter légèrement, les conduisant vers ce qui semblait être une colline boisée. Alors qu’ils gravissaient la pente, Julie remarqua que les oiseaux et autres créatures de la forêt s’étaient tus. Un silence étrange, presque surnaturel, les enveloppait maintenant.
Au sommet de la colline, ils s’arrêtèrent, stupéfaits par la vue qui s’offrait à eux. En contrebas s’étendait une clairière parfaitement circulaire, baignée d’une lumière qui ne semblait pas provenir uniquement du soleil. Au centre exact de cette clairière se trouvait un bassin d’eau cristalline, si transparente qu’elle paraissait presque invisible, sauf pour les reflets arc-en-ciel qui dansaient à sa surface.
« Le Berceau de la Vie, » murmura Sylviane avec révérence. « Et en son centre, la Source Primordiale. »
Julie contempla ce spectacle, émerveillée et intimidée à la fois. C’était donc là que résidait le pouvoir capable de guérir Brumaléo et, peut-être, de restaurer le lien entre ce monde et le sien.
« Que devons-nous faire maintenant? » demanda-t-elle, sa voix à peine plus forte qu’un chuchotement.
« Nous descendons, » répondit Noko. « Et nous attendons que les épreuves se manifestent. »
Ils commencèrent à descendre la pente douce vers la clairière. À mi-chemin, Julie sentit un changement subtil dans l’air autour d’elle. C’était comme si le monde avait retenu son souffle. Elle jeta un coup d’œil à ses compagnons et fut surprise de constater qu’ils semblaient figés sur place, comme des statues parfaitement immobiles.
« Martin? Noko? Sylviane? » appela-t-elle, mais sa voix semblait étrangement étouffée, comme absorbée par l’air lui-même.
« Ils ne peuvent pas t’entendre, » dit une voix derrière elle.
Julie se retourna vivement et se retrouva face à… elle-même. Ou plutôt, une version d’elle-même, mais plus âgée, peut-être de quelques années. Cette Julie plus âgée portait une tenue semblable à celle de Sylviane, faite de feuilles et de pétales tissés ensemble, et son visage portait une expression de sagesse tranquille qui ne correspondait pas à son jeune âge.
« Qui… qui es-tu? » balbutia Julie.
« Je suis toi, » répondit simplement la version plus âgée. « Ou plutôt, une possibilité de toi. Un futur qui pourrait être, si tu choisis certains chemins plutôt que d’autres. »
« C’est mon épreuve? » demanda Julie, comprenant soudain ce qui se passait.
Son double acquiesça. « La première des trois. L’épreuve du courage. Suis-moi. »
Sans attendre de réponse, la Julie plus âgée se détourna et s’enfonça dans la forêt, s’éloignant de la clairière et de la Source Primordiale. Après une brève hésitation, Julie la suivit, jetant un dernier regard à ses amis figés dans le temps.
Elles marchèrent en silence pendant ce qui sembla être à la fois un instant et une éternité. La forêt autour d’elles changea, devenant progressivement plus sombre, plus dense, plus inquiétante. Les arbres majestueux des Terres Sacrées cédèrent la place à des spécimens tordus et noueux, leurs branches comme des doigts décharnés tendus vers un ciel de plus en plus obscur.
Finalement, elles atteignirent une autre clairière, mais celle-ci n’avait rien de la beauté sereine du Berceau de la Vie. C’était un lieu désolé, ravagé, où la terre était noire et craquelée, où aucune plante ne poussait. Au centre se dressait un arbre mort, son tronc et ses branches d’un gris cendré, comme calcinés par un feu invisible.
« Où sommes-nous? » demanda Julie, un frisson parcourant son dos.
« Dans un futur possible, » répondit son double. « Un futur où tu as échoué. »
L’arbre mort au centre de la clairière commença à changer, son écorce se fissurant pour révéler une lueur rouge malsaine qui pulsait comme un cœur malade. Puis, lentement, une forme émergea du tronc – Brumaléo, mais un Brumaléo entièrement consumé par les ténèbres, sa brume noire si dense qu’elle semblait presque solide, ses yeux d’un rouge sang brillant de malveillance pure.
« Voici ce que deviendra Brumaléo si tu échoues dans ta quête, » expliqua le double de Julie. « Non plus un esprit forestier corrompu, mais une entité de destruction pure, condamnée à errer entre les mondes, répandant désespoir et désolation. »
Le Brumaléo ténébreux se tourna vers elles, et Julie sentit son regard rouge la transpercer jusqu’à l’âme. Une vague de désespoir la submergea, si intense qu’elle tomba à genoux, le souffle coupé.
« Et ce n’est pas tout, » continua son double d’une voix implacable.
L’arbre mort se transforma à nouveau, révélant cette fois des images qui défilaient sur son tronc comme sur un écran – des forêts en flammes, des océans pollués par des nappes de pétrole noir, des animaux mourant par milliers, des tempêtes dévastatrices ravageant des villes entières…
« C’est ce qui attend ton monde, » dit le double de Julie. « Un avenir de destruction écologique, de souffrance, de fin. La Jungle Émeraude est liée à ton monde d’une façon que tu commences à peine à comprendre. Si elle meurt ici, ton monde suivra. »
Julie regardait, horrifiée, ces visions apocalyptiques défiler devant ses yeux. C’étaient exactement les peurs qui l’avaient hantée dans son monde, les cauchemars qui la faisaient pleurer la nuit en pensant à l’avenir de la planète.
« Pourquoi me montres-tu cela? » demanda-t-elle, les larmes aux yeux. « Est-ce ton idée d’une épreuve de courage? Me terrifier avec mes pires peurs? »
Son double la regarda avec une expression indéchiffrable. « Le vrai courage n’est pas l’absence de peur, Julie. C’est d’agir malgré la peur. De regarder l’abîme en face et de choisir quand même l’espoir. »
Le double tendit la main vers l’arbre mort, et soudain, une petite pousse verte émergea de sa base, fragile et délicate, mais indéniablement vivante.
« Voici ton choix, Julie. Tu peux fuir ces visions, retourner dans ton monde et essayer d’oublier tout ce que tu as vu ici. Ou tu peux continuer, affronter tes peurs, et peut-être – seulement peut-être – changer le cours des choses. »
Julie regarda la petite pousse, si vulnérable au pied de l’arbre mort. Elle représentait un espoir infime face à une destruction presque certaine. Était-ce vraiment un choix? Abandonner et vivre dans la peur de cet avenir, ou lutter pour un espoir ténu?
Elle s’approcha de la pousse et s’agenouilla devant elle. Doucement, elle posa ses doigts sur les petites feuilles vertes. Une lueur émeraude émana de ses mains, enveloppant la plante qui, sous cette influence, commença à grandir, ses tiges s’allongeant, ses feuilles s’élargissant.
« Je choisis l’espoir, » dit-elle fermement, relevant les yeux vers son double. « Même si c’est difficile. Même si ça fait peur. Même si je ne sais pas si je réussirai. Je dois essayer. »
Un sourire apparut sur le visage de son double. « Tu as passé la première épreuve, Julie. Le courage n’est pas de ne jamais avoir peur. C’est de choisir l’action plutôt que la paralysie, l’espoir plutôt que l’abandon. »
La clairière désolée autour d’elles commença à s’estomper, comme un mauvais rêve au réveil. La pousse que Julie avait touchée continua de grandir, devenant un jeune arbre vibrant de vie, ses branches s’élevant vers le ciel, son feuillage d’un vert éclatant contrastant avec la désolation environnante.
« N’oublie jamais ce que tu as vu ici, » dit le double de Julie alors que le monde autour d’elles se dissolvait. « Car c’est à la fois ton plus grand défi et ta plus grande motivation. »
Julie se retrouva soudain de retour sur la pente menant au Berceau de la Vie, ses compagnons toujours figés dans leurs positions. Puis, comme si quelqu’un avait appuyé sur un bouton de lecture, ils s’animèrent à nouveau, continuant leur descente sans sembler avoir remarqué quoi que ce soit d’anormal.
« Julie? » Martin la regardait avec inquiétude. « Tu vas bien? Tu as l’air… secoué. »
« Je… j’ai passé la première épreuve, » dit-elle simplement, encore troublée par ce qu’elle avait vu.
Noko et Sylviane échangèrent un regard significatif. « L’épreuve du courage, » dit Noko. « Qu’as-tu vu? »
Julie hésita, ne sachant pas si elle devait partager les visions terrifiantes qui lui avaient été montrées. « J’ai vu… un futur possible. Un futur que je refuse de laisser se produire. »
Sylviane hocha la tête avec compréhension. « Les épreuves nous montrent ce que nous avons besoin de voir, pas nécessairement ce que nous voulons voir. »
Ils reprirent leur descente vers la clairière. Julie remarqua que la végétation autour d’eux réagissait étrangement à son passage – les fleurs semblaient se tourner vers elle, les feuilles frémissaient comme pour la saluer. C’était comme si les plantes reconnaissaient qu’elle avait passé une épreuve, qu’elle était d’une certaine façon… approuvée par la forêt elle-même.
Alors qu’ils approchaient du bord de la clairière, Martin s’arrêta brusquement, son regard fixé sur un point invisible devant lui. Son corps se raidit, et ses yeux prirent une expression distante.
« Martin? » appela Julie, inquiète. Mais il ne réagit pas, exactement comme ses compagnons ne l’avaient pas entendue pendant sa propre épreuve.
« C’est son tour, » dit doucement Sylviane. « L’épreuve de la sagesse. »
Julie observa son frère avec anxiété, souhaitant pouvoir l’aider d’une façon ou d’une autre. Mais elle savait que c’était quelque chose qu’il devait affronter seul, tout comme elle l’avait fait.
Pendant ce qui sembla être une éternité, Martin resta immobile, son visage passant par une gamme d’émotions – confusion, frustration, peur, et finalement, une sorte de résignation sereine. Puis, aussi soudainement qu’il s’était figé, il cligna des yeux et regarda autour de lui, comme s’il revenait d’un long voyage.
« Martin? » appela à nouveau Julie. Cette fois, il tourna la tête vers elle, un sourire fatigué mais authentique sur son visage.
« J’ai compris, » dit-il simplement. « J’ai compris pourquoi je suis ici, pourquoi tout cela m’arrive à moi aussi. »
Avant que Julie puisse lui demander des précisions, Noko fit un pas en avant, puis s’immobilisa à son tour, entrant dans sa propre épreuve. Quelques minutes plus tard, ce fut au tour de Sylviane, puis de Choupette.
Chacun revint de son épreuve changé d’une façon subtile mais perceptible. Noko semblait plus lumineux, comme si la lumière qu’il manipulait avait trouvé un moyen de briller à travers sa peau même. Sylviane se tenait plus droite, ses yeux reflétant une sagesse nouvelle et ancienne à la fois. Quant à Choupette, son pelage roux brillait d’un éclat presque surnaturel, et ses mouvements semblaient encore plus gracieux qu’auparavant, si c’était possible.
« Nous avons tous été jugés dignes de continuer, » annonça Sylviane après que Choupette soit revenue à elle. « La Source nous attend. »
Ils franchirent ensemble la limite invisible qui séparait la forêt de la clairière. Dès que Julie posa le pied sur l’herbe parfaite du Berceau de la Vie, elle sentit une différence. L’air ici semblait plus dense, plus chargé d’énergie. Chaque inspiration était comme boire à une source de vie pure.
Le bassin au centre de la clairière brillait maintenant d’une lumière intérieure, ses eaux cristallines pulsant doucement comme un cœur géant. Ils s’approchèrent lentement, avec révérence, sentant qu’ils entraient dans un lieu véritablement sacré.
« La Source Primordiale, » murmura Sylviane lorsqu’ils atteignirent le bord du bassin. « Le point d’origine de toute magie dans notre monde, le cœur battant de la Jungle Émeraude. »
Julie regarda dans les eaux transparentes. À première vue, le bassin semblait peu profond, son fond tapissé de pierres polies aux couleurs vives. Mais en regardant plus attentivement, elle eut l’impression que cette profondeur était trompeuse, que le bassin s’étendait en réalité vers des profondeurs insondables, comme un puits sans fin menant au cœur même du monde.
« Que devons-nous faire maintenant? » demanda-t-elle, sa voix à peine plus forte qu’un murmure.
Avant que quiconque puisse répondre, l’eau du bassin commença à bouillonner doucement, et une colonne de lumière liquide s’éleva en son centre. Cette colonne prit progressivement forme, se transformant en une silhouette féminine d’une beauté éthérée, faite entièrement d’eau lumineuse.
« Bienvenue, chercheurs, » dit la figure d’une voix qui ressemblait au murmure d’un ruisseau de montagne. « Je suis la Gardienne de la Source. »
Julie regarda cette apparition avec émerveillement. La Gardienne n’avait pas de traits distincts, son visage étant une surface lisse et brillante, mais d’une façon inexplicable, elle dégageait une bienveillance et une sagesse infinies.
« Grande Gardienne, » dit Sylviane en s’inclinant profondément. « Nous venons solliciter l’aide de la Source pour guérir un esprit forestier nommé Brumaléo, autrefois l’Esprit de la Vitalité Forestière, maintenant corrompu par le désespoir et la pollution. »
La Gardienne sembla étudier chacun d’eux tour à tour, son regard sans yeux s’attardant particulièrement sur Julie. « Vous avez passé les épreuves et prouvé votre valeur, » dit-elle finalement. « Mais la requête que vous formulez est importante, et comme pour toute chose à la Source Primordiale, un prix doit être payé. »
Un frisson parcourut Julie. Le moment qu’elle redoutait était arrivé. Quel serait le prix à payer pour sauver Brumaléo?
« Quel est ce prix? » demanda-t-elle, sa voix plus ferme qu’elle ne s’y attendait.
La Gardienne tendit une main liquide vers elle. « Tu es celle qui a établi le premier lien avec Brumaléo, jeune Verdoyante. C’est donc à toi qu’il revient de payer le prix. Mais avant de te le révéler, je dois te montrer exactement ce que tu demandes. »
L’eau du bassin changea, formant des images comme Julie l’avait vu dans l’Étang des Mémoires. Elle vit Brumaléo dans sa forme originelle, un esprit magnifique fait de lumière verte et de brume argentée, gardien bienveillant d’une forêt luxuriante. Puis elle vit sa transformation, sa corruption progressive par la pollution et le désespoir, jusqu’à devenir l’entité de brume noire aux yeux rouges qu’elle avait d’abord rencontrée.
« Brumaléo est lié à une forêt dans ton monde, » expliqua la Gardienne. « Une forêt qui a été presque entièrement détruite. Pour le guérir complètement, ce lien doit être restauré. La forêt doit renaître. »
« Mais comment? » demanda Julie. « Je ne suis qu’une enfant. Je ne peux pas replanter une forêt entière toute seule. »
« Non, pas seule, » acquiesça la Gardienne. « Mais la Source peut créer un miracle – un pont entre les mondes, une graine de renaissance qui, plantée dans les cendres de l’ancienne forêt, grandira à une vitesse surnaturelle, attirant à elle toutes les espèces qui y vivaient autrefois. »
L’espoir s’épanouit dans le cœur de Julie. C’était exactement ce dont ils avaient besoin! Une façon de restaurer non seulement Brumaléo, mais aussi la forêt qu’il avait perdue.
« Et quel est le prix pour ce miracle? » demanda-t-elle, prête à presque tout accepter pour une telle possibilité.
La Gardienne la regarda longuement avant de répondre. « Le prix, Julie, est ton retour dans ton monde. »
Un silence stupéfait suivit cette déclaration. Julie cligna des yeux, confuse. « Mon… retour? Mais c’est ce que je veux de toute façon, non? Rentrer chez moi avec Martin, retrouver ma maman… »
« Tu ne comprends pas, » dit doucement la Gardienne. « Le prix n’est pas simplement que tu rentres chez toi. C’est que tu ne pourras jamais revenir dans la Jungle Émeraude. »
Le cœur de Julie sembla s’arrêter un instant. Jamais revenir? Ne plus jamais voir Sylviane, ou Noko, ou Choupette dans sa forme magique? Ne plus jamais explorer cette jungle merveilleuse?
« La création d’un pont entre les mondes nécessite une ancre, » poursuivit la Gardienne. « Quelque chose qui appartient aux deux mondes à la fois. Ton pouvoir de Verdoyante, éveillé ici mais né de ton amour pour la nature dans ton propre monde, sera cette ancre. Mais pour que cela fonctionne, tu dois renoncer à jamais à revenir ici. Ton pouvoir sera entièrement consacré à maintenir le pont, à nourrir la nouvelle forêt de Brumaléo. »
Julie sentit des larmes monter à ses yeux. C’était un prix bien plus élevé qu’elle ne l’avait imaginé. Non pas un souvenir ou une capacité, mais la possibilité même de revenir dans ce lieu magique qui avait tant changé sa vie.
« Et si je refuse? » demanda-t-elle, sa voix tremblante.
« Alors tu pourras revenir ici quand tu le souhaiteras, » répondit la Gardienne. « Mais Brumaléo restera à jamais divisé, luttant éternellement entre lumière et ténèbres. Et la forêt dans ton monde ne renaîtra pas. »
Julie regarda ses compagnons, cherchant conseil ou réconfort. Martin semblait aussi troublé qu’elle, tiraillé entre le désir de l’aider à prendre la bonne décision et la peur de la voir souffrir. Noko et Sylviane avaient des expressions solennelles, comprenant pleinement la gravité du choix qui s’offrait à elle. Choupette s’était approchée et frottait doucement sa tête contre la jambe de Julie, dans un geste de soutien silencieux.
« Je… » Julie prit une profonde inspiration, essayant de mettre de l’ordre dans ses pensées. « Je dois réfléchir. »
La Gardienne inclina gracieusement sa tête lumineuse. « Bien sûr. Mais sache que le temps presse. Brumaléo continue de lutter contre sa part sombre, et plus tu attendras, plus il lui sera difficile de résister. »
Julie s’éloigna du bassin, se dirigeant vers le bord de la clairière où elle s’assit sur une souche d’arbre, perdue dans ses pensées. Les autres respectèrent son besoin d’espace, restant près du bassin mais gardant leurs distances.
Sauf Choupette, qui la suivit et sauta sur ses genoux, ses yeux verts plongés dans les siens. « C’est un choix difficile, » ronronna-t-elle doucement.
« Je ne sais pas quoi faire, Choupette, » admit Julie, caressant machinalement le pelage roux de son amie. « Je veux aider Brumaléo, je veux sauver la forêt… mais ne plus jamais revenir ici? Ne plus jamais te voir, ni Sylviane, ni Noko? »
« Tu nous verras d’une certaine façon, » dit Choupette. « Dans chaque plante que tu toucheras, dans chaque arbre qui grandira grâce au pont que tu auras créé. Nous serons toujours connectés, Julie. Différemment, mais réellement. »
Julie réfléchit à ces paroles. Elle repensa à tout ce qu’elle avait vécu depuis cette nuit où Brumaléo était apparu sous son lit – sa découverte de la Jungle Émeraude, son éveil en tant que Verdoyante, les amitiés qu’elle avait nouées, les dangers qu’elle avait affrontés…
Mais elle pensa aussi à ce qu’elle avait vu pendant l’épreuve du courage – ce futur désolé qui attendait les deux mondes si rien n’était fait. Pouvait-elle vraiment privilégier son désir de revenir dans la Jungle Émeraude au détriment de la guérison de Brumaléo et de la renaissance d’une forêt entière?
« J’ai pris ma décision, » dit-elle finalement, se levant avec Choupette dans ses bras.
Elle retourna vers le bassin où la Gardienne attendait patiemment, sa forme lumineuse ondulant doucement comme une flamme liquide.
« J’accepte le prix, » annonça Julie, sa voix ferme malgré les larmes qui menaçaient de couler. « Je renonce à revenir dans la Jungle Émeraude si cela permet de guérir Brumaléo et de faire renaître sa forêt. »
Un murmure d’admiration parcourut ses compagnons. Sylviane s’approcha d’elle et s’agenouilla pour être à sa hauteur, ses yeux brillants de fierté et de tristesse mêlées.
« Tu fais preuve d’un courage et d’une sagesse bien au-delà de ton âge, Julie, » dit-elle en prenant ses mains dans les siennes. « Ton sacrifice ne sera pas oublié. »
Martin s’approcha à son tour, son visage reflétant un mélange complexe d’émotions. « Tu es sûre, petite sœur? C’est un grand sacrifice. »
Julie hocha la tête, déterminée malgré sa tristesse. « Je suis sûre. C’est ce qui doit être fait. »
La Gardienne étendit ses bras, et l’eau du bassin commença à tourbillonner, formant un vortex lumineux. « Ton choix est fait, et la Source l’honore, » dit-elle. « Approche, Julie, et reçois le don de la Source Primordiale. »
Julie fit un pas en avant, puis hésita, se tournant une dernière fois vers ses amis. « Je… je ne vous oublierai jamais, » dit-elle, sa voix se brisant légèrement.
« Et nous non plus, » assura Noko, s’inclinant profondément devant elle. « Tu seras toujours une Verdoyante de la Jungle Émeraude, Julie, même si tu ne peux plus marcher parmi nous. »
Choupette frotta une dernière fois sa tête contre la jambe de Julie. « Nos chemins se séparent ici, petite Julie, mais nos cœurs resteront liés. »
Julie prit une profonde inspiration, essuya une larme qui avait réussi à s’échapper, et se tourna vers la Gardienne. Elle avança jusqu’au bord du bassin, puis, suivant une intuition profonde, entra dans l’eau.
Dès que ses pieds touchèrent la surface, elle se sentit soulevée, comme portée par des milliers de mains invisibles. L’eau tourbillonnante l’enveloppa, non pas comme un liquide ordinaire, mais comme une énergie vivante qui pénétrait chaque cellule de son corps.
La sensation était indescriptible – ni douloureuse ni agréable, mais intensément transformatrice. Julie sentit son pouvoir de Verdoyante s’éveiller pleinement, s’épanouir comme une fleur au printemps, s’étendant bien au-delà de ce qu’elle avait expérimenté jusqu’alors.
Visions après visions défilèrent devant ses yeux – des forêts luxuriantes, des animaux prospérant dans leurs habitats naturels, des rivières claires serpentant à travers des vallées verdoyantes, et partout, la vie, abondante, résiliente, magnifique.
Puis elle vit une petite clairière dans une forêt dévastée, les souches calcinées des arbres comme des monuments à ce qui avait été perdu. Et au centre de cette clairière, une minuscule pousse verte émergeant du sol noirci, grandissant à une vitesse surnaturelle, ses branches s’étendant, attirant la pluie, les oiseaux, les insectes, toute la biodiversité qui avait autrefois habité ces lieux.
La vision s’élargit, montrant cette renaissance se propageant comme une onde, s’étendant bien au-delà de la forêt originelle, créant un corridor de vie qui reliait d’autres habitats, restaurant des connexions écologiques depuis longtemps rompues.
Et à travers tout cela, comme un fil d’or dans une tapisserie complexe, Julie vit son influence, son pouvoir ancré dans cette renaissance, nourrissant la vie même lorsqu’elle retournerait dans son monde, continuerait sa vie, grandirait…
Lentement, la vision s’estompa, et Julie se retrouva debout au centre du bassin, l’eau tourbillonnante maintenant calme autour de ses chevilles. Dans ses mains, elle tenait une graine – une graine d’un vert si profond qu’elle semblait presque noire, pulsant d’une énergie contenue qui lui rappelait un cœur battant.
« La Graine Primordiale, » dit la Gardienne, sa forme lumineuse maintenant juste devant Julie. « Plantée dans les cendres de la forêt perdue de Brumaléo, elle créera un pont entre les mondes et amorcera la renaissance. Ton pouvoir, ancré dans cette graine, nourrira sa croissance même lorsque tu seras loin. »
Julie serra précieusement la graine contre son cœur, sentant sa chaleur pulsante résonner avec son propre battement cardiaque.
Un mouvement à la lisière de la clairière attira son attention. Une forme brumeuse émergeait des arbres – Brumaléo. Il avançait lentement, son apparence fluctuant entre la brume verte lumineuse et des volutes de fumée noire. Il semblait affaibli, comme s’il avait lutté intensément depuis leur dernière rencontre.
« Tu es venu, » dit Julie, un sourire éclairant son visage malgré ses larmes.
« J’ai senti… quelque chose, » répondit Brumaléo, sa voix alternant entre le crépitement sombre et le doux bruissement des feuilles. « Un appel que je ne pouvais ignorer. »
Il s’approcha du bassin, s’arrêtant à son bord. Ses yeux, parfois verts, parfois rouges, se fixèrent sur la graine que Julie tenait. « Qu’est-ce que c’est? »
« Ton salut, » répondit simplement Julie. « Et celui de ta forêt. »
La Gardienne fit un geste, et l’eau du bassin forma un chemin pour permettre à Julie de rejoindre la rive sans se mouiller. Elle avança vers Brumaléo, tenant toujours la graine contre son cœur.
« Cette graine, plantée dans les restes de ta forêt dans mon monde, créera un nouveau commencement, » expliqua-t-elle. « Ma magie de Verdoyante l’ancrera entre nos mondes, lui permettant de grandir et de prospérer à une vitesse extraordinaire. »
Brumaléo ondula, comme agité par des émotions contradictoires. « Tu ferais cela… pour moi? Après tout ce que j’ai fait? »
« Ce n’est pas seulement pour toi, » répondit doucement Julie. « C’est pour la forêt, pour tous les êtres qui y vivaient, pour l’équilibre entre nos mondes. Et aussi… pour moi. Pour ne plus avoir à craindre un avenir sans espoir. »
Brumaléo s’approcha d’elle, ses yeux fixés sur les siens. Pendant un long moment, le vert l’emporta sur le rouge, et sa forme devint presque entièrement lumineuse. « Il y a un prix, n’est-ce pas? » demanda-t-il finalement. « La Source Primordiale exige toujours un équilibre. »
Julie hocha la tête, ne faisant pas confiance à sa voix pour répondre sans se briser.
« Elle ne pourra plus jamais revenir dans la Jungle Émeraude, » expliqua Sylviane à sa place. « Son pouvoir sera entièrement consacré à maintenir le pont entre les mondes, à nourrir la nouvelle forêt. »
Brumaléo sembla stupéfait par cette révélation. « Tu abandonnes… tout ceci? Pour une forêt que tu n’as jamais vue, pour un esprit qui a tenté de te nuire? »
« Pour un avenir meilleur, » corrigea doucement Julie. « Pour les deux mondes. »
La brume noire qui persistait encore dans la forme de Brumaléo commença à se dissiper, comme chassée par une brise invisible. Ses yeux devinrent d’un vert éclatant, et sa silhouette entière brilla d’une lumière argentée et verte, retrouvant enfin sa forme originelle d’Esprit de la Vitalité Forestière.
« Ton sacrifice… ton espoir… » murmura-t-il, sa voix maintenant entièrement celle du bruissement apaisant des feuilles. « Ils me rappellent qui j’étais, qui je suis censé être. »
Il tendit une main brumeuse vers la graine que Julie tenait. Au contact, la graine pulsa plus vivement, comme répondant à sa présence.
« Je te promets, Julie, » dit Brumaléo avec une solennité qui résonna dans toute la clairière, « que ton sacrifice ne sera pas vain. Je veillerai sur cette nouvelle forêt avec tout l’amour et toute la dévotion dont je suis capable. Je serai à nouveau un gardien, pas un destructeur. »
La Gardienne de la Source s’avança, sa forme liquide scintillant dans la lumière dorée qui baignait maintenant la clairière. « Il est temps, » annonça-t-elle. « Le pont entre les mondes doit être établi, et vous devez retourner dans votre propre réalité. »
Julie se tourna vers ses amis une dernière fois. Noko s’inclina profondément, son bâton lumineux brillant d’un éclat particulièrement vif, comme en hommage. Sylviane s’approcha et l’enlaça tendrement, lui murmurant à l’oreille : « Tu as changé notre monde, Julie. Et maintenant, tu vas changer le tien. »
Choupette bondit sur son épaule une dernière fois, frottant sa tête contre sa joue. « Courage, petite Julie. Nos âmes se reconnaîtront toujours, même à travers les mondes. »
Enfin, Martin vint se placer à côté d’elle, sa main trouvant la sienne et la serrant fermement. « Je suis fier de toi, petite sœur, » dit-il simplement.
La Gardienne leva ses bras, et l’eau du bassin s’éleva en une colonne tourbillonnante qui s’étendit jusqu’à former une arche liquide et lumineuse. À travers cette arche, Julie pouvait voir sa chambre, exactement comme elle l’avait laissée la nuit où Brumaléo était apparu.
« Le portail est ouvert, » dit la Gardienne. « Passez maintenant, avec la Graine Primordiale. Et souvenez-vous – bien que vous ne puissiez plus revenir physiquement, une part de vous restera toujours liée à la Jungle Émeraude. »
Julie prit une dernière inspiration profonde, imprégnant ses poumons de l’air magique des Terres Sacrées. Puis, tenant fermement la graine d’une main et la main de Martin de l’autre, elle s’avança vers le portail.
« Au revoir, » murmura-t-elle, jetant un dernier regard à ce monde merveilleux et à ceux qui y avaient changé sa vie. « Et merci. Pour tout. »
Puis elle franchit l’arche lumineuse, entraînant Martin avec elle. Il y eut une sensation de chute, de tournoiement, un kaléidoscope de couleurs et de sensations, puis… le calme.
Julie ouvrit les yeux et se retrouva dans sa chambre, assise sur son lit exactement comme elle l’était cette nuit-là. Martin était à côté d’elle, clignant des yeux comme s’il s’éveillait d’un rêve particulièrement vivide.
La Graine Primordiale reposait entre ses mains, sa lueur verte doucement pulsante dans la pénombre de la chambre. Et sur le rebord de la fenêtre, la petite plante que Brumaléo avait presque tuée semblait plus vigoureuse que jamais, ses feuilles d’un vert éclatant tendues vers la lune visible à travers la vitre.
« Nous sommes revenus, » murmura Martin, regardant autour de lui comme s’il voyait sa chambre pour la première fois. « C’est comme si nous n’étions jamais partis. »
Julie se leva et s’approcha de la fenêtre, contemplant le jardin endormi de leur maison. Quelque part au loin, bien au-delà de ce qu’elle pouvait voir, se trouvaient les restes calcinés d’une forêt qui attendait de renaître. Et dans sa main, le miracle qui rendrait cette renaissance possible.
« Nous avons beaucoup à faire, » dit-elle, serrant la graine contre son cœur. « Un nouveau voyage commence. »
Martin hocha la tête, son visage reflétant une détermination nouvelle. « Et cette fois, je serai à tes côtés dès le début. Plus de jeux vidéo quand le monde a besoin d’être sauvé. »
Un miaulement doux attira leur attention. Sur le lit, lové sur l’oreiller de Julie, se trouvait un petit chaton roux – Choupette, revenue à sa forme ordinaire de chat domestique. Mais ses yeux, fixés sur Julie, semblaient contenir une étincelle de reconnaissance, un écho de la créature magique qu’elle avait été dans la Jungle Émeraude.
Julie sourit, sentant pour la première fois depuis longtemps un espoir véritable et solide s’épanouir en elle. Elle avait perdu la possibilité de retourner dans un monde magique, mais elle avait gagné quelque chose de bien plus précieux – la capacité de créer de la magie dans son propre monde.
Et alors que la nuit cédait lentement la place à l’aube, Julie savait avec une certitude absolue que ses aventures étaient loin d’être terminées. Elles ne faisaient, en réalité, que commencer.
Dans sa main, la Graine Primordiale pulsa doucement, comme pour approuver cette pensée. Et quelque part, dans un monde parallèle baigné de magie verte, un esprit forestier guéri veillait, attendant le moment où un nouveau lien entre les mondes serait forgé – un lien d’espoir, de guérison, et de vie renouvelée.
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