• Enfant-héros : Charlye
  • Âge : 12 ans
  • Personnalité : timide, énergique, créatif, sensible, malin, impatient, spontané, sociable, joyeux
  • Passions : Faire des bracelets, jouer à la Barbie, lire des livres
  • Autres personnages : Son petit ami (Nicolas).
  • Thème : Émotions
  • Problématique : Premiers changements pubertaires
  • Détails : Charlye commence à avoir ses règles et s’est retrouvée une fois devant Nicolas, son amoureux secret, avec une tache sur le pantalon. Elle se sent mal depuis et n’ose plus lui parler ou aller le voir.
  • Style d’histoire : Histoire de Cœur
  • Identifiant de l’histoire : 141
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Le royaume de Dame Carmina s’effondrait dans un chaos de couleurs et de sons assourdissants. Les miroirs brisés tourbillonnaient dans les airs comme des tornades de verre, et le sol se fissurait sous les pieds de Charlye. Dame Carmina, maintenant gigantesque et terrifiante, dominait le paysage en ruine.

« Si je ne peux pas t’avoir, personne ne t’aura ! » hurlait-elle, ses cheveux rouges fouettant l’air comme des flammes. « Tu resteras ici, prisonnière de tes propres peurs ! »

Mais Charlye n’était plus la petite fille terrifiée d’il y a quelques jours. Elle se tenait droite, ses bracelets brillant de mille feux – celui de Dame Carmina qu’elle ne pouvait toujours pas enlever, celui de courage qu’elle avait tissé, et celui arc-en-ciel de Madame Laurent.

« Vous savez quoi, Dame Carmina ? » dit-elle d’une voix claire qui porta malgré le vacarme. « Vous avez raison sur une chose. Vous faites partie de moi. Et je ne veux plus vous rejeter. »

Dame Carmina s’arrêta net, surprise. « Quoi ? »

« Vous représentez mes changements, ma féminité naissante, ma fierté d’être une femme. Tout ça, c’est beau et important. » Charlye s’approcha, ignorant les débris qui pleuvaient autour d’elle. « Mais vous représentez aussi ma peur d’être jugée, ma honte, mon besoin de contrôler ce que les autres pensent de moi. Et ça aussi, c’est humain. »

Dame Carmina rapetissa légèrement, déstabilisée. « Tu… tu ne me rejettes pas ? »

« Non. Mais je ne vous laisserai plus me contrôler non plus. » Charlye tendit la main vers Dame Carmina. « Voulez-vous danser avec moi ? »

« Danser ? » Dame Carmina cligna des yeux, confuse.

« Ma grand-mère m’a dit un jour que grandir, c’est comme apprendre une danse compliquée. Parfois on marche sur les pieds de son partenaire, parfois on trébuche, mais à la fin, on trouve son rythme. »

Charlye commença à bouger, pas vraiment une danse, plutôt un mouvement fluide qui exprimait tout ce qu’elle ressentait. La joie de découvrir son corps qui changeait, la peur de l’inconnu, l’excitation de grandir, la nostalgie de l’enfance, l’amour naissant pour Nicolas, l’amitié précieuse avec Madame Laurent.

Peu à peu, Dame Carmina se joignit à elle. Sa robe rouge ondula en harmonie avec les mouvements de Charlye, et ses cheveux cessèrent de fouetter l’air pour danser gracieusement.

« Je… je ne savais pas qu’on pouvait être fière ET discrète, » murmura Dame Carmina. « Forte ET vulnérable. Femme ET encore un peu enfant. »

« Moi non plus, je ne le savais pas avant, » admit Charlye. « Mais c’est ça, grandir. Accepter toutes nos contradictions. »

Autour d’elles, le royaume cessait de s’effondrer. Les couleurs se stabilisaient en nuances douces et harmonieuses. Les autres filles, libérées de l’emprise de Dame Carmina, souriaient et applaudissaient leur danse.

Soudain, la bulle de lumière de Madame Laurent s’agrandit, et Nicolas en sortit, tenant son bracelet d’amitié maladroitement tissé mais fait avec amour.

« Charlye ! » Il courut vers elle, puis s’arrêta en voyant Dame Carmina. Mais au lieu de la peur, son visage exprimait la curiosité. « C’est elle, n’est-ce pas ? Celle qui te faisait peur ? »

Dame Carmina regarda Nicolas avec méfiance. « Tu n’as pas peur de moi, petit garçon ? »

« Pourquoi j’aurais peur ? » Nicolas haussa les épaules. « Vous faites partie de Charlye. Et j’aime Charlye comme elle est. Toute entière. »

Pour la première fois depuis le début de cette aventure, Dame Carmina sourit – un vrai sourire, doux et maternel. « Tu sais quoi, Nicolas ? Tu me plais. »

Madame Laurent apparut à côté d’eux, rayonnante. « Alors, Charlye ? Comment te sens-tu ? »

Charlye regarda autour d’elle. Le royaume de Dame Carmina était devenu un jardin magnifique, où toutes les couleurs coexistaient en harmonie. Dame Carmina elle-même avait changé – toujours élégante et imposante, mais plus douce, plus nuancée.

« Je me sens… complète, » dit Charlye. « Comme si toutes les parties de moi-même s’étaient réconciliées. »

Dame Carmina s’approcha d’elle. « Charlye, ma chérie, j’ai quelque chose pour toi. » Elle toucha le bracelet rouge au poignet de Charlye, et il se transforma. Il était toujours rouge, mais maintenant entrelacé de fils dorés et argentés. « Ce bracelet ne te contrôlera plus. Il te rappellera simplement que tes changements sont beaux et naturels. »

« Et il s’enlève ? » demanda Charlye avec espoir.

Dame Carmina rit. « Il s’enlève quand tu n’en as plus besoin. Mais quelque chose me dit que tu voudras le garder. »

Effectivement, Charlye n’avait plus envie de l’enlever. Il faisait partie d’elle maintenant.

« Il est temps de rentrer, » dit Madame Laurent. « Mais d’abord… » Elle sortit de sa poche trois nouveaux bracelets. « Pour Léa, Camille et Sarah. Elles aussi ont besoin d’apprendre à danser avec leurs propres Dame Carmina. »

En un clin d’œil, ils se retrouvèrent tous dans l’atelier de Madame Laurent. Les trois filles étaient là, l’air confus et un peu honteux.

« On… on ne sait pas ce qui nous a pris, » balbutia Léa. « On n’est pas comme ça d’habitude. »

« Je sais, » dit Charlye avec compassion. « Moi aussi, j’ai eu peur de grandir. Moi aussi, j’ai eu honte. »

Elle leur tendit les bracelets de Madame Laurent. « Ça vous dit d’apprendre à tisser ? J’ai découvert que c’est magique. Littéralement. »

Les semaines qui suivirent furent transformatrices. L’atelier de Madame Laurent devint un refuge pour toutes les filles de l’école qui vivaient des changements difficiles. Charlye devint une sorte de grande sœur pour les plus jeunes, leur apprenant que grandir n’était pas quelque chose à craindre ou à cacher, mais à célébrer avec sagesse.

Nicolas, de son côté, devint un allié précieux. Il aida à créer un club mixte où garçons et filles pouvaient parler ouvertement de leurs questions sur l’adolescence, brisant les tabous et les malentendus.

Et Dame Carmina ? Elle apparaissait encore parfois dans les miroirs, mais maintenant c’était pour encourager Charlye ou lui rappeler d’être fière de qui elle devenait. Leurs danses occasionnelles étaient devenues un rituel apaisant, un moment de connexion avec sa féminité grandissante.

Un matin, quelques mois plus tard, Charlye se réveilla et réalisa qu’elle pouvait enfin enlever le bracelet rouge. Elle le tint dans sa main, le regardant briller doucement.

« Tu n’en as plus besoin ? » demanda Dame Carmina depuis le miroir de sa chambre.

« Si, mais différemment, » répondit Charlye. « Maintenant, je choisis de le porter. »

Elle remit le bracelet à son poignet, à côté de tous les autres qu’elle avait tissés – bracelets de courage, d’amitié, de créativité, d’amour de soi. Chacun racontait une partie de son histoire, de sa croissance.

En descendant prendre son petit-déjeuner, elle croisa son reflet dans le miroir du couloir. Elle se sourit à elle-même, et Dame Carmina lui fit un clin d’œil complice.

« Prête pour une nouvelle journée, jeune tisseuse ? » demanda Dame Carmina.

« Prête, » répondit Charlye. Et pour la première fois depuis longtemps, elle l’était vraiment.

Car elle avait appris la plus importante des magies : celle d’être pleinement soi-même, dans toute sa complexité et sa beauté changeante. Et cette magie-là, personne ne pourrait jamais la lui enlever.

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L’aventure continue !

In Mamie Aurore's art studio, an elegant shadow figure with a blue crystal crown looms. A dark-skinned boy with curly black hair and adventurous smile stands nearby. Title 'Emilie' and subtitle 'My Story Show' in vibrant frost palette. Cel-shaded magical silhouettes.

Identifiant de l’histoire : 141