Le lendemain après les cours, Charlye retrouva Madame Laurent dans une petite salle qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant. Les murs étaient couverts de métiers à tisser miniatures et de bobines de fils aux couleurs impossibles – certains semblaient contenir de la lumière d’étoile, d’autres des reflets de lune.
« Bienvenue dans mon atelier secret, » dit Madame Laurent en souriant. « Ici, nous allons apprendre à créer de vrais bracelets magiques. »
Charlye s’installa à une petite table où étaient disposés des fils de différentes couleurs. « Comment est-ce que vous avez appris tout ça ? »
« Quand j’avais ton âge, j’ai moi aussi rencontré Dame Carmina. Mais à l’époque, il n’y avait personne pour m’aider. J’ai dû apprendre seule à apprivoiser ses humeurs. » Madame Laurent prit un fil doré. « C’est pour ça que je suis devenue infirmière dans une école. Pour aider les jeunes filles comme toi. »
Elle montra à Charlye comment commencer le tressage. « Le premier nœud représente l’acceptation de soi. Le deuxième, la confiance. Le troisième… »
Mais soudain, le bracelet rouge de Dame Carmina se mit à chauffer. La voix familière résonna dans la pièce : « Charlye, ma chérie, tu perds ton temps avec ces babioles. Viens plutôt avec moi ! »
Dame Carmina apparut dans le miroir de l’atelier, plus imposante que jamais. Sa robe rouge tourbillonnait, et ses yeux brillaient d’un éclat hypnotique.
« Sortons et montrons à tous comme tu es devenue une femme ! Organisons une grande cérémonie ! Que Nicolas et tous les autres sachent ! »
Charlye sentit une étrange attraction vers le miroir. Dame Carmina était si belle, si confiante… Peut-être avait-elle raison ? Peut-être devrait-elle être fière ?
« Charlye, non ! » Madame Laurent la retint par le bras. « Concentre-toi sur ton bracelet ! »
Mais c’était trop tard. Charlye se leva et s’approcha du miroir. Dame Carmina lui tendit la main à travers la surface argentée.
« Viens, ma chérie. Ensemble, nous allons transformer cette école ! »
Charlye tendit la main vers le miroir, mais au moment où ses doigts touchèrent la surface, quelque chose d’inattendu se produisit. Nicolas apparut dans l’embrasure de la porte.
« Charlye ? Madame Laurent m’a dit que tu étais là… » Il s’arrêta, voyant la scène étrange. « Qu’est-ce qui se passe ? »
Dame Carmina poussa un cri de rage. « Un garçon ! Ici ! Parfait ! Dis-lui tout, Charlye ! Dis-lui pourquoi tu l’évites ! »
Le bracelet rouge projeta une lumière aveuglante. Soudain, Nicolas put voir Dame Carmina dans le miroir. Ses yeux s’écarquillèrent de surprise, mais il ne s’enfuit pas.
« Charlye, » dit-il doucement, « je ne sais pas ce qui se passe, mais tu as l’air terrifiée. »
Dame Carmina rit. « Terrifiée ? Elle devrait être fière ! Dis-lui, Charlye ! Dis-lui que tu as eu tes règles ! Que tu as eu honte devant lui ! »
Le silence tomba dans la pièce. Charlye se figea, mortifiée. Nicolas cligna des yeux, puis son expression se radoucit.
« C’est… c’est tout ? » dit-il. « Charlye, ma sœur aînée m’a expliqué ces choses. C’est normal. Pourquoi tu aurais honte ? »
Dame Carmina sembla déstabilisée. « Quoi ? Mais… mais tous les garçons sont censés être dégoûtés ! Gênés ! »
« Pas moi, » dit Nicolas fermement. Il s’approcha de Charlye. « Je me suis inquiété pour toi. Je pensais que j’avais fait quelque chose de mal. »
Madame Laurent profita de la confusion de Dame Carmina pour agir. Elle lança son bracelet arc-en-ciel vers le miroir, et des fils de lumière emprisonnèrent temporairement Dame Carmina.
« Vite, Charlye ! Termine ton bracelet ! »
Avec des mains tremblantes, Charlye noua les derniers fils de son bracelet de courage. Au moment où elle le termina, une douce lumière dorée l’enveloppa.
Dame Carmina se débattit dans ses liens de lumière. « Ce n’est pas fini ! Je reviendrai plus forte ! Et la prochaine fois, petite tisseuse, tes bracelets ne suffiront pas ! »
Elle disparut dans un tourbillon rouge, laissant le miroir redevenir normal.
Nicolas regarda autour de lui, encore sous le choc. « Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer ce qui vient de se passer ? »
Charlye et Madame Laurent échangèrent un regard. Il était temps de dire la vérité à Nicolas.
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 141
