L’infirmerie de Madame Laurent ne ressemblait à aucune autre que Charlye avait vue. Des centaines de bracelets colorés pendaient aux murs comme des guirlandes magiques, chacun semblant raconter une histoire différente. L’air sentait la lavande et quelque chose de plus mystérieux – peut-être la magie elle-même.
« Assieds-toi, ma chérie. » Madame Laurent lui désigna un fauteuil confortable près de la fenêtre. « Et raconte-moi ce qui s’est passé. »
Charlye hésita, puis tout sortit d’un coup : l’incident avec Nicolas, sa honte, le bracelet mystérieux, Dame Carmina. Madame Laurent l’écouta en hochant la tête, ses doigts agiles tressant machinalement un nouveau bracelet.
« Dame Carmina n’est pas vraiment méchante, tu sais, » dit-elle doucement. « Elle représente quelque chose de naturel et de beau. Mais elle a tendance à… dramatiser les choses. Elle croit que tous les changements doivent être célébrés de façon spectaculaire. »
« Mais je ne veux pas que tout le monde sache ! » protesta Charlye. « C’est embarrassant ! »
« Et c’est normal de ressentir cela. » Madame Laurent lui tendit le bracelet arc-en-ciel qu’elle venait de terminer. « Moi aussi, j’ai vécu cela. Toutes les femmes l’ont vécu. Le secret, c’est d’apprendre à travailler avec Dame Carmina, pas contre elle. »
Charlye examina le bracelet. Il était magnifique, avec des fils qui semblaient changer de couleur selon l’angle. « Comment ça marche ? »
« Chaque couleur représente quelque chose. » Madame Laurent pointa les différents fils. « Le rouge pour accepter tes changements, le bleu pour la sérénité, le vert pour la croissance, le jaune pour la confiance… Quand tu le portes et que tu te concentres sur ces qualités, il peut t’aider à résister à l’influence de Dame Carmina. »
Charlye glissa le bracelet à son poignet libre. Immédiatement, elle se sentit plus calme, plus centrée. Le bracelet rouge de Dame Carmina cessa de pulser.
« Maintenant, » continua Madame Laurent, « parlons de Nicolas. Tu l’aimes bien, n’est-ce pas ? »
Charlye rougit. « Comment vous… ? »
« J’ai l’œil pour ces choses-là. Et je pense qu’il s’inquiète pour toi. Il est venu me demander si tu allais bien après ton départ précipité. »
« Vraiment ? » Le cœur de Charlye fit un bond.
« Vraiment. Tu sais, les garçons de votre âge sont souvent plus compréhensifs qu’on ne le pense. Mais Dame Carmina veut te faire croire le contraire. Elle veut que tu aies honte, que tu te caches. »
Madame Laurent se leva et alla chercher une boîte sur son bureau. « J’ai quelque chose d’autre pour toi. » Elle en sortit un petit livre relié de cuir. « C’est un journal. Écrire tes pensées et tes sentiments peut t’aider à mieux comprendre ce que tu vis. Et regarde… »
Elle ouvrit le livre. Les pages étaient vierges, mais quand Charlye les toucha, des mots dorés apparurent : « Bienvenue, Charlye. Raconte-moi tes secrets. »
« Il est magique ? » demanda Charlye, émerveillée.
« Disons qu’il a ses propres façons de t’aider. Parfois, il te donnera des conseils. Parfois, il te montrera que d’autres ont vécu les mêmes choses que toi. »
Soudain, la voix de Dame Carmina résonna faiblement : « Une tisseuse… Je me doutais bien que tu finirais par chercher de l’aide auprès d’elle. Mais tu ne pourras pas m’éviter éternellement, Charlye ! »
Madame Laurent fronça les sourcils. « Elle devient plus forte. Nous devons accélérer ton apprentissage. » Elle prit les mains de Charlye. « Es-tu prête à apprendre les secrets des tisseuses ? À découvrir que tu as en toi le pouvoir de créer ta propre magie ? »
Charlye regarda ses bracelets – celui de Dame Carmina qui pulsait faiblement, et celui de Madame Laurent qui brillait doucement. Pour la première fois depuis des jours, elle se sentait moins seule.
« Oui, » dit-elle fermement. « Je suis prête. »
Madame Laurent sourit. « Alors commençons par le plus important : apprendre à tisser un bracelet de courage. Car tu en auras besoin pour affronter ce qui t’attend. »
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 141
