Le soleil se couchait sur le Village des Schtroumpfs, peignant le ciel de nuances dorées et roses. Les maisons-champignons avaient retrouvé leurs couleurs vives, et une douce brise faisait danser les feuilles des arbres. L’air embaumait de nouveau la myrtille et le pain frais, chassant les derniers vestiges de la corruption temporelle d’Impatraccus.
Alexandre était assis sur un tronc d’arbre moussu au centre de la place du village, entouré de tous les Schtroumpfs qu’il avait aidés à libérer. Ses cheveux blonds brillaient dans la lumière dorée du couchant, et son t-shirt blanc était un peu froissé après toutes ces aventures, mais son sourire était plus radieux que jamais.
Le Grand Schtroumpf s’approcha de lui, sa longue barbe blanche flottant majestueusement. Ses yeux pétillaient de sagesse et de gratitude.
« Alexandre, » dit-il d’une voix solennelle, « au nom de tout notre village, je te remercie. Tu as non seulement sauvé notre monde, mais tu as aussi sauvé un homme perdu dans sa propre douleur. »
« Je n’ai fait que ce qui me semblait juste, » répondit Alexandre modestement. « Et puis, j’ai appris autant que j’ai aidé. »
Le Schtroumpf à lunettes se hissa à côté de lui sur le tronc, ajustant ses lunettes rondes avec un sourire fier. « Raconte-nous, Alexandre. Qu’est-ce que cette aventure t’a appris ? »
Alexandre réfléchit un moment, regardant les Schtroumpfs qui l’entouraient. Le Schtroumpf Gourmand préparait tranquillement un gâteau, prenant son temps pour bien mélanger les ingrédients. Le Schtroumpf Costaud construisait une nouvelle étagère, posant chaque planche avec soin. Même le Schtroumpf Grognon semblait plus serein qu’à l’habitude.
« J’ai appris que l’impatience n’est pas forcément un défaut, » commença Alexandre. « C’est une énergie. Et comme toutes les énergies, on peut choisir comment l’utiliser. »
Il se leva et commença à faire les cent pas, son enthousiasme grandissant. « Avant, quand j’étais impatient, je me mettais en colère, je boudais, ou je faisais n’importe quoi pour que ça aille plus vite. Mais maintenant, je sais que je peux transformer cette énergie en quelque chose de positif. »
« Comment ça ? » demanda le Schtroumpf Farceur, curieux.
« Eh bien, » expliqua Alexandre, « si je suis impatient d’avoir les résultats d’un contrôle, au lieu de stresser, je peux utiliser cette énergie pour mieux me préparer au prochain. Si j’ai hâte qu’un ami arrive, au lieu de m’énerver, je peux préparer quelque chose de sympa pour quand il sera là. »
Le Schtroumpf à lunettes hocha la tête approbativement. « Et qu’as-tu appris d’autre ? »
« J’ai appris qu’il y a une différence entre l’urgence réelle et l’anxiété, » continua Alexandre. « Avec Impatraccus, c’était vraiment urgent d’agir. Mais souvent, dans la vraie vie, ce que je prends pour de l’urgence, c’est juste de l’impatience ou de la peur d’attendre. »
Il s’arrêta et regarda le Schtroumpf Gourmand qui léchait sa cuillère en bois avec délice. « Et j’ai appris que certaines choses ne peuvent pas être accélérées. Un gâteau a besoin de temps pour cuire, une plante a besoin de temps pour pousser, et… une amitié a besoin de temps pour grandir. »
« Très sage, » approuva le Grand Schtroumpf. « Mais dis-moi, comment vas-tu appliquer ces leçons dans ton monde ? »
Alexandre sourit. « Eh bien, la prochaine fois que je lirai une BD, au lieu de vouloir connaître la fin tout de suite, je vais savourer chaque page. Et quand j’aurai envie que quelque chose arrive plus vite, je me demanderai d’abord : ‘Est-ce que c’est vraiment urgent, ou est-ce que c’est juste mon impatience ?’ »
Soudain, la Schtroumpfette arriva en courant, tenant dans ses mains un petit objet brillant. « Regardez ce que j’ai trouvé dans les débris de la montre d’Impatraccus ! »
Elle tendit à Alexandre un petit pendentif en forme de sablier. Le sable à l’intérieur était moitié doré, moitié argenté, et il s’écoulait très lentement d’un compartiment à l’autre.
« C’est un Sablier de l’Équilibre, » expliqua le Schtroumpf à lunettes en examinant l’objet. « Il t’aidera à te souvenir des leçons que tu as apprises. Quand tu le regarderas, tu te rappelleras qu’il y a un temps pour agir et un temps pour attendre. »
Alexandre passa le pendentif autour de son cou. Immédiatement, il sentit une douce chaleur se répandre dans sa poitrine, comme un rappel constant de tout ce qu’il avait vécu.
« Merci, » dit-il, ému. « Merci à tous. Cette aventure a changé ma vie. »
Le Grand Schtroumpf leva son bâton magique. « Il est temps pour toi de rentrer chez toi, Alexandre. Mais sache que tu seras toujours le bienvenu parmi nous. »
« Attendez ! » s’écria Alexandre. « Et Impatraccus ? Et sa sœur ? Qu’est-ce qui va leur arriver ? »
Le Schtroumpf à lunettes sourit mystérieusement. « Regarde. »
Il pointa son doigt vers le ciel qui s’assombrissait. Parmi les premières étoiles, Alexandre distingua deux nouvelles constellations qui brillaient doucement : l’une en forme d’horloge, l’autre en forme de cœur.
« Ils sont devenus les nouveaux Gardiens du Temps Équilibré, » expliqua le Grand Schtroumpf. « Impatraccus aide maintenant ceux qui souffrent d’impatience à transformer leur énergie en force positive. Et sa sœur Luna aide ceux qui ont peur d’attendre à trouver la paix dans la patience. »
« Ensemble, ils maintiennent l’équilibre entre l’action et l’attente, » ajouta le Schtroumpf à lunettes. « Et tout ça grâce à toi, Alexandre. Tu as montré à Impatraccus qu’il pouvait utiliser son impatience pour aider les autres au lieu de les contrôler. »
Alexandre sentit son cœur se gonfler de fierté et de joie. Il avait non seulement sauvé le village, mais il avait aussi aidé quelqu’un à guérir de sa douleur.
Le Grand Schtroumpf commença à réciter une formule magique. Une spirale de lumière dorée apparut autour d’Alexandre, semblable à celle qui l’avait amené dans ce monde.
« Au revoir, Alexandre ! » crièrent tous les Schtroumpfs en chœur. « N’oublie jamais : la patience et l’impatience peuvent être amies ! »
« Au revoir ! » répondit Alexandre en agitant la main. « Merci pour tout ! »
La spirale l’enveloppa complètement, et il sentit de nouveau cette sensation de légèreté. Le village des Schtroumpfs s’estompa peu à peu, remplacé par un tourbillon de couleurs familières.
Quand Alexandre rouvrit les yeux, il était de retour dans la bibliothèque. La pluie avait cessé, et les rayons du soleil couchant filtraient à travers les fenêtres. Le livre des Schtroumpfs était ouvert sur ses genoux, mais les pages ne bougeaient plus.
Il regarda autour de lui. Tout semblait normal, comme si rien ne s’était passé. Mais quand il baissa les yeux, il vit le Sablier de l’Équilibre qui brillait doucement autour de son cou.
« C’était donc réel, » murmura-t-il avec émerveillement.
Soudain, sa mère l’appela depuis la cuisine : « Alexandre ! Le dîner sera prêt dans vingt minutes ! »
Autrefois, Alexandre aurait gémi d’impatience. Mais cette fois, il sourit. Vingt minutes, c’était parfait. Cela lui donnait le temps de finir de lire son livre tranquillement, en savourant chaque page.
Il tourna la page de sa BD des Schtroumpfs et découvrit quelque chose d’extraordinaire : une nouvelle histoire qu’il n’avait jamais vue auparavant, intitulée « Le Jour Où Alexandre Sauva Le Village ». Sur la première case, il se reconnut, debout à côté du Schtroumpf à lunettes, tous deux souriant.
Au bas de la page, une petite note était écrite à la main : « Pour Alexandre, le plus patient des impatients. Avec toute notre amitié. – Les Schtroumpfs. »
Alexandre ferma le livre et le serra contre son cœur. Il avait appris la plus belle des leçons : on n’a pas besoin de changer qui on est, on a juste besoin d’apprendre à transformer ses défauts en forces.
Dehors, les premières étoiles commençaient à apparaître. Parmi elles, Alexandre crut distinguer deux petites lumières qui clignotaient amicalement, comme pour lui dire bonsoir.
Il toucha son pendentif et sourit. Demain serait une nouvelle journée, avec de nouveaux défis et de nouvelles occasions de mettre en pratique ce qu’il avait appris. Et il était prêt.
Car Alexandre avait découvert le plus grand secret de tous : la vraie magie n’était pas de changer le temps, mais d’apprendre à danser avec lui.
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 87
