La Grotte des Échos était un sanctuaire naturel aux parois tapissées de cristaux luminescents. Des stalactites et stalagmites formaient des colonnes majestueuses, créant une cathédrale souterraine baignée d’une douce lumière bleutée. L’eau de la cascade qui masquait l’entrée ruisselait en arrière-plan, créant une mélodie apaisante. L’air était frais et pur, chargé d’une énergie mystique ancestrale.
Alexandre s’assit sur un rocher lisse, encore secoué par sa confrontation avec Impatraccus. Le Schtroumpf à lunettes grimpa sur un cristal à sa hauteur, ses petites chaussures blanches trouvant facilement prise sur la surface rugueuse.
« Comment as-tu su que cette chanson marcherait ? » demanda Alexandre, curieux malgré sa fatigue.
« Dans mes recherches sur les anciens sortilèges, j’ai découvert que la musique et la patience sont intimement liées, » expliqua le Schtroumpf à lunettes en nettoyant soigneusement ses lunettes. « La mélodie ralentit le rythme cardiaque et calme l’esprit. C’est l’antidote parfait contre la magie d’Impatraccus. »
« Mais pourquoi moi ? » Alexandre fronça les sourcils. « Pourquoi m’as-tu fait venir ici ? Je ne suis qu’un enfant, et en plus, je suis super impatient ! »
Le Schtroumpf à lunettes sourit mystérieusement. « Justement. Qui mieux qu’une personne impatiente peut comprendre l’impatience ? »
Il se dirigea vers le fond de la grotte et appuya sur une pierre particulière. Un pan de mur coulissa, révélant une alcôve secrète. À l’intérieur, des dizaines de livres anciens étaient soigneusement rangés, leurs couvertures ornées de symboles mystiques brillants.
« Voici la Bibliothèque Secrète des Schtroumpfs, » annonça-t-il fièrement. « Ici se trouvent tous les savoirs sur la magie du temps et de la patience. »
Il en sortit un volume particulièrement épais, relié de cuir bleu nuit et orné d’une horloge dorée sur la couverture. « Le Livre des Temps Perdus. Il raconte l’histoire complète d’Impatraccus. »
Alexandre s’approcha, intrigué. Le Schtroumpf à lunettes ouvrit le livre, et les pages se mirent à briller, projetant des images holographiques dans l’air.
« Il y a cent ans, » commença le Schtroumpf à lunettes, « Impatraccus était le plus respecté des Gardiens du Temps. Son travail consistait à maintenir l’équilibre entre les saisons, les jours et les nuits. »
Les images montraient un homme aux cheveux noirs, vêtu d’une robe blanche immaculée, qui manipulait avec grâce de gigantesques horloges magiques dans un palais céleste.
« Mais Impatraccus voulait toujours en faire plus, plus vite, » continua le récit. « Il pensait que s’il pouvait accélérer le temps, il pourrait accomplir davantage de bonnes actions, aider plus de gens. »
Les images changèrent, montrant Impatraccus devenant de plus en plus frénétique, ses mouvements s’accélérant, sa robe blanche se ternissant progressivement.
« Un jour, il commit l’irréparable. Il tenta d’accélérer le Grand Horloge Universelle. »
L’image suivante était dramatique : Impatraccus tirait sur les aiguilles d’une horloge cosmique gigantesque, mais celle-ci explosa dans un flash aveuglant.
« L’explosion le transforma, » murmura le Schtroumpf à lunettes. « Ses cheveux devinrent argentés, sa barbe prit la forme d’un éclair, et il fut maudit : condamné à ne jamais pouvoir terminer quoi que ce soit. Plus il essaie d’aller vite, plus les choses lui échappent. »
Alexandre observait, fasciné. « C’est pour ça qu’il veut le Cristal de la Patience ? »
« Exactement. Le Cristal de la Patience est l’opposé de sa malédiction. Il pense qu’en l’absorbant, il pourra enfin briser son sort. Mais en réalité, il ne ferait qu’empirer les choses. »
« Comment ça ? »
« Le cristal ne supprime pas l’impatience, Alexandre. Il enseigne à vivre avec elle, à la transformer en énergie positive. Si Impatraccus l’absorbe de force, il détruira cet équilibre et plongera notre monde dans un chaos temporel permanent. »
Alexandre réfléchit à ces paroles. Soudain, il se souvint de quelque chose. « Attends… l’autre jour, quand j’étais vraiment en colère parce que mon jeu vidéo ramait, j’ai pris une grande inspiration et j’ai compté jusqu’à dix. Ça m’a calmé, et finalement, j’ai réussi le niveau ! »
Le Schtroumpf à lunettes applaudit. « Voilà ! Tu as utilisé la patience sans t’en rendre compte ! C’est exactement ce genre de moment qui peut nous aider. »
Il referma le livre et se tourna vers Alexandre avec détermination. « Nous devons récupérer le Cristal de la Patience avant qu’Impatraccus ne l’absorbe complètement. Mais pour cela, nous aurons besoin d’aide. »
« Quel genre d’aide ? »
« Les trois Gardiens des Émotions. Ils vivent dans les Montagnes du Temps Suspendu. Si nous arrivons à les convaincre de nous aider, nous aurons peut-être une chance. »
Alexandre sentit son impatience habituelle remonter. « Combien de temps pour y aller ? »
« Trois jours de marche, » répondit calmement le Schtroumpf à lunettes.
« TROIS JOURS ? » explosa Alexandre. « Mais le village va être complètement transformé d’ici là ! »
« C’est possible, » admit le Schtroumpf à lunettes. « Mais se précipiter sans préparation serait encore pire. Parfois, prendre son temps permet d’aller plus vite au final. »
Alexandre allait protester quand un grondement sourd ébranla la grotte. Des pierres tombèrent du plafond.
« Il nous a trouvés ! » s’écria le Schtroumpf à lunettes en rangeant précipitamment les livres.
La voix d’Impatraccus résonna depuis l’extérieur : « Sortez de là ! Vous ne pouvez pas vous cacher éternellement ! Le temps presse, et ma patience a des limites ! »
« Par ici ! » chuchota le Schtroumpf à lunettes en désignant un tunnel secret au fond de la grotte.
Alors qu’ils s’engouffraient dans le passage, Alexandre réalisa quelque chose d’important : pour la première fois depuis le début de cette aventure, il n’avait pas envie de foncer tête baissée. Il commençait à comprendre que la vraie force résidait peut-être dans la réflexion.
— ⭐ —
L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 87
