La forêt des Murmures s’étendait devant eux comme un labyrinthe vert émeraude. Les arbres centenaires formaient une voûte naturelle, leurs branches entrelacées filtrant la lumière en rayons dorés. L’air embaumait la mousse humide et les champignons sauvages. Au loin, on entendait le doux clapotis d’un ruisseau et le chant mélodieux des oiseaux-fées.
Alexandre déposa délicatement le Schtroumpf à lunettes sur un tronc d’arbre moussu. Son cœur battait encore la chamade après leur fuite précipitée du village. Ses cheveux blonds étaient ébouriffés et quelques feuilles s’y étaient accrochées pendant leur course.
« Bon, maintenant explique-moi tout ! » dit Alexandre en tapotant impatiemment du pied. « Qui est ce sorcier ? Pourquoi a-t-il volé ce cristal ? Et comment on va le récupérer ? Vite ! ».
Le Schtroumpf à lunettes ajusta ses lunettes rondes d’un geste pensif. Sa peau bleue brillait légèrement sous les rayons de soleil qui perçaient la canopée. Il portait son habituel bonnet blanc et son pantalon assorti, mais son expression était plus grave que dans les bandes dessinées qu’Alexandre connaissait.
« Patience, Alexandre, » dit-il calmement. « L’histoire d’Impatraccus est longue et complexe. Il était autrefois le Gardien du Temps dans le Royaume des Mystères Enchantés. Mais son impatience l’a perdu… »
« Oui, oui, mais comment on le bat ? » l’interrompit Alexandre en sautillant sur place. « On y va maintenant ? On a une arme magique ? Un sort spécial ? »
Le Schtroumpf à lunettes secoua la tête avec un petit sourire triste. « Tu vois, Alexandre ? Tu es exactement comme lui. Tu veux tout, tout de suite. »
Avant qu’Alexandre ne puisse répondre, un sifflement sinistre fendit l’air. Une boule de lumière violette jaillit d’entre les arbres et explosa juste à côté d’eux. L’herbe se flétrit instantanément, devenant grise et cassante.
« Je vous ai trouvés ! » ricana Impatraccus en émergant d’un nuage de fumée violette. Le sorcier était encore plus impressionnant de près. Sa robe était parsemée d’horloges brisées qui tintaient discordamment. Sa barbe en forme d’éclair rouge vif crépitait d’énergie, et ses cheveux argentés se dressaient comme s’ils étaient électrifiés. Ses yeux verts émeraude fixaient Alexandre avec une intensité dérangeante.
« Toi, petit humain, » dit-il en pointant un doigt orné de bagues vers Alexandre, « tu as quelque chose que je veux. Cette impatience qui bouillonne en toi… elle m’appartient ! »
Il leva sa montre à gousset dorée. L’objet émit une lueur hypnotique, et Alexandre sentit quelque chose d’étrange l’envahir. Son impatience habituelle se décupla soudainement. Il avait envie de courir, de crier, de tout casser.
« Donne-moi ton énergie ! » ordonna Impatraccus. « Rejoins mes Schtroumpfs esclaves ! Ensemble, nous accélérerons le monde entier ! »
Alexandre fit un pas vers le sorcier, ses yeux commençant à briller de la même lueur violette. Mais soudain, une mélodie douce et apaisante emplit la forêt. Le Schtroumpf à lunettes chantait une chanson ancienne en schtroumpf, une berceuse que sa grand-mère lui avait apprise.
« La-la-la schtroumpf, prends ton temps, la-la-la schtroumpf, chaque moment… »
La mélodie brisa le sortilège. Alexandre cligna des yeux, retrouvant sa lucidité. Mais Impatraccus gronda de colère.
« Impossible ! Personne ne peut résister à la Montre de l’Impatience Éternelle ! » Il leva les bras, invoquant une tempête de rayons violets.
Le Schtroumpf à lunettes saisit une poignée de poudre dorée dans sa poche et la lança en l’air en criant : « Schtroumpf de téléportation ! »
Un nuage doré les enveloppa. Quand il se dissipa, ils avaient disparu, laissant Impatraccus seul et furieux au milieu de la clairière dévastée.
« Vous ne m’échapperez pas longtemps ! » hurla-t-il. « J’aurai ce cristal, et avec lui, je transformerai ce monde en un tourbillon d’impatience perpétuelle ! »
Alexandre et le Schtroumpf à lunettes réapparurent dans une grotte secrète, cachée derrière une cascade cristalline. Alexandre tremblait encore, réalisant à quel point il avait été proche de tomber sous l’emprise du sorcier.
« J’ai… j’ai failli… » murmura-t-il.
« Oui, » dit doucement le Schtroumpf à lunettes. « L’impatience peut être notre plus grande faiblesse. Mais aussi notre force, si nous apprenons à la maîtriser. »
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 87
