• Enfant-héros : Fabien
  • Âge : 14 ans
  • Personnalité : énergique, malin, impatient, autonome, turbulent, têtu
  • Passions : Jouer aux jeux vidéos comme CS Go, League of Legend ou GTA
  • Autres personnages : Sa mère (Marine) et son animal (Billy).
  • Thème : Numérique
  • Problématique : Découverte des jeux vidéo et limites
  • Détails : Fabien passe trop de temps sur les jeux vidéos et ne sort plus de sa chambre. Ses notes à l’école baissent car il ne fait plus ses devoirs le soir, il préfère aller jouer sur l’ordinateur. Je ne peux rien faire car il est seul dès qu’il rentre de l’école, étant donné que je travaille jusqu’à 20h.
  • Style d’histoire : Enquête
  • Identifiant de l’histoire : 152
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La semaine qui suivit fut un équilibre délicat pour Fabien. Les phases 5 et 6 du tournoi s’avérèrent encore plus exigeantes, non seulement en termes de compétences de jeu, mais aussi par leur capacité à envahir chaque aspect de sa vie.

L’application envoyait maintenant des notifications à des moments stratégiques : juste avant qu’il ne commence ses devoirs, pendant les repas familiaux, ou même en pleine nuit. Comme Julia l’avait prédit, le logiciel apprenait ses habitudes pour maximiser les perturbations.

Mais Fabien tenait bon, s’accrochant à sa routine de pauses régulières et de limites de temps. Le plus difficile était de voir l’état de Lucas et des autres « absorbables » se détériorer. Certains ne venaient plus en cours. D’autres étaient présents physiquement mais absents mentalement, leurs conversations uniquement centrées sur le tournoi.

Un mardi après-midi, alors que Fabien sortait du collège, une voiture s’arrêta près de lui. La vitre s’abaissa, révélant Julia au volant.

« Monte, » dit-elle simplement. « On a du nouveau. »

Fabien hésita une seconde avant d’ouvrir la portière. « Je ne savais pas que tu avais le permis. »

« Je l’ai eu le mois dernier, » répondit-elle en démarrant. « Mes parents m’ont prêté leur voiture pour l’occasion. C’est important. »

Elle conduisit jusqu’à un petit café à quelques rues du centre-ville. À l’intérieur, Victor et Amina les attendaient, ainsi qu’un homme d’une trentaine d’années que Fabien ne connaissait pas.

« Fabien, voici Marc, » présenta Julia. « Il était programmeur chez GameSphere il y a trois ans. Il a travaillé avec P.X. Leroy. »

L’homme tendit une main que Fabien serra avec curiosité. Marc avait l’air fatigué, des cernes marqués sous ses yeux vifs, mais son sourire était chaleureux.

« Julia m’a parlé de toi, » dit-il. « Le joueur qui performe mieux avec des pauses. Tu as découvert intuitivement ce que nous avions essayé de prouver scientifiquement. »

Ils s’installèrent autour d’une table à l’écart. Marc sortit un ordinateur portable usé et l’ouvrit.

« Voilà ce que vous devez savoir sur Pierre-Xavier, ou ‘Maître Pixel’ comme il se fait appeler maintenant. C’était un génie, vraiment. Il voyait des motifs que personne d’autre ne voyait. Mais il était… obsédé par l’immersion. Il voulait créer des jeux où la frontière entre virtuel et réel s’effacerait complètement. »

Marc fit défiler des photos montrant un homme élancé au visage pâle, concentré sur des écrans multiples. Fabien reconnut immédiatement les traits que Maître Pixel s’était donnés dans le peu d’apparitions visuelles qu’il faisait dans le tournoi.

« Le projet sur lequel nous travaillions, ‘Immersion Totale’, était révolutionnaire, » continua Marc. « Il utilisait des algorithmes d’apprentissage pour adapter le jeu aux émotions du joueur en temps réel. Le problème, c’est que P.X. a poussé le concept trop loin. Il a commencé à incorporer des éléments de conditionnement behavioriste. »

« En français, ça veut dire quoi ? » demanda Fabien, perdu dans le jargon.

« Ça veut dire qu’il a transformé le jeu en outil de manipulation, » expliqua Amina. « Récompenses variables, punitions subtiles, isolation progressive… des techniques utilisées pour créer une dépendance. »

Marc hocha la tête. « Exactement. Quand la direction a découvert ce qu’il faisait, ils ont arrêté le projet et l’ont licencié. P.X. était furieux. Il disait que nous étions trop limités dans notre vision, que le futur du gaming était l’immersion totale, que la réalité était surestimée. »

« Et maintenant il revient avec ce tournoi, » murmura Julia. « Mais pourquoi cibler spécifiquement des adolescents ? »

« Cerveaux plus malléables, » répondit Marc. « Plus réceptifs aux stimuli de récompense. Et moins susceptibles d’être méfiants face à des termes de service douteux. »

Il fit glisser son ordinateur vers Fabien, montrant un schéma complexe. « Voici ce que nous pensons qu’il prépare pour la phase finale. Les qualifications ne sont qu’un moyen de sélectionner et conditionner les participants. La vraie expérience aura lieu pendant les trois jours du tournoi final. »

Fabien examina le diagramme, comprenant juste assez pour sentir un frisson d’inquiétude. « C’est une sorte de… réalité virtuelle avancée ? »

« Plus que ça, » dit Marc, son visage grave. « C’est ce que P.X. appelait ‘l’ancrage neural’. Une immersion si profonde que le cerveau commence à confondre les stimuli virtuels et réels. Dans nos tests préliminaires, certains sujets développaient une déconnexion de la réalité qui persistait même après avoir quitté le jeu. »

Un silence pesant s’abattit sur le groupe. Fabien pensa à Lucas, à son regard vide, à son désintérêt croissant pour tout ce qui n’était pas le tournoi.

« Comment on l’arrête ? » demanda-t-il finalement.

Marc échangea un regard avec Julia. « C’est là que tu entres en jeu, Fabien. Nous pensons que P.X. a incorporé une faiblesse dans son système. Une sorte d’interrupteur d’urgence, au cas où les choses iraient trop loin. Mais pour y accéder, il faut être dans la phase finale. »

« Vous voulez que je continue le tournoi ? » s’étonna Fabien. « Mais vous venez de dire que c’est dangereux. »

« C’est risqué, » admit Julia. « Mais tu as déjà prouvé que tu pouvais résister à ses techniques de manipulation. Et tu as quelque chose que les autres joueurs n’ont pas. »

« Ma Vision Stratégique ? » demanda Fabien, se rappelant comment il avait toujours eu cette capacité à voir des motifs et des solutions dans les jeux.

« Pas seulement, » dit Marc. « Tu as une connexion avec le monde réel que tu maintiens activement. Tes pauses, tes limites, tes relations… ce sont tes ancres dans la réalité. Et c’est exactement ce que le système de P.X. essaie d’éroder. »

Fabien réfléchit un moment. « Je ne peux pas le faire seul. »

« Tu ne seras pas seul, » assura Julia. « On forme une équipe. Les Connectés. »

« Les Connectés ? » répéta Fabien, amusé malgré la gravité de la situation.

« C’est Amina qui a trouvé le nom, » dit Victor en souriant. « L’idée, c’est qu’on reste connectés – à la réalité, les uns aux autres, à nos valeurs. C’est notre force contre la déconnexion que Pixel essaie de provoquer. »

Marc referma son ordinateur. « Voilà le plan. Fabien, tu continues le tournoi, mais avec notre soutien. On surveillera tes signes vitaux, ton activité cérébrale pendant que tu joues. On développe un logiciel qui pourra détecter et contrer les techniques de manipulation de P.X. »

« Et on recrute d’autres joueurs, » ajouta Julia. « Des ‘résistants’ comme toi. Plus on sera nombreux dans la phase finale, plus on aura de chances de trouver l’interrupteur d’urgence. »

Fabien hocha lentement la tête, digérant toutes ces informations. « Et Lucas ? On peut l’aider ? »

Les visages autour de la table s’assombrirent. « On va essayer, » dit doucement Amina. « Mais les ‘absorbables’ sont déjà profondément conditionnés. La meilleure façon de les aider est d’arrêter P.X. avant la phase finale. »

En rentrant chez lui ce soir-là, Fabien se sentait à la fois effrayé et déterminé. Il avait une équipe maintenant, un but qui dépassait la simple compétition. Ce n’était plus seulement à propos de jeux vidéo, mais de liberté – la liberté de choisir quand jouer et quand s’arrêter.

Billy l’accueillit avec son enthousiasme habituel, et pour la première fois depuis des jours, Fabien se laissa tomber sur le sol pour une longue séance de câlins avec le bulldog.

« On a du pain sur la planche, Billy, » murmura-t-il en caressant les oreilles du chien. « Mais on n’est pas seuls. »

Les jours suivants virent la naissance officielle des Connectés. Julia avait réquisitionné le club d’informatique comme quartier général, et pendant que Fabien progressait dans les phases 7 et 8 du tournoi, l’équipe analysait chaque aspect du logiciel.

Marc avait développé un programme de surveillance qui s’exécutait en arrière-plan pendant que Fabien jouait, collectant des données sur les techniques de manipulation utilisées. Victor et Amina travaillaient sur un « bouclier mental », un logiciel qui interrompait subtilement les patterns addictifs sans alerter le système principal.

Plus important encore, ils avaient commencé à recruter d’autres « résistants ». Pas beaucoup – la plupart des participants étaient déjà trop conditionnés – mais quelques-uns montraient des signes de résistance similaires à ceux de Fabien.

Un vendredi après-midi, alors que la phase 9 – l’avant-dernière avant la finale – était sur le point de commencer, l’équipe se réunit dans le garage des parents de Julia, transformé en laboratoire improvisé.

« Ok, Fabien, » dit Julia en ajustant un casque équipé de capteurs sur sa tête. « Cette phase est cruciale. Nos sources indiquent que P.X. va intensifier ses techniques de manipulation. Il sait que certains joueurs résistent, et il va essayer de vous briser. »

« Comment tu te sens ? » demanda Amina, vérifiant les capteurs qui mesuraient son rythme cardiaque et sa respiration.

Fabien prit une profonde inspiration. « Prêt. J’ai bien dormi, bien mangé, et fait mes devoirs à l’avance. »

Victor lui tendit une feuille plastifiée. « Voici ton protocole de sécurité. Pauses obligatoires toutes les 30 minutes. Exercices de recentrage. Et le code d’urgence si tu sens que tu perds prise avec la réalité. »

Marc, qui supervisait l’opération via un appel vidéo, ajouta : « N’oublie pas, Fabien. Ta force est dans l’équilibre. Ne laisse pas le jeu définir qui tu es. »

Fabien hocha la tête, puis lança la phase 9. Immédiatement, il fut frappé par l’intensité de l’expérience. Le jeu avait évolué, devenant plus immersif, plus personnel. Il reconnut des éléments de ses jeux préférés, habilement combinés pour maximiser son engagement.

Les heures qui suivirent furent une bataille constante. Chaque fois que son attention commençait à faiblir, que l’immersion devenait trop profonde, une alarme subtile du bouclier mental le rappelait à l’ordre. Pendant ses pauses, l’équipe analysait les données, ajustant leur stratégie.

« Il utilise une modulation sonore à basse fréquence, » observa Victor pendant une pause. « Ça influence subtilement ton état émotionnel. »

« Et les couleurs changent en fonction de tes réactions pupillaires, » ajouta Amina. « C’est fascinant et terrifiant à la fois. »

Quatre heures plus tard, épuisé mais lucide, Fabien termina la phase 9. « Qualification réussie, » annonça l’écran. « Performance : 95%. Tu es parmi les finalistes, Fabien. Le Tournoi Ultime commence dans exactement 10 jours. Prépare-toi à l’expérience de ta vie. »

Le message fut suivi d’informations détaillées sur la phase finale : un événement de trois jours dans un lieu encore non divulgué, où les finalistes seraient isolés pour une immersion complète.

« On y est, » murmura Julia en lisant par-dessus son épaule. « La phase finale. »

Fabien retira le casque de capteurs, se frottant les yeux de fatigue. « Dix jours pour nous préparer. »

« Dix jours pour sauver Lucas et les autres, » corrigea doucement Amina.

Le groupe resta silencieux un moment, mesurant l’ampleur du défi qui les attendait. Puis Victor leva son poing au centre de leur cercle.

« Les Connectés, » dit-il simplement.

Un par un, ils joignirent leurs poings au sien.

« Les Connectés, » répétèrent-ils en chœur.

En rentrant chez lui ce soir-là, Fabien trouva sa mère dans la cuisine, préparant le dîner. Pour la première fois depuis des semaines, il réalisa qu’il rentrait à une heure raisonnable, pas à la limite du couvre-feu.

« Tu es tôt, » remarqua Marine avec un sourire surpris. « Projet de groupe terminé ? »

Fabien hocha la tête, acceptant l’excuse qu’il avait lui-même fournie pour expliquer ses après-midis avec les Connectés. « On a bien avancé. »

Il s’approcha et, dans un geste qui les surprit tous les deux, enlaça sa mère. Marine se figea un instant avant de lui rendre son étreinte.

« Tout va bien, mon grand ? » demanda-t-elle doucement.

Fabien hocha la tête contre son épaule. « Oui. Je voulais juste… te dire que je t’aime. »

Billy, sentant l’émotion du moment, vint se frotter contre leurs jambes, émettant un petit gémissement heureux.

Cette nuit-là, en caressant Billy endormi au pied de son lit, Fabien réfléchit à tout ce qui avait changé depuis l’invitation de Maître Pixel. Il avait commencé ce tournoi seul, isolé dans sa chambre. Maintenant, il était au centre d’une équipe, connecté non seulement à d’autres joueurs, mais aussi plus profondément à sa propre vie réelle.

L’ironie ne lui échappait pas : en essayant de l’isoler, Maître Pixel avait involontairement renforcé ses connexions. Et c’était peut-être là, réalisa Fabien en dérivant vers le sommeil, la véritable faiblesse dans le système de P.X.

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L’aventure continue !

In Mamie Aurore's art studio, an elegant shadow figure with a blue crystal crown looms. A dark-skinned boy with curly black hair and adventurous smile stands nearby. Title 'Emilie' and subtitle 'My Story Show' in vibrant frost palette. Cel-shaded magical silhouettes.

Identifiant de l’histoire : 152