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Le message de L’Éclat Virtuel hantait Héléna. Toute la journée suivante, elle se sentit distraite, tiraillée entre curiosité et appréhension. Le bracelet rouge de M. Kim semblait plus chaud contre sa peau, comme s’il réagissait à son trouble intérieur.

En cours, Estelle remarqua sa préoccupation. « Ça va ? » chuchota-t-elle pendant que leur professeur de mathématiques expliquait une équation complexe. « Tu as l’air ailleurs. »

« Juste un peu fatiguée », mentit Héléna. Comment expliquer qu’une entité surnaturelle la menaçait par SMS ?

À la pause déjeuner, les quatre amis se retrouvèrent pour discuter de leur performance. Min-ho avait apporté des croquis de costumes mêlant éléments traditionnels coréens et style contemporain.

« Mon grand-père connaît une couturière qui pourrait nous les faire à prix raisonnable », expliqua-t-il en montrant les dessins colorés.

Estelle parcourait frénétiquement son iPad. « J’ai trouvé des accessoires qu’on pourrait commander en ligne pour compléter les tenues. Et regardez ces effets visuels qu’on pourrait projeter en arrière-plan ! »

Delphine sautillait d’excitation. « On va être incroyables ! Vous imaginez si on gagne ? »

Héléna observait ses amis avec un mélange de tendresse et de culpabilité. Ils travaillaient si dur, avec tant d’enthousiasme… Et elle envisageait de retourner vers L’Éclat Virtuel, de choisir la facilité plutôt que l’authenticité qu’ils construisaient ensemble.

« Héléna ? » La voix de Min-ho la ramena à la réalité. « Tu as réfléchi à ta chanson ? »

« Un peu », répondit-elle en touchant distraitement le carnet de Mme Laurent dans son sac. « J’ai quelques idées, mais rien de définitif. »

« Ne t’inquiète pas », la rassura-t-il avec un sourire. « L’inspiration vient quand on ne la force pas. »

L’après-midi fut consacrée à une nouvelle répétition dans l’auditorium. Ils commençaient à trouver leur rythme collectif, les mouvements s’enchaînant avec plus de fluidité. Même Estelle, initialement réticente à abandonner sa chorégraphie K-pop parfaitement copiée, semblait apprécier cette création plus personnelle.

« C’est étrange », confia-t-elle pendant une pause, « mais j’ai l’impression que cette danse me ressemble plus que toutes celles que j’ai apprises en copiant des vidéos. »

Delphine acquiesça vigoureusement. « C’est comme si on racontait notre propre histoire ! »

Héléna sentit une pointe de jalousie. Ses amies découvraient cette joie de la création authentique sans avoir eu à lutter contre une influence surnaturelle. Pour elles, le choix semblait simple et naturel.

Après la répétition, Min-ho proposa qu’ils passent tous chez lui pour rencontrer la couturière et prendre leurs mesures. Héléna hésita, se souvenant du rendez-vous fixé par L’Éclat Virtuel.

« Je… je ne peux pas aujourd’hui », dit-elle avec réticence. « Mes parents m’attendent pour… un dîner de famille. »

Le mensonge lui laissa un goût amer dans la bouche. Min-ho l’observa avec une expression indéchiffrable, comme s’il percevait la vérité derrière ses paroles.

« D’accord », dit-il simplement. « On te montrera les tissus demain. »

Sur le chemin du parc, Héléna sentit le bracelet rouge se resserrer légèrement autour de son poignet, comme pour la dissuader. Elle faillit faire demi-tour plusieurs fois, mais une curiosité mêlée d’appréhension la poussait en avant.

Le parc était presque désert en cette fin d’après-midi. Quelques enfants jouaient encore sous la surveillance de leurs parents, mais le banc habituel d’Héléna, à l’écart sous un grand saule, était libre. Elle s’y assit, le cœur battant.

Presque immédiatement, l’air devant elle commença à miroiter. L’Éclat Virtuel apparut, plus grand et plus lumineux que jamais, sa surface changeante reflétant le visage d’Héléna mais avec des traits plus affirmés, plus confiants.

« Tu es venue », constata l’entité d’une voix mélodieuse. « Malgré cette… barrière. » Un rayon de lumière pointa vers le bracelet rouge.

« Qu’est-ce que tu me veux ? » demanda Héléna, s’efforçant de paraître plus brave qu’elle ne l’était réellement.

« Ce que je t’ai toujours voulu, Héléna. Ta réussite. Ton bonheur. Ta connexion avec ce monde moderne qui t’est refusé. » L’Éclat Virtuel s’approcha, sa surface chatoyante hypnotique. « Mais j’ai l’impression que tu t’éloignes de notre accord. »

« Je découvre d’autres façons d’être connectée », répondit Héléna, répétant les mots qu’elle avait prononcés quelques jours plus tôt. « Des façons qui ne me coûtent pas… mes souvenirs. »

L’Éclat Virtuel vibra légèrement, comme irrité. « Ces souvenirs étaient insignifiants. De petits moments sans importance. En échange, je t’ai donné des compétences parfaites, une maîtrise instantanée. »

« Mais ce n’était pas moi », insista Héléna. « C’était comme… porter un costume. »

« Et ce nouveau ‘toi’ que tu découvres ? » L’entité changea de forme, imitant la silhouette de Min-ho, puis celle de M. Kim, avant de reprendre son apparence habituelle. « N’est-ce pas aussi un costume, fabriqué par d’autres ? Par ces gens qui te poussent à rejeter le progrès, la modernité ? »

La question ébranla Héléna. Y avait-il une part de vérité dans ces paroles ? Suivait-elle simplement une nouvelle influence extérieure ?

« Le concours approche », continua L’Éclat Virtuel, sentant son hésitation. « Tu veux impressionner le public, n’est-ce pas ? Montrer à tes parents que tu n’as pas besoin qu’ils te restreignent ? Prouver ta valeur ? »

Chaque mot touchait une corde sensible. Oui, Héléna voulait briller. Oui, elle voulait que ses parents voient qu’elle pouvait être responsable, talentueuse, digne de confiance avec la technologie qu’ils lui refusaient.

« Je peux t’offrir une performance parfaite », promit L’Éclat Virtuel. « Une voix qui fera pleurer l’audience, des mouvements qui défieront la gravité. Tu seras plus qu’humaine – tu seras virale. »

L’entité projeta une image : Héléna sur scène, rayonnante, sa performance filmée par des dizaines de téléphones, partagée, likée, commentée. Son nom devenant un hashtag tendance. Et, plus tentant encore, une notification sur un écran : « BTS a mentionné votre vidéo ! »

« Comment… » balbutia Héléna, hypnotisée par cette vision.

« J’ai des connexions partout », murmura L’Éclat Virtuel. « Je suis le réseau même. Je peux faire en sorte que ta performance atteigne les yeux et les oreilles qui comptent. »

L’offre était vertigineuse. Être remarquée par ses idoles, devenir plus que la fille sans iPad, celle qui est toujours un pas en arrière…

« Quel serait le prix ? » demanda-t-elle, sa voix à peine audible.

« Pas grand-chose », répondit l’entité avec douceur. « Juste un peu plus de toi. Quelques souvenirs supplémentaires, quelques moments que tu n’auras plus besoin de vivre puisque tu auras tout ce dont tu as toujours rêvé. »

Héléna baissa les yeux vers le bracelet rouge. Il semblait avoir perdu de son éclat, comme assombri par sa tentation.

« Je… je dois y réfléchir », murmura-t-elle.

« Bien sûr. » L’Éclat Virtuel recula légèrement. « Mais n’attends pas trop. Le concours est dans cinq jours. Et n’oublie pas : tes amis comptent sur toi. Veux-tu vraiment les décevoir avec une performance… ordinaire ? »

Sur ces mots, l’entité disparut, laissant Héléna seule avec ses doutes. Le soleil se couchait, teintant le ciel de nuances orangées qui lui rappelaient la chaleur des lanternes dans le jardin des Kim.

Sur le chemin du retour, elle passa devant un magasin d’électronique. Dans la vitrine, des tablettes dernier cri étaient exposées, leurs écrans diffusant des images vibrantes de concerts, de jeux, de réseaux sociaux. Un monde auquel elle n’avait pas pleinement accès.

Son téléphone vibra. Un message de sa mère lui demandant où elle était. Héléna réalisa qu’elle avait complètement oublié de prévenir ses parents qu’elle rentrerait tard.

En arrivant chez elle, elle trouva sa mère dans la cuisine, préparant le dîner avec une expression préoccupée.

« Héléna ! J’étais inquiète. Tu ne réponds pas toujours à mes messages ces derniers temps. »

« Désolée, maman. J’étais… occupée avec les répétitions. »

Sa mère l’observa attentivement. « Tu sembles différente ces jours-ci. Plus distante. Est-ce que tout va bien ? »

Héléna hésita. Une part d’elle voulait tout raconter – L’Éclat Virtuel, le pacte, les souvenirs perdus. Mais comment expliquer quelque chose d’aussi étrange, d’aussi surnaturel ?

« C’est juste… » Elle chercha ses mots. « Je me sens parfois en décalage avec mes amies. Elles ont toutes des iPads, des smartphones. Elles peuvent regarder leurs vidéos de K-pop quand elles veulent, suivre leurs idoles en temps réel… »

Sa mère s’essuya les mains sur un torchon et s’approcha d’elle. « Je sais que c’est difficile pour toi, ma chérie. Ton père et moi ne voulons pas te punir ou te priver. Nous essayons juste de te protéger. »

« Me protéger de quoi ? » demanda Héléna, une pointe de frustration dans la voix. « Tout le monde a ces choses. Pourquoi pas moi ? »

Sa mère sembla peser ses mots avant de répondre. « Tu te souviens de tante Sophie ? »

Héléna acquiesça. Sa tante, la sœur cadette de sa mère, qu’elle voyait rarement.

« Sophie a développé une… dépendance aux réseaux sociaux quand elle était plus jeune », expliqua sa mère. « Elle passait des heures à se comparer aux autres, à chercher l’approbation virtuelle. Elle a perdu des années à vivre à travers un écran plutôt que dans le monde réel. Aujourd’hui encore, elle lutte pour s’en détacher. »

Héléna n’avait jamais entendu cette histoire auparavant. « Je ne savais pas », murmura-t-elle.

« Ce n’est pas quelque chose dont elle est fière. » Sa mère prit ses mains dans les siennes. « Nous ne voulons pas t’empêcher d’être connectée, Héléna. Nous voulons juste que tu développes d’abord une connexion solide avec toi-même, avec le monde réel, avant de plonger dans le virtuel. »

Ces mots résonnèrent étrangement avec ceux de M. Kim et de Mme Laurent. Une connexion avec soi-même, avec sa propre créativité, avant la connexion technologique.

« Mais comment je fais pour rester en contact avec ce qui m’intéresse ? » demanda Héléna. « La K-pop, la danse, tout ça évolue si vite… »

« Je sais que ça semble injuste maintenant. » Sa mère sourit doucement. « Mais je te promets que tu ne manques rien d’essentiel. Les vraies passions, les vrais talents – comme cette voix magnifique que Mme Laurent nous a mentionnée lors de la réunion parents-professeurs – sont en toi, pas sur un écran. »

Héléna rougit. « Elle vous a parlé de ma voix ? »

« Elle était très enthousiaste. » Sa mère lui caressa la joue. « Elle dit que tu as un don naturel, quelque chose de rare à l’ère du numérique où tout est filtré et retouché. »

Cette conversation avec sa mère laissa Héléna pensive. Cette nuit-là, allongée dans son lit, elle contempla les étoiles visibles par sa fenêtre. L’offre de L’Éclat Virtuel était tentante – la célébrité instantanée, la reconnaissance, la connexion avec ses idoles. Mais à quel prix ? Quels souvenirs, quelles parties d’elle-même devrait-elle sacrifier ?

Le lendemain matin, en arrivant au collège, elle fut accueillie par une Delphine surexcitée.

« Héléna ! Tu ne devineras jamais ! » Elle sautillait tellement qu’elle pouvait à peine parler. « Estelle a eu un problème avec son iPad ! »

« Un problème ? » Héléna fronça les sourcils. « Quel genre de problème ? »

« Il s’est complètement bloqué hier soir », expliqua Delphine. « Tous ses comptes ont été piratés ! Ses photos, ses vidéos, tout a disparu ! »

Héléna sentit un frisson parcourir son dos. Était-ce une coïncidence, ou L’Éclat Virtuel avait-il quelque chose à voir avec cet incident ?

Estelle arriva, l’air défait. Ses cheveux habituellement parfaitement coiffés étaient négligemment attachés, et ses yeux portaient les traces d’une nuit sans sommeil.

« C’est une catastrophe », gémit-elle. « Trois ans de souvenirs, de photos, de contacts… tout a disparu. Et le pire, c’est que quelqu’un a utilisé mon compte pour publier des choses horribles. Mes parents sont furieux. »

Min-ho, qui venait de les rejoindre, posa une main réconfortante sur l’épaule d’Estelle. « Je suis désolé. C’est vraiment injuste. »

« Le technicien a dit que c’était un virus très sophistiqué », continua Estelle. « Comme si quelqu’un avait spécifiquement ciblé mon appareil. Mais qui ferait ça ? Et pourquoi ? »

Héléna sentit le bracelet rouge la brûler légèrement. Elle savait. Ce n’était pas une coïncidence. L’Éclat Virtuel lui montrait ce qu’il pouvait faire – à quel point la technologie pouvait être fragile, à quel point on pouvait perdre rapidement ce qui semblait acquis.

« Est-ce que… est-ce que tu avais des sauvegardes ? » demanda-t-elle doucement.

Estelle secoua la tête. « Je pensais que tout se synchronisait automatiquement. Mais apparemment, ce n’était pas le cas. » Elle paraissait au bord des larmes. « Toutes nos recherches pour la performance, nos playlists, nos références… tout est perdu. »

Un silence pesant s’installa. Leur préparation pour le concours venait de subir un coup dur.

« Ce n’est pas si grave », dit finalement Min-ho. « On a nos souvenirs, nos idées, nos corps pour danser. On n’a pas besoin de technologie pour créer quelque chose de beau. »

Estelle le regarda comme s’il venait de parler une langue étrangère. « Mais comment on va finaliser la chorégraphie sans références ? Sans pouvoir revoir ce qu’on a déjà fait ? »

« Comme on l’a fait chez mon grand-père », répondit Min-ho avec douceur. « En ressentant la musique, en écoutant nos instincts. En étant présents, pas en nous regardant à travers un écran. »

Héléna observait cette conversation avec un mélange de culpabilité et de fascination. Estelle, toujours si confiante avec sa technologie, semblait maintenant vulnérable, presque perdue sans son précieux iPad.

« On peut y arriver », intervint Héléna. « En fait, j’ai travaillé sur une chanson hier soir. Une chanson originale qui pourrait guider notre performance. »

Trois paires d’yeux se tournèrent vers elle, surpris par cette initiative inattendue.

« Une chanson originale ? » répéta Estelle, momentanément distraite de son malheur. « Tu l’as écrite toi-même ? »

Héléna acquiesça, sortant le carnet de Mme Laurent de son sac. « Ce n’est pas parfait, mais c’est… authentique. »

Elle ouvrit le carnet à la page où elle avait noté paroles et mélodies, hésitant un instant avant de commencer à chanter doucement. Les mots parlaient de connexion, de recherche d’identité, de désir d’appartenance – tous ses sentiments des dernières semaines, transformés en poésie et en musique.

Lorsqu’elle termina, ses amis la regardaient avec une admiration non dissimulée.

« C’est… magnifique », murmura Estelle. « Je n’aurais jamais imaginé que tu avais ça en toi. »

« Moi non plus », admit Héléna avec un petit rire. « Je découvre encore ce dont je suis capable sans… aide extérieure. »

Min-ho hocha la tête, comprenant le double sens de ses paroles. « C’est exactement ce dont notre performance a besoin. Quelque chose de personnel, d’unique. Pas une copie, mais une création. »

La sonnerie retentit, les obligeant à se diriger vers leurs salles de classe respectives. Mais alors qu’Héléna suivait le flot d’élèves, elle sentit une présence familière. L’air semblait plus dense autour d’elle, presque électrique.

« Il joue avec toi », murmura une voix à son oreille – Min-ho, qui s’était approché discrètement. « Ce qui est arrivé à l’iPad d’Estelle n’est pas un hasard. Il te montre son pouvoir, te pousse à choisir son camp. »

« Comment peux-tu être sûr ? » chuchota Héléna, bien qu’elle sache déjà la réponse.

« Parce que j’ai vu ses méthodes avant. » Les yeux de Min-ho étaient sombres, chargés d’une connaissance qui dépassait son âge. « Mon cousin… il a fait un pacte similaire. Pour la gloire, la reconnaissance. Il a perdu bien plus que des souvenirs. »

Un frisson parcourut Héléna. « Qu’est-ce qu’il a perdu ? »

« Lui-même », répondit simplement Min-ho. « Sa passion authentique, sa connexion avec les autres. Il est devenu une coquille vide, cherchant constamment la validation virtuelle. C’est pour ça que mon grand-père m’a appris à reconnaître les signes, à aider ceux qui sont tentés. »

Héléna toucha le bracelet rouge à son poignet. « Ce bracelet… ce n’est pas juste un souvenir de ta grand-mère, n’est-ce pas ? »

Min-ho secoua la tête. « C’est une protection. Mais elle s’affaiblit chaque fois que tu doutes, chaque fois que tu es tentée de retourner vers lui. »

Ils atteignirent leur salle de classe et durent interrompre leur conversation. Mais toute la journée, les paroles de Min-ho résonnèrent dans l’esprit d’Héléna. Une coquille vide. N’était-ce pas ce qu’elle risquait de devenir si elle acceptait l’offre de L’Éclat Virtuel ?

Après les cours, alors qu’ils se dirigeaient vers l’auditorium pour leur répétition, Héléna prit Min-ho à part.

« Comment l’arrêter ? » demanda-t-elle directement. « Comment je romps ce pacte ? »

« Tu ne peux pas simplement le rompre », expliqua Min-ho. « Il possède déjà une partie de toi – tes souvenirs, ton attention. Tu dois le remplacer. »

« Le remplacer ? »

« Par quelque chose de plus fort. Une connexion réelle, profonde. Avec toi-même, avec les autres. » Min-ho désigna la scène de l’auditorium où Estelle et Delphine les attendaient. « Cette performance, cette chanson que tu as créée… c’est un début. Mais tu devras faire un choix final, confronter L’Éclat Virtuel directement. Et ce sera dangereux. »

Héléna déglutit difficilement. « Dangereux comment ? »

« Il ne renonce pas facilement à ses… acquisitions. » Les yeux de Min-ho reflétaient une inquiétude sincère. « Mais tu n’es pas seule, Héléna. Nous sommes là. Et tu es plus forte que tu ne le crois. »

La répétition ce jour-là fut différente. Sans l’iPad d’Estelle pour les guider, ils durent faire confiance à leurs corps, à leurs instincts. Étrangement, leur performance gagna en fluidité, en émotion. La chanson d’Héléna, accompagnée par les instruments traditionnels de Min-ho, donna une cohérence nouvelle à leurs mouvements.

Même Estelle, initialement désemparée sans sa technologie, semblait redécouvrir une liberté oubliée.

« C’est bizarre », confia-t-elle pendant une pause, « mais je me sens plus… présente. Comme si je dansais vraiment pour la première fois, au lieu de reproduire des mouvements mémorisés. »

Delphine acquiesça vigoureusement. « C’est comme si on créait notre propre chorégraphie K-pop ! On devrait l’appeler… le H-pop ! H pour Héléna ! »

Ils éclatèrent de rire, et Héléna sentit une chaleur se répandre dans sa poitrine. C’était ça, la vraie connexion – ces moments partagés, ces créations communes, ces rires spontanés.

Mais alors qu’ils quittaient l’auditorium, épuisés mais satisfaits, Héléna aperçut une lueur familière à la périphérie de sa vision. L’Éclat Virtuel l’observait de loin, sa surface miroitante reflétant non pas son visage, mais celui d’une célébrité parfaite, adulée, suivie par des millions de fans.

Une image tentante. Un futur possible. Un choix à faire.

Le concours était dans quatre jours. Et Héléna savait que L’Éclat Virtuel ne renoncerait pas sans combattre.

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