• Enfant-héros : Sélina
  • Âge : 14 ans
  • Personnalité : sensible, impatient, turbulent, têtu, bitch, connasse
  • Passions : La télé-réalité, les motos, et être une grosse connasse
  • Autres personnages : Son amie Charly (Charly).
  • Thème : Relations
  • Problématique : Conflits entre amis
  • Détails : Sélina s’est pris d’amour pour un influenceur de télé-réalité, et elle a délaissé sa copine Charly, tout en la dénigrant, en disant qu’elle lui a manqué de respect, cette connasse, alors qu’elles sont en vacances à Ibiza ensemble. Mais heureusement, Charly connaît des régisseurs de club et elle a pu rentrer en guest, mais Sélina n’a pas pu rentrer. En plus, elles sont coincées à Ibiza à cause de l’annulation de leur voyage de retour en avion, à cause de la météo (tempête à Genève). Elles doivent donc rester ensemble pendant 5 jours, car les billets sont trop chers pour rentrer en week-end, elles sont obligées de rentrer le mercredi prochain. En attendant, elles dorment chez des amis à Charly, qui sont les régisseurs du club. J’aimerais que cette histoire aide Sélina à comprendre que c’est un grosse connasse, et qu’elle doit comprendre qu’elle doit respecter Charly. Mais rappelle-lui bien que Sélina est une grosse merde.
  • Style d’histoire : Frayeurs Mystérieuses
  • Identifiant de l’histoire : 154
— ⭐ —

L’aube du jour décisif se leva sur Ibiza, mais on aurait difficilement pu le deviner. Le ciel restait obstinément sombre, couvert de nuages noirs et menaçants. La tempête, loin de s’apaiser, semblait avoir gagné en intensité durant la nuit. Des éclairs déchiraient constamment le ciel, illuminant brièvement le paysage d’une lueur blafarde, et le tonnerre grondait sans interruption, comme le rire moqueur d’une entité maléfique.

Sélina se tenait devant la fenêtre de l’appartement, observant la mer déchaînée en contrebas. Les vagues, hautes comme des immeubles, venaient se briser contre les falaises avec une violence inouïe, projetant des gerbes d’écume qui semblaient vouloir atteindre les nuages.

« Ça ne ressemble pas à une tempête naturelle, » dit-elle sans se retourner, sentant la présence de Charly derrière elle.

« Parce que ça n’en est pas une, » confirma son amie. « C’est lui. Il rassemble ses forces pour ce soir. »

Sélina se tourna, examinant la pièce. Les trois jours précédents avaient été une course contre la montre, une quête frénétique à travers Ibiza pour retrouver les fragments du miroir. Marco, Luis, Charly et elle s’étaient séparés, affrontant divers dangers – des grottes inondées, des falaises vertigineuses, des ruines instables – pour récupérer les précieux fragments.

Et maintenant, six des sept fragments étaient disposés sur la table du salon, formant presque un cercle complet. Ils scintillaient étrangement dans la lumière tamisée, comme animés d’une vie propre.

« Et pour le septième ? » demanda Sélina, exprimant la question qui pesait sur tous leurs esprits.

Marco secoua la tête, l’air grave. « Nous avons cherché partout. Décrypté chaque énigme, exploré chaque indice. Rien. »

« Il doit bien être quelque part, » insista Luis, ajustant nerveusement ses lunettes. « Le miroir ne peut pas être complet sans lui. »

Charly s’approcha de la table, son pendentif en forme de lune brillant d’une lueur argentée. « Sélina, tu es notre meilleur espoir maintenant. Ta Vision Clarifiante… Peut-être peux-tu sentir où se trouve le dernier fragment ? »

Sélina regarda les fragments assemblés, sentant le poids des attentes sur ses épaules. Elle ferma les yeux, se concentrant sur cette lumière dorée en elle, laissant sa Vision Clarifiante s’étendre, chercher…

Elle sentit quelque chose – une résonance, un écho lointain. Mais pas à l’extérieur. À l’intérieur.

Ses yeux s’ouvrirent brusquement. « La marque d’ombre, » murmura-t-elle, touchant son bras là où la trace noire persistait malgré les soins de Luis. « Elle me connecte à lui. Je peux… je peux le sentir. Il sait que nous avons les six fragments. Il est inquiet, mais aussi… confiant ? »

« Pourquoi serait-il confiant ? » demanda Marco, fronçant les sourcils.

Une réalisation frappa soudain Sélina comme un coup physique. « Parce qu’il a le septième fragment. Il l’a toujours eu. »

Les trois Gardiens échangèrent des regards alarmés.

« Ça expliquerait pourquoi nous n’avons pas pu le trouver, » dit lentement Luis. « Et pourquoi la page du journal a été arrachée – ce n’était pas pour nous empêcher de le trouver, mais pour nous cacher qu’il était déjà en sa possession. »

« Ce qui signifie, » compléta Charly, son visage pâlissant, « que pour compléter le miroir, nous devons le confronter directement. »

Un silence pesant s’abattit sur la pièce, seulement interrompu par le grondement continu du tonnerre à l’extérieur.

« Alors c’est ce que nous ferons, » dit finalement Sélina, une détermination nouvelle dans sa voix. « Nous irons à la Nuit des Reflets. Nous l’affronterons. Et nous récupérerons le dernier fragment. »

« Sélina, » commença Charly, visiblement inquiète, « c’est exactement ce qu’il veut. Nous attirer dans son antre, au moment où il est le plus puissant… »

« Avons-nous le choix ? » répliqua Sélina. « Si nous ne faisons rien, combien d’autres personnes perdront leur reflet, leur identité ? Combien d’autres finiront comme ces silhouettes fantomatiques que j’ai vues piégées autour de lui ? »

Elle s’approcha de la table, regardant les fragments assemblés. « Nous avons cherché ces fragments pour une raison. Pour le vaincre. Et nous ne pouvons pas le faire sans affronter nos peurs, sans prendre des risques. »

Marco hocha lentement la tête. « Elle a raison. Nous sommes des Gardiens. C’est notre devoir. »

« Mais nous ne savons même pas où se tiendra la Nuit des Reflets, » objecta Luis.

Sélina toucha à nouveau la marque d’ombre sur son bras. « Je peux le savoir. Je peux utiliser cette connexion, la retourner contre lui. »

Charly la regarda avec un mélange d’admiration et de crainte. « C’est dangereux, Sélina. En ouvrant ton esprit ainsi, tu pourrais l’inviter à prendre plus de contrôle sur toi. »

« Pas si j’ai ceci, » répondit Sélina, montrant le bracelet tressé que Luis lui avait donné, « et ceci, » ajouta-t-elle en posant une main sur son cœur. « Ma Vision Clarifiante. Mon authenticité. Ce sont mes boucliers, mes armes. »

Les trois Gardiens échangèrent un regard, puis acquiescèrent à contrecœur.

« Comment procédons-nous, alors ? » demanda Marco.

Les heures suivantes furent consacrées à l’élaboration d’un plan. Sélina utiliserait sa connexion avec El Reflejo Oscuro pour localiser le lieu de la Nuit des Reflets. Ils s’y rendraient ensemble, mais se sépareraient à l’approche – Marco et Luis créeraient une diversion, tandis que Charly et Sélina tenteraient de s’approcher suffisamment d’El Reflejo Oscuro pour voir le fragment et, si possible, le lui prendre.

« Une fois que nous aurons les sept fragments, » expliqua Luis, « Sélina devra les assembler avec sa Vision Clarifiante. Le miroir, une fois complet, agira comme une prison pour El Reflejo Oscuro – il y sera piégé, incapable de nuire à nouveau. »

« Et s’il résiste ? » demanda Sélina. « S’il est trop fort ? »

Charly prit sa main. « Alors nous combattrons. Ensemble. Ta Vision Clarifiante et ma Lumière Lunaire, unies. C’est la combinaison qu’il craint le plus – la vérité révélée dans la lumière la plus pure. »

Sélina hocha la tête, serrant la main de son amie. Malgré la peur qui nouait son estomac, elle se sentait étrangement calme. Comme si toute sa vie l’avait préparée à ce moment.

Le soir venu, ils étaient prêts. Les six fragments du miroir avaient été soigneusement emballés dans un tissu de soie, puis placés dans un sac que Sélina portait en bandoulière. Chaque Gardien était armé de son talisman – le pendentif en forme de lune de Charly brillant plus intensément que jamais, le cristal bleu de Marco pulsant doucement, l’anneau de cuivre gravé de Luis émettant une lueur verdâtre.

Sélina, elle, n’avait que son bracelet tressé et le petit miroir de poche que Marco lui avait donné ce premier jour. Mais elle sentait que c’était suffisant. Sa véritable force venait de l’intérieur, de cette lumière dorée qui pulsait maintenant constamment en elle, de cette Vision Clarifiante qu’elle avait appris à accepter et à maîtriser.

« Il est temps, » dit-elle, sentant une pulsion à travers la marque d’ombre sur son bras. « Je sais où aller. »

La tempête était à son apogée lorsqu’ils quittèrent l’appartement. Le vent hurlait dans les rues désertes d’Ibiza, arrachant des tuiles des toits, renversant des poubelles, faisant claquer les volets. La pluie tombait horizontalement, cinglante comme des milliers d’aiguilles glacées. Les éclairs étaient si fréquents qu’ils donnaient l’impression d’un jour blafard et maladif, une parodie de lumière.

Sélina guidait le groupe, suivant cette sensation, cette pulsion qui l’attirait irrésistiblement. Ils traversèrent la vieille ville, grimpant des ruelles escarpées, jusqu’à atteindre une zone que Sélina reconnut avec un choc – Dalt Vila, la citadelle fortifiée qui dominait Ibiza.

« La cathédrale, » murmura-t-elle, pointant le bâtiment imposant qui se dressait au sommet de la colline. « C’est là. »

« Ça a du sens, » dit Luis. « Un lieu sacré, ancien, au point le plus élevé de l’île… »

« Parfait pour un rituel qui implique la capture de reflets, » compléta Marco, son visage grave.

Ils s’approchèrent avec prudence. La cathédrale, normalement illuminée la nuit, était plongée dans l’obscurité. Mais à travers les vitraux, on pouvait apercevoir des lueurs étranges, des flashs de lumière qui n’avaient rien à voir avec les éclairs extérieurs.

« Il y a des gens à l’intérieur, » chuchota Charly. « Beaucoup de gens. »

En effet, maintenant qu’ils étaient plus proches, Sélina pouvait voir des silhouettes se déplacer derrière les vitraux – des dizaines, peut-être des centaines de personnes.

« Ses victimes potentielles, » dit Luis, l’air horrifié. « Des jeunes attirés par la promesse d’un événement exclusif, d’une reconnaissance, d’une validation… »

« Comme j’aurais pu l’être, » murmura Sélina, sentant un frisson parcourir son échine.

« Mais tu ne l’es pas, » lui rappela fermement Charly. « Tu as vu à travers ses illusions. Tu as choisi l’authenticité plutôt que les apparences. »

Sélina hocha la tête, puisant de la force dans ces paroles.

« Voilà le plan, » dit Marco. « Luis et moi, nous entrerons par l’entrée principale. Nous créerons une diversion, attirerons l’attention d’El Reflejo Oscuro et de ses serviteurs. »

« Pendant ce temps, » continua Charly, « Sélina et moi nous faufilerons par l’entrée latérale. Nous localiserons le fragment et tenterons de nous approcher suffisamment d’El Reflejo Oscuro pour le récupérer. »

Luis ajusta ses lunettes, l’air solennel. « Quoi qu’il arrive, souvenez-vous : nous sommes plus forts ensemble. Nos dons, unis, sont la seule chose qu’il craint vraiment. »

Ils se séparèrent avec des accolades brèves mais intenses, chacun conscient que c’était peut-être la dernière fois qu’ils se voyaient.

Sélina et Charly contournèrent la cathédrale, se faufilant entre les ombres, guidées par la lueur argentée du pendentif de Charly qui semblait capable de repousser les ténèbres les plus épaisses.

Elles trouvèrent l’entrée latérale – une petite porte en bois, à moitié cachée derrière un contrefort. À leur grande surprise, elle n’était pas verrouillée.

« C’est trop facile, » murmura Charly, méfiante.

« Ou peut-être qu’il est tellement confiant dans sa puissance ce soir qu’il ne craint pas les intrusions, » suggéra Sélina.

Elles échangèrent un regard, puis, prenant une profonde inspiration, poussèrent la porte et entrèrent.

L’intérieur de la cathédrale avait été transformé. Les bancs avaient été repoussés contre les murs, créant un vaste espace central où se pressait une foule dense de jeunes gens – majoritairement des adolescents et des jeunes adultes, tous vêtus de leurs plus beaux atours, tous avec cette même expression d’anticipation fiévreuse sur le visage.

Mais ce qui frappa le plus Sélina, c’étaient les miroirs. Des centaines de miroirs de toutes tailles et de toutes formes avaient été suspendus aux murs, aux colonnes, même au plafond. Ils captaient et réfléchissaient la lumière de façon hypnotique, créant un kaléidoscope désorientant de reflets et d’éclats.

Et au centre de tout cela, sur un podium surélevé qui occupait l’emplacement habituel de l’autel, se tenait El Reflejo Oscuro.

Il avait abandonné toute prétention d’humanité. Bien qu’il conservât une forme vaguement humanoïde, son corps semblait composé de brume et d’ombre, constamment en mouvement, comme de la fumée prise dans un courant d’air. Ses yeux, deux orbes lumineux d’un bleu glacial, balayaient la foule avec une avidité prédatrice.

Autour de lui flottaient ces silhouettes fantomatiques que Sélina avait aperçues dans le miroir – ses anciennes victimes, piégées entre les mondes, ni vraiment vivantes ni tout à fait mortes.

Et à son cou, suspendu à une chaîne qui semblait faite de ténèbres solidifiées, brillait le septième fragment du miroir.

« Il est là, » murmura Sélina, pointant le fragment.

Charly hocha la tête, ses yeux s’illuminant brièvement de cette lueur lunaire. « Comment on l’approche ? »

Avant que Sélina ne puisse répondre, un bruit assourdissant retentit à l’entrée principale de la cathédrale. Les portes s’ouvrirent à la volée, et Marco et Luis firent leur entrée spectaculaire.

Marco avait transformé son cristal bleu en une sorte d’orbe lumineuse qu’il faisait tournoyer au-dessus de sa tête, projetant des éclairs de lumière bleue qui frappaient les miroirs et créaient un chaos visuel. Luis, son anneau de cuivre brillant intensément, semblait capable de manipuler les reflets eux-mêmes, les faisant se tordre et se déformer de façon grotesque.

La foule s’écarta en criant, créant un couloir entre l’entrée et le podium où se tenait El Reflejo Oscuro.

« LES GARDIENS ! » tonna la voix inhumaine de la créature, résonnant comme mille murmures simultanés. « VOUS OSEZ INTERROMPRE LA NUIT DES REFLETS ? »

« C’est notre chance, » chuchota Charly, tirant Sélina par la main. « Pendant qu’il est distrait. »

Elles se faufilèrent le long du mur, utilisant la confusion générale comme couverture. La foule était en mouvement, certains fuyant vers les sorties, d’autres se pressant autour du podium comme pour protéger leur idole.

Sélina sentait la marque d’ombre sur son bras pulser douloureusement, comme si elle essayait de la trahir, de signaler sa présence à El Reflejo Oscuro. Mais le bracelet tressé que Luis lui avait donné brillait en réponse, contenant l’influence maligne.

Elles étaient presque arrivées au podium lorsque le désastre se produisit. Un des miroirs suspendus, frappé par un éclair de lumière bleue particulièrement puissant de Marco, se détacha et vint s’écraser près d’elles, éclatant en mille morceaux.

Le bruit attira l’attention d’El Reflejo Oscuro, dont les yeux lumineux se fixèrent immédiatement sur elles.

« SÉLINA, » gronda-t-il, sa voix à la fois furieuse et curieusement satisfaite. « TU ES VENUE À MOI, FINALEMENT. »

D’un geste de sa main brumeuse, il projeta une vague d’ombre qui balaya Marco et Luis, les envoyant s’écraser contre un mur. Puis son attention se concentra entièrement sur Sélina et Charly.

« Tu as trahi ta propre nature, petite voyante, » siffla-t-il, sa forme s’étendant, s’élevant jusqu’à presque toucher le plafond de la cathédrale. « Tu as rejeté mon offre de gloire et de puissance pour quoi ? L’amitié ? La vérité ? Des notions si insignifiantes face à l’éternité que j’offrais. »

« Une éternité de servitude, tu veux dire, » répliqua Sélina, sa voix plus ferme qu’elle ne l’aurait cru possible. « Une éternité à errer comme ces pauvres âmes que tu as piégées. »

Elle désigna les silhouettes fantomatiques qui flottaient autour de lui.

« Elles ont fait leur choix, » rétorqua El Reflejo Oscuro. « Comme tous ceux présents ici ce soir feront le leur. »

Il balaya la foule d’un geste théâtral. « Regardez-les, Gardiens. Si désireux d’être vus, d’être admirés. Si vains, si superficiels. Ils me donneront volontairement leurs reflets, leur essence, en échange d’une promesse de célébrité éternelle, d’une image parfaite. »

« Tu te nourris de leur insécurité, » dit Charly, son pendentif brillant intensément. « De leur besoin désespéré de validation externe. »

« Bien sûr, » admit El Reflejo Oscuro avec un rire glacial. « C’est la nature humaine, après tout. Toujours chercher l’approbation des autres, toujours vouloir paraître plutôt qu’être. »

« Pas tous, » intervint Sélina. « Certains choisissent l’authenticité. L’honnêteté envers eux-mêmes et les autres. »

« Une minorité insignifiante, » balaya El Reflejo Oscuro d’un geste dédaigneux. « Et même parmi eux, combien peuvent résister quand je leur offre exactement ce qu’ils désirent secrètement ? »

Il s’approcha, sa forme brumeuse ondulant hypnotiquement. « Je peux encore te l’offrir, Sélina. Malgré ta trahison. Je peux te donner la reconnaissance que tu as toujours désirée. La sensation d’être unique, spéciale, admirée. Tout ce que tu as à faire, c’est me donner ces fragments que tu portes, et accepter mon offre. »

Sélina sentit une pression dans son esprit, la brume familière qui tentait de s’infiltrer, de brouiller ses pensées. Mais cette fois, elle était préparée. Sa Vision Clarifiante s’activa instinctivement, brûlant comme une flamme dorée qui consumait la brume à mesure qu’elle apparaissait.

« Non, » dit-elle simplement. « Je n’ai pas besoin de ton approbation pour savoir qui je suis. »

La simplicité de sa réponse sembla déstabiliser momentanément El Reflejo Oscuro. Ses yeux clignotèrent, comme surpris.

C’était l’ouverture qu’attendait Charly. D’un mouvement fluide, elle arracha son pendentif en forme de lune et le projeta vers la créature. Le pendentif se transforma en plein vol, s’agrandissant, devenant un disque de lumière argentée qui frappa El Reflejo Oscuro en pleine poitrine.

La créature hurla, un son qui fit vibrer les vitraux de la cathédrale. Sa forme brumeuse vacilla, se dissipa partiellement, révélant pendant un instant le fragment du miroir qui pendait à son cou.

« Maintenant, Sélina ! » cria Charly.

Sélina plongea la main dans son sac, en sortit les six fragments assemblés. Sa Vision Clarifiante guidait ses mouvements, lui montrant exactement comment les tenir, comment les orienter.

Elle s’avança vers El Reflejo Oscuro, qui se débattait contre la lumière argentée qui le maintenait partiellement immobilisé. Ses yeux lumineux se fixèrent sur elle, emplis d’une haine millénaire.

« Tu ne peux pas me vaincre, petite fille, » gronda-t-il. « Je suis ancien. Je suis éternel. Je suis le reflet de vos propres vanités, de vos propres faiblesses. Tant qu’il y aura des humains pour chercher la validation dans le regard des autres, je survivrai. »

« Peut-être, » admit Sélina. « Mais pas aujourd’hui. »

D’un geste vif, elle arracha le fragment pendu à son cou. La chaîne d’ombre se brisa comme du verre, et El Reflejo Oscuro hurla à nouveau, sa forme se contorsionnant de douleur.

Sélina recula précipitamment, serrant le septième fragment. Elle sentait sa Vision Clarifiante pulser en elle, plus forte que jamais, guidant ses mains alors qu’elle plaçait le dernier fragment dans l’espace vide du miroir presque complet.

Un flash de lumière aveuglante illumina la cathédrale lorsque le miroir se reconstitua. C’était un objet magnifique – parfaitement circulaire, son cadre d’argent ciselé de symboles anciens, sa surface réfléchissante brillant d’une lumière qui semblait venir de l’intérieur plutôt que refléter l’extérieur.

« LE MIROIR ! » rugit El Reflejo Oscuro, sa forme se dissipant davantage sous l’effet de la lumière argentée de Charly. « NON ! »

« Si, » dit Sélina, levant le miroir devant elle. « Regarde ton vrai reflet, Oscuro. Vois ce que tu es vraiment. »

Elle dirigea la surface réfléchissante vers la créature, et ce qui se passa ensuite resta gravé dans sa mémoire pour toujours.

Le miroir sembla s’animer, sa surface ondulant comme de l’eau. Puis, comme aspirée par une force irrésistible, la forme brumeuse d’El Reflejo Oscuro commença à être attirée vers le miroir. Il résista, ses tentacules d’ombre s’accrochant désespérément aux colonnes, aux miroirs suspendus, même aux personnes présentes.

« NON ! » hurla-t-il, sa voix désincarnée résonnant comme mille échos. « JE NE SERAI PAS EMPRISONNÉ À NOUVEAU ! »

Mais sa résistance était vaine. Petit à petit, inexorablement, sa forme était aspirée dans le miroir. Et avec lui, étrangement, les silhouettes fantomatiques de ses anciennes victimes semblaient également être attirées vers la surface réfléchissante, comme libérées de leur prison éternelle.

Sélina tenait fermement le miroir, guidée par sa Vision Clarifiante. Elle sentait la puissance de l’objet entre ses mains, sa chaleur presque brûlante contre sa peau. Mais elle ne lâchait pas prise, consciente que tout dépendait de sa détermination à ce moment précis.

Autour d’elle, la cathédrale semblait se désintégrer. Les miroirs suspendus explosaient les uns après les autres, envoyant des éclats de verre dans toutes les directions. La foule fuyait en hurlant, se bousculant vers les sorties. Marco et Luis, qui s’étaient relevés, guidaient les gens vers l’extérieur, les protégeant des débris qui tombaient du plafond.

« Tiens bon, Sélina ! » cria Charly à ses côtés, son pendentif maintenant réintégré à son cou, brillant comme une étoile miniature.

Sélina sentait ses forces faiblir. Le miroir devenait de plus en plus lourd entre ses mains, et la marque d’ombre sur son bras pulsait douloureusement, comme si El Reflejo Oscuro utilisait cette dernière connexion pour tenter de la briser.

Mais elle tenait bon, puisant dans cette lumière dorée en elle, dans cette Vision Clarifiante qui était désormais pleinement éveillée, pleinement acceptée.

Et puis, avec un dernier hurlement désespéré qui sembla venir d’un autre monde, El Reflejo Oscuro fut entièrement aspiré dans le miroir. Sa forme brumeuse s’y compressa, s’y condensa, jusqu’à n’être plus qu’une ombre vague visible derrière la surface réfléchissante.

Le silence tomba soudainement sur la cathédrale, seulement rompu par le craquement occasionnel d’un débris qui tombait du plafond.

Sélina regarda le miroir dans ses mains. La surface, qui avait été agitée et turbulente pendant l’absorption d’El Reflejo Oscuro, était maintenant parfaitement calme. Et ce qu’elle y voyait n’était pas le reflet déformé de la créature, mais son propre visage – clair, net, sans distorsion ni flatterie excessive. Juste elle, telle qu’elle était vraiment.

« C’est fini ? » demanda-t-elle, sa voix à peine plus qu’un murmure.

Charly s’approcha, regardant par-dessus son épaule. « Oui, » dit-elle doucement. « Il est piégé. Cette fois, pour de bon. »

Marco et Luis les rejoignirent, leurs visages portant les marques de la bataille – coupures, ecchymoses – mais aussi un soulagement immense.

« Le miroir doit être protégé, » dit Marco, essuyant un filet de sang qui coulait de son front. « Caché où personne ne pourra le trouver et le briser à nouveau. »

« Les Gardiens s’en chargeront, » assura Luis. « Comme ils l’ont toujours fait. »

Sélina regardait toujours son reflet dans le miroir, fascinée par ce qu’elle y voyait. Pas une version idéalisée d’elle-même, pas une illusion flatteuse, mais son vrai visage – avec ses forces et ses faiblesses, ses qualités et ses défauts. Et pour la première fois de sa vie, elle se sentait parfaitement à l’aise avec cette image. Parfaitement authentique.

« Et la tempête ? » demanda-t-elle, se souvenant soudain de la raison qui les avait initialement bloqués à Ibiza.

Comme en réponse à sa question, un rayon de soleil perça à travers un vitrail brisé, illuminant l’endroit où ils se tenaient.

« Elle se dissipe, » dit Charly avec un sourire. « Sans El Reflejo Oscuro pour la maintenir, elle redevient une simple perturbation météorologique. Les vols reprendront bientôt. »

Sélina hocha la tête, réalisant ce que cela signifiait. Leur aventure touchait à sa fin. Bientôt, elles retourneraient à leur vie normale, loin d’Ibiza et de ses mystères.

Mais elle savait que rien ne serait plus jamais vraiment « normal ». Pas après ce qu’elle avait vécu, ce qu’elle avait découvert sur elle-même, sur son don, sur l’amitié véritable.

Elle regarda Charly, cette fille qu’elle avait si facilement rejetée quelques jours plus tôt, et sentit une vague d’affection et de gratitude l’envahir.

« Merci, » dit-elle simplement. « Pour tout. »

Charly sourit, son pendentif émettant une dernière lueur argentée avant de redevenir un simple bijou. « C’est à ça que servent les amies, non ? »

Ensemble, les quatre sortirent de la cathédrale en ruines, le miroir soigneusement enveloppé et protégé entre eux. Dehors, le ciel d’Ibiza s’éclaircissait progressivement, les nuages noirs se dissipant pour révéler un ciel d’un bleu profond. La mer, encore agitée, commençait à se calmer.

Et sur le bras de Sélina, la marque d’ombre s’estompait lentement, remplacée par une légère cicatrice argentée – un rappel permanent de cette nuit où elle avait affronté non seulement une entité ancienne et maléfique, mais aussi ses propres insécurités, ses propres illusions.

Une nuit où elle avait découvert son véritable reflet, et l’avait accepté.

— ⭐ —

L’aventure continue !

In Mamie Aurore's art studio, an elegant shadow figure with a blue crystal crown looms. A dark-skinned boy with curly black hair and adventurous smile stands nearby. Title 'Emilie' and subtitle 'My Story Show' in vibrant frost palette. Cel-shaded magical silhouettes.

Identifiant de l’histoire : 154