• Enfant-héros : Charlye
  • Âge : 12 ans
  • Personnalité : timide, énergique, créatif, sensible, malin, impatient, spontané, sociable, joyeux
  • Passions : Faire des bracelets, jouer à la Barbie, lire des livres
  • Autres personnages : Son petit ami (Nicolas).
  • Thème : Émotions
  • Problématique : Premiers changements pubertaires
  • Détails : Charlye commence à avoir ses règles et s’est retrouvée une fois devant Nicolas, son amoureux secret, avec une tache sur le pantalon. Elle se sent mal depuis et n’ose plus lui parler ou aller le voir.
  • Style d’histoire : Histoire de Cœur
  • Identifiant de l’histoire : 141
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L’après-midi semblait s’étirer interminablement. Charlye avait réussi, tant bien que mal, à garder le bracelet écarlate sous contrôle pendant les cours, même si elle avait senti plusieurs fois Dame Carmina tenter de manifester sa présence. À chaque fois, elle s’était concentrée de toutes ses forces, répétant mentalement que c’était son corps, ses émotions, et que personne d’autre ne pouvait en prendre le contrôle.

Quand la dernière cloche sonna enfin, Charlye rejoignit Léa à leur point de rencontre habituel près des casiers.

« Alors, on va voir ta grand-mère maintenant? » demanda-t-elle anxieusement.

Léa hocha la tête. « Je lui ai envoyé un message à midi. Elle nous attend avec des cookies aux pépites de chocolat. »

« Tu lui as dit pour… tu sais… »

« Le bracelet magique et la dame rouge qui apparaît dans les miroirs? Non, j’ai pensé que ce serait mieux si tu lui expliquais toi-même. »

Charlye sourit, reconnaissante. « Merci, Léa. Tu es la meilleure. »

Elles quittèrent l’école ensemble, prenant le bus qui les conduirait vers le quartier où vivait la grand-mère de Léa. Pendant le trajet, Charlye remarqua que Nicolas montait dans le même bus, quelques arrêts après elles. Il lui fit un petit signe de la main et elle lui répondit timidement, sentant le bracelet chauffer légèrement.

« Il te regarde encore, » chuchota Léa avec un sourire complice.

« Chut! » murmura Charlye, bien que secrètement ravie. « Concentre-toi sur notre mission. »

Nicolas descendit deux arrêts avant elles, et bientôt, les filles arrivèrent à destination. La grand-mère de Léa, que tout le monde appelait affectueusement Mamie Rose, vivait dans une petite maison entourée d’un jardin luxuriant où poussaient des plantes et des fleurs que Charlye ne reconnaissait pas.

« Ma grand-mère est originaire de la Martinique, » expliqua Léa alors qu’elles remontaient l’allée. « Elle connaît toutes sortes de traditions et de remèdes anciens. »

Mamie Rose les accueillit sur le pas de la porte, son visage ridé s’illuminant d’un sourire chaleureux. Elle portait une robe colorée et un foulard assorti noué autour de ses cheveux blancs.

« Mes petites! », s’exclama-t-elle en les embrassant chacune. « Entrez, entrez. Les cookies sont tout chauds, et j’ai fait du jus de goyave. »

L’intérieur de la maison était aussi coloré et accueillant que son propriétaire. Des tentures aux motifs vibrants décoraient les murs, et l’air était parfumé d’épices et de fleurs séchées. Mamie Rose les conduisit dans un petit salon confortable où une assiette de cookies et des verres de jus les attendaient.

« Alors, » dit-elle en s’asseyant face à elles, « Léa me dit que tu as un problème, ma petite Charlye? »

Charlye hésita, jetant un regard à Léa qui l’encouragea d’un signe de tête.

« En fait, Mamie Rose, c’est un peu compliqué et… bizarre. »

« Oh, ma chérie, à mon âge, plus rien n’est bizarre, » rit doucement la vieille dame. « Raconte-moi. »

Charlye prit une profonde inspiration et remonta sa manche, révélant le bracelet écarlate qui luisait doucement contre sa peau.

« Ce bracelet est apparu sur mon poignet ce matin, et je n’arrive pas à l’enlever. Et il y a cette femme, Dame Carmina, qui apparaît dans les miroirs et me parle. Elle dit que c’est lié à… mes premières règles. »

Elle s’attendait à de l’incrédulité, mais Mamie Rose se contenta de se pencher en avant, examinant le bracelet avec intérêt.

« Puis-je? » demanda-t-elle en tendant la main.

Charlye tendit son poignet, et la vieille femme effleura délicatement le bracelet du bout des doigts.

« Fascinant, » murmura-t-elle. « Dans ma culture, on parle souvent d’esprits guides qui apparaissent aux jeunes filles lors de leur passage à la féminité. Nous les appelons les ‘Gardiennes du Sang’. »

« Les Gardiennes du Sang? » répéta Charlye, un peu mal à l’aise.

« Ne t’inquiète pas, ce n’est pas aussi effrayant que ça en a l’air, » sourit Mamie Rose. « Ces esprits sont censés guider les jeunes filles à travers les changements de leurs corps, leur enseigner la sagesse féminine. Mais ils prennent différentes formes selon les cultures et les époques. »

Elle se leva et se dirigea vers une étagère remplie de livres anciens. Après avoir cherché un moment, elle en sortit un vieux volume relié de cuir rouge.

« Voici, » dit-elle en l’ouvrant à une page marquée d’un ruban. « Dans certaines traditions européennes, on parle d’une ‘Dame Rouge’ ou ‘Dame Écarlate’ qui apparaît aux jeunes filles au moment de leurs premières règles. »

Charlye et Léa se penchèrent sur le livre. Une illustration montrait une femme en robe rouge fluide, étrangement similaire à Dame Carmina, entourée de jeunes filles.

« Elle ressemble exactement à la dame que je vois! » s’exclama Charlye.

« Hmm, intéressant, » murmura Mamie Rose. « Selon ce livre, Dame Carmina – ou Dame Écarlate – était autrefois vénérée comme une déesse de la fertilité et de la féminité. Mais au fil du temps, alors que les sociétés devenaient plus pudiques concernant le corps féminin, elle a été reléguée au rang de simple ‘esprit’ ou de ‘conte de fées’. »

« Mais pourquoi est-elle si… envahissante? » demanda Charlye. « Elle a failli créer un spectacle de moi devant toute l’école ce matin! »

Mamie Rose hocha la tête, compréhensive. « Les anciennes déesses n’ont pas toujours compris comment le monde a changé. Dans son temps, l’arrivée des premières règles était célébrée publiquement, considérée comme un honneur. Elle ne comprend probablement pas notre besoin moderne d’intimité. »

« Génial, » soupira Charlye. « Comment je me débarrasse d’elle alors? »

« Je ne suis pas sûre que tu puisses – ou que tu doives – te ‘débarrasser’ d’elle, » dit doucement Mamie Rose. « Les Gardiennes du Sang restent généralement jusqu’à ce que la jeune fille ait pleinement accepté et compris les changements de son corps. »

« Mais je les comprends! » protesta Charlye. « Ma mère m’a tout expliqué sur les règles et la puberté. Je sais ce qui se passe. »

« Savoir et accepter sont deux choses différentes, ma chérie, » sourit Mamie Rose. « Il semble que Dame Carmina pense que tu as encore des leçons à apprendre. »

Charlye baissa les yeux vers le bracelet écarlate. « Comme quoi? Comment m’humilier complètement devant Nicolas? »

« Nicolas? » demanda Mamie Rose avec un haussement de sourcil amusé.

Léa gloussa. « Le garçon qu’elle aime. »

« Ce n’est pas drôle! » s’exclama Charlye, sentant ses joues s’empourprer. Le bracelet se mit à luire plus intensément.

« Oh, je vois, » dit Mamie Rose. « Le bracelet réagit à tes émotions, n’est-ce pas? »

Charlye hocha la tête. « Surtout quand je pense à… l’incident. »

« Quel incident? »

Charlye hésita, puis raconta à contrecœur ce qui s’était passé trois jours plus tôt, comment elle s’était retrouvée avec une tache visible sur son jean, juste devant Nicolas.

« J’étais tellement mortifiée, » conclut-elle. « Je n’ai pas osé lui reparler depuis. Et maintenant, avec Dame Carmina qui veut faire de ma… condition… un spectacle public, j’ai peur que ça recommence en pire. »

Mamie Rose la considéra avec une expression douce mais ferme. « Ma petite Charlye, ce que tu vis est aussi vieux que l’humanité elle-même. Chaque femme sur cette planète passe par là. Ce n’est ni honteux ni embarrassant – c’est simplement la vie. »

« Je sais, mais… »

« Laisse-moi te raconter une histoire, » interrompit gentiment Mamie Rose. « Quand j’avais ton âge, j’ai eu mes premières règles pendant un cours de natation à l’école. Imagine! Dans l’eau, avec un maillot de bain blanc. »

Charlye écarquilla les yeux d’horreur. « Qu’est-ce que vous avez fait? »

« J’étais terrifiée, bien sûr. Mais ma professeure, une femme merveilleuse, a remarqué ce qui se passait. Elle m’a discrètement fait sortir de la piscine, m’a donné une serviette à nouer autour de la taille, et m’a dit quelque chose que je n’ai jamais oublié. »

Mamie Rose se pencha en avant, ses yeux brillant de sagesse. « Elle m’a dit : ‘Rose, ce qui t’arrive aujourd’hui est un secret que toutes les femmes partagent. Ce n’est pas une faiblesse – c’est un pouvoir. Les garçons peuvent être forts physiquement, mais seules les filles ont la magie de créer la vie.' »

Charlye réfléchit à ces paroles. « C’est une belle façon de voir les choses, » admit-elle. « Mais ça n’empêche pas que c’est embarrassant quand ça arrive au mauvais moment. »

« Bien sûr que c’est embarrassant! » rit Mamie Rose. « La vie est pleine de moments embarrassants. Mais ce sont ces moments qui nous enseignent la compassion, l’humour, et la résilience. »

Elle prit les mains de Charlye dans les siennes, incluant celle portant le bracelet écarlate. « Je pense que Dame Carmina essaie de t’apprendre quelque chose d’important, même si sa méthode est un peu… théâtrale. Peut-être devrais-tu essayer de communiquer avec elle, de comprendre ce qu’elle veut vraiment te montrer. »

« Comment je fais ça? » demanda Charlye, sceptique.

« Les esprits comme elle répondent aux rituels, aux symboles, » expliqua Mamie Rose. Elle se leva et alla chercher quelque chose dans un tiroir. Elle revint avec un petit miroir à main orné de motifs floraux. « Tiens. Ce soir, avant de te coucher, regarde-toi dans ce miroir et appelle Dame Carmina. Mais au lieu de lui résister ou de te mettre en colère, essaie de l’écouter vraiment. Pose-lui des questions. Comprends ce qu’elle veut t’enseigner. »

Charlye prit le miroir avec précaution. « Et si elle essaie encore de m’embarrasser? »

« Rappelle-lui que les temps ont changé, » sourit Mamie Rose. « Les déesses aussi doivent s’adapter à l’époque moderne. »

Elle se leva et alla chercher un autre objet sur une étagère. C’était un petit bracelet tressé aux couleurs vives : rouge, blanc et noir.

« Porte ceci à ton autre poignet, » dit-elle en l’attachant délicatement. « Dans ma culture, ces couleurs symbolisent l’équilibre entre le pouvoir féminin, la pureté d’intention, et la protection contre les influences négatives. Cela pourrait t’aider à mieux contrôler l’influence de Dame Carmina. »

Charlye admira le petit bracelet coloré, touché par ce geste. « Merci, Mamie Rose. »

« Et n’oublie pas, » ajouta la vieille dame avec un clin d’œil, « ce garçon, Nicolas… s’il est vraiment spécial, un petit accident ne changera pas ce qu’il pense de toi. »

Sur le chemin du retour, Charlye était silencieuse, réfléchissant aux paroles de Mamie Rose. Le petit miroir et le bracelet tressé reposaient dans son sac, et le bracelet écarlate semblait plus calme maintenant, luisant doucement comme une braise.

« Tu vas essayer ce que ma grand-mère a suggéré? » demanda Léa alors qu’elles attendaient le bus.

Charlye hocha la tête. « Je n’ai pas vraiment d’autre option. Et puis… peut-être qu’elle a raison. Peut-être que Dame Carmina essaie juste de m’aider à sa façon. »

« Une façon sacrément dramatique, » rit Léa.

« Exactement comme moi quand j’ai eu ma première règle, » rétorqua Charlye avec un sourire ironique. « Peut-être qu’on est faites pour s’entendre après tout. »

Ce soir-là, assise sur son lit, Charlye sortit le petit miroir de Mamie Rose. Elle prit une profonde inspiration, sentant le bracelet écarlate chauffer doucement contre sa peau en anticipation.

« Dame Carmina, » murmura-t-elle, « j’aimerais vous parler. »

Le miroir s’illumina d’une lueur rougeâtre, et le visage élégant de Dame Carmina apparut, ses yeux brillants de curiosité.

« Ma chère Charlye, » dit-elle de sa voix mélodieuse. « Tu m’appelles volontairement cette fois? »

« Oui, » répondit Charlye avec détermination. « Parce que je crois que nous devons mieux nous comprendre. »

Dame Carmina sourit, ses bracelets cliquetant doucement alors qu’elle inclinait la tête. « Je suis tout ouïe, ma chère. »

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L’aventure continue !

In Mamie Aurore's art studio, an elegant shadow figure with a blue crystal crown looms. A dark-skinned boy with curly black hair and adventurous smile stands nearby. Title 'Emilie' and subtitle 'My Story Show' in vibrant frost palette. Cel-shaded magical silhouettes.

Identifiant de l’histoire : 141