Nicolas s’assit lourdement sur une chaise, essayant de digérer tout ce que Madame Laurent et Charlye venaient de lui expliquer. Dame Carmina, les bracelets magiques, les changements que vivait Charlye… Tout semblait sortir d’un rêve étrange.
« Donc, » dit-il lentement, « cette Dame Carmina veut que Charlye… annonce à tout le monde qu’elle a ses règles ? »
« En gros, oui, » répondit Madame Laurent. « Elle représente une partie importante de la féminité, mais elle a tendance à vouloir que tout soit spectaculaire et public. Elle ne comprend pas le besoin d’intimité. »
Nicolas hocha la tête. « Ma sœur Émilie a vécu quelque chose de similaire. Pas avec une dame mystérieuse, mais… elle était terrifiée que ses amis garçons la voient différemment. » Il regarda Charlye avec douceur. « Tu sais, ça ne change rien pour moi. Tu es toujours… toi. »
Charlye sentit son cœur se réchauffer. Le bracelet de courage qu’elle venait de terminer brillait doucement à son poignet.
Mais leur moment de répit fut de courte durée. Le journal magique que Madame Laurent avait donné à Charlye se mit soudain à vibrer dans son sac. Elle l’ouvrit, et des mots d’alarme apparurent en lettres rouges :
« ATTENTION ! Dame Carmina rassemble ses forces. Elle cherche des alliées. Méfiez-vous des Échos. »
« Les Échos ? » demanda Charlye.
Madame Laurent pâlit. « Oh non. J’espérais qu’elle ne découvrirait jamais leur existence. »
« Qu’est-ce que c’est ? » Nicolas se pencha vers le journal.
« Les Échos sont des fragments de Dame Carmina qui se logent dans d’autres personnes, » expliqua Madame Laurent. « Elles peuvent influencer les filles qui vivent des changements similaires, les rendre jalouses, méchantes… »
Comme pour confirmer ses craintes, la porte de l’atelier s’ouvrit brusquement. Trois filles de leur classe entrèrent : Léa, Camille et Sarah. Mais quelque chose clochait. Leurs yeux avaient une lueur rouge familière, et elles souriaient d’un air cruel.
« Tiens, tiens, » dit Léa d’une voix qui n’était pas tout à fait la sienne. « Charlye et son petit ami. Comme c’est mignon. »
« On sait ce que tu caches, Charlye, » ajouta Camille. « Dame Carmina nous a tout dit. Tu as honte de devenir une femme ? »
« Et tu t’affiches avec un garçon ? » Sarah ricana. « Il va être dégoûté quand il saura tout sur toi. »
Nicolas se leva, protecteur. « Laissez-la tranquille. »
« Oh, le petit chevalier ! » Les trois filles éclatèrent d’un rire qui ressemblait étrangement à celui de Dame Carmina. « Tu ne sais pas dans quoi tu t’embarques, Nicolas. Les filles comme Charlye sont… compliquées. »
Charlye sentit la colère monter en elle, mais aussi quelque chose d’autre : de la compassion. Elle reconnaissait dans leurs yeux la même peur qu’elle avait ressentie.
« Vous aussi, vous avez peur, » dit-elle doucement. « Dame Carmina vous fait ressentir la même chose qu’à moi. »
Les trois filles hésitèrent un instant, et la lueur rouge dans leurs yeux vacilla.
« Charlye a raison, » dit Madame Laurent. « Dame Carmina utilise vos propres insécurités contre vous. »
Mais avant qu’elles puissent répondre, la voix de Dame Carmina résonna dans la pièce, plus forte que jamais :
« Mes chères Échos ! Montrez-leur ce que ressentent vraiment les filles quand elles grandissent ! »
Soudain, les trois filles levèrent les mains, et des fils rouges jaillirent de leurs poignets, s’entortillant autour de Charlye comme des cordes. Elle se sentit tirée vers l’arrière, vers un grand miroir qui venait d’apparaître au fond de la pièce.
« Charlye ! » Nicolas essaya de la rattraper, mais les fils rouges le repoussèrent.
Madame Laurent lança ses propres bracelets, mais les Échos étaient trop nombreuses. « Il faut que tu utilises ton bracelet de courage, Charlye ! Concentre-toi ! »
Mais Charlye était déjà à moitié aspirée dans le miroir. Elle entendait la voix triomphante de Dame Carmina :
« Enfin ! Viens dans mon royaume, ma chérie ! Là, tu apprendras à embrasser pleinement ta féminité ! »
Et avec un flash de lumière rouge, Charlye disparut dans le miroir, laissant Nicolas et Madame Laurent face aux trois Échos qui souriaient de leur sourire cruel.
« Maintenant, » dit Léa avec la voix de Dame Carmina, « le vrai jeu commence. »
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 141