Le soleil d’automne filtrait à travers les grandes fenêtres du collège Saint-Gabriel, projetant des ombres dorées sur les couloirs de pierre. Charlye serrait son sac noir contre elle, le bracelet rouge mystérieux brillant étrangement à son poignet. Elle avait essayé toute la matinée de l’enlever, mais il semblait soudé à sa peau.
En arrivant devant son casier, elle aperçut Nicolas près des distributeurs automatiques. Ses cheveux blonds ébouriffés captaient la lumière, et son sweat bleu avec des cordons jaunes lui donnait cet air décontracté qu’elle trouvait si craquant. Il portait ses écouteurs noirs autour du cou, comme toujours. Son cœur se mit à battre plus fort, mais aussitôt, le souvenir de l’incident de la semaine dernière la submergea.
La tache rouge sur son pantalon. Son regard horrifié. Sa fuite précipitée vers les toilettes.
Depuis, elle l’évitait soigneusement, prenant des détours pour ne pas croiser son chemin. Mais aujourd’hui, quelque chose d’étrange se produisit. Le bracelet à son poignet se mit à chauffer, et soudain, une voix mélodieuse résonna dans sa tête :
« Ma chère Charlye, pourquoi te caches-tu ? »
Elle sursauta et regarda autour d’elle. Personne. Puis, dans le reflet de la vitre du distributeur, elle la vit : Dame Carmina. La femme élégante aux cheveux rouge sang la regardait avec un sourire maternel mais troublant. Sa robe rouge fluide ondulait comme si elle était sous l’eau.
« Tu ne peux pas fuir éternellement, petite fleur. Ton corps change, et c’est magnifique ! Pourquoi avoir honte ? »
Charlye recula, effrayée. « Laissez-moi tranquille ! » murmura-t-elle.
Mais Dame Carmina rit, un son cristallin qui résonna dans tout le couloir. « Oh, ma chérie, je ne fais que commencer. Regarde ! »
Soudain, le bracelet rouge projeta une lueur écarlate. Tous les élèves dans le couloir s’arrêtèrent et se tournèrent vers Charlye. Leurs yeux brillaient d’une lueur rouge identique. Nicolas aussi la regardait, mais son expression était différente – inquiète, presque protectrice.
« Charlye ? » Il s’approcha d’elle, ignorant les autres élèves figés. « Ça va ? Tu as l’air… »
Mais avant qu’il puisse finir sa phrase, Dame Carmina apparut entre eux, visible seulement pour Charlye. « Dis-lui la vérité ! Dis-lui que tu deviens une femme ! Que ton corps suit les cycles de la lune ! »
« Non ! » cria Charlye, et elle s’enfuit en courant, laissant Nicolas perplexe au milieu du couloir.
Elle courut jusqu’aux toilettes des filles et s’enferma dans une cabine, haletante. Le bracelet pulsait maintenant comme un cœur, et Dame Carmina apparut dans le miroir au-dessus des lavabos.
« Tu ne peux pas m’échapper, Charlye. Je suis en toi maintenant. Et bientôt, tout le monde saura… »
C’est alors qu’une voix douce et ferme retentit : « Ça suffit, Carmina. »
Une femme d’âge moyen entra dans les toilettes. Elle avait des cheveux gris argenté tressés avec des perles colorées, et portait une blouse d’infirmière ornée de petits bracelets tissés. Ses yeux verts pétillaient de bienveillance et de sagesse.
« Madame Laurent ? » Charlye reconnut l’infirmière de l’école, mais elle semblait différente, plus… magique.
« Bonjour, Charlye. Je vois que tu as rencontré Dame Carmina. » Elle leva la main, et des fils de lumière dorée s’échappèrent de ses bracelets, repoussant l’image de Dame Carmina dans le miroir. « Elle peut être… envahissante. »
Dame Carmina siffla de colère avant de disparaître. « Ce n’est que partie remise, petite tisseuse ! »
Madame Laurent sourit à Charlye. « Viens, nous avons beaucoup à discuter. Et j’ai quelque chose qui pourrait t’aider. » Elle sortit de sa poche un petit bracelet tissé aux couleurs de l’arc-en-ciel. « Je l’ai fait moi-même. Il a des propriétés… particulières. »
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 141