Le monde tournoyait autour de Lucas et Théo comme s’ils étaient pris dans une tornade dorée. Puis, soudainement, tout s’arrêta.
Ils atterrirent avec un bruit sourd sur un sol spongieux recouvert de mousse émeraude. L’air sentait la terre humide et les fleurs sauvages. Au-dessus d’eux s’étendait une canopée si dense que seuls quelques rayons de soleil dorés perçaient entre les feuilles gigantesques.
« Où est-ce qu’on est ? » murmura Théo, se relevant lentement et époussetant sa veste bleue.
Lucas tourna sur lui-même, observant ce paysage extraordinaire. Des arbres immenses, hauts comme des immeubles, s’élevaient autour d’eux. Leurs troncs étaient si larges qu’il aurait fallu une vingtaine d’enfants se tenant par la main pour en faire le tour. Des lianes phosphorescentes pendaient des branches, émettant une douce lueur bleutée qui dansait dans la pénombre.
« Je crois qu’on est dans le Premier Royaume », répondit Lucas, serrant toujours son ballon contre lui. « Celui dont parlait Commandux. »
Un bruissement dans les feuillages au-dessus d’eux les fit sursauter. Quelque chose de gros se déplaçait de branche en branche, faisant craquer le bois.
« Tu crois que c’est dangereux ? » chuchota Théo, se rapprochant instinctivement de son ami.
Avant que Lucas puisse répondre, une voix grave et mélodieuse résonna dans la forêt :
« Deux jeunes aventuriers perdus dans mon domaine… Intéressant. »
Une silhouette massive descendit d’un arbre voisin avec une agilité surprenante. C’était un homme d’âge moyen, mais ce qui frappait le plus, c’était sa taille imposante et ses muscles saillants sous une tunique de cuir vert. Sa barbe rousse était tressée de petites fleurs colorées, et ses yeux verts brillaient d’une intelligence vive. Des tatouages en forme de racines couraient le long de ses bras puissants.
« Je suis Sylvain, gardien de la Forêt des Premiers Pas », déclara-t-il en s’inclinant légèrement. « Et vous, jeunes gens, vous n’êtes pas d’ici. »
Lucas bomba le torse, retrouvant son assurance habituelle. « Nous sommes Lucas et Théo ! Nous cherchons les Onze Étoiles du Football pour sauver ma famille de Commandux ! »
« Ah, Commandux… » Le visage de Sylvain s’assombrit. « Je connais cette histoire. Mais dis-moi, jeune Lucas, qui t’a nommé chef de cette expédition ? »
La question prit Lucas au dépourvu. « Eh bien… c’est évident, non ? C’est mon père et mon frère qui sont en danger, alors… »
« Alors tu décides pour vous deux ? » Sylvain se tourna vers Théo. « Et toi, qu’en penses-tu ? »
Théo hésita, jetant un regard nerveux vers Lucas. « Je… je veux aider, mais Lucas a toujours… »
« Toujours quoi ? » l’encouragea Sylvain.
« Il a toujours de bonnes idées, mais parfois il ne m’écoute pas », avoua Théo dans un souffle.
Lucas sentit ses joues s’empourprer. « Ce n’est pas vrai ! Enfin… pas toujours ! »
Sylvain hocha la tête gravement. « Je vois. Eh bien, si vous voulez vraiment récupérer la première Étoile du Football, qui se trouve dans ma forêt, vous allez devoir passer le Test des Racines Entrelacées. »
Il frappa dans ses mains, et immédiatement, le sol autour d’eux commença à bouger. Des racines épaisses comme des serpents géants émergèrent de la terre, s’entrelaçant pour former un labyrinthe complexe aux murs vivants de deux mètres de haut.
« Le principe est simple », expliqua Sylvain en s’élevant gracieusement sur une plateforme de racines entrelacées. « Vous devez atteindre le centre du labyrinthe où vous attend la première épreuve. Mais attention : ces racines réagissent à vos émotions. Plus vous serez en conflit, plus elles compliqueront votre chemin. »
Lucas examina l’entrée du labyrinthe, déjà en train d’élaborer une stratégie. « Pas de problème ! Je connais les labyrinthes, il faut toujours tourner à droite et… »
« Lucas, attends ! » l’interrompit Théo. « Et si on réfléchissait ensemble d’abord ? »
« On n’a pas le temps ! » répliqua Lucas, s’élançant vers l’entrée. « Mon père et Nathan comptent sur nous ! »
Il pénétra dans le labyrinthe, mais à peine avait-il fait quelques pas que les racines se mirent à bouger frénétiquement. Les passages se rétrécissaient, de nouvelles parois surgissaient, bloquant son chemin.
« Qu’est-ce qui se passe ? » cria-t-il, frustré, en donnant des coups de poing contre les racines.
Derrière lui, Théo hésitait à l’entrée. « Lucas ! Tu vas trop vite ! »
Mais Lucas était déjà trop loin pour l’entendre clairement. Il continuait d’avancer, de plus en plus agacé par ces racines qui semblaient se moquer de lui. À chaque fois qu’il croyait avoir trouvé la bonne direction, un nouveau mur se dressait devant lui.
Au bout de vingt minutes d’errance, il se retrouva dans une impasse circulaire. Les racines l’entouraient complètement, formant une prison végétale.
« Non ! » hurla-t-il en frappant les parois. « Laissez-moi sortir ! Je dois sauver ma famille ! »
Plus il s’énervait, plus les racines se resserraient autour de lui. La panique commençait à l’envahir quand il entendit une voix familière :
« Lucas ! Où es-tu ? »
C’était Théo ! Lucas leva la tête et aperçut son ami qui se tenait au sommet des racines, ayant apparemment trouvé un moyen de les escalader.
« Ici ! » cria Lucas. « Je suis coincé ! »
Théo examina la situation, puis s’assit tranquillement sur une grosse racine. « Tu sais, Sylvain m’a donné un indice pendant que tu partais. Il a dit que les racines réagissent aux émotions. »
« Et alors ? » Lucas était à bout de nerfs.
« Alors, peut-être qu’au lieu de te battre contre elles, tu pourrais essayer de te calmer ? Et… peut-être qu’on pourrait réfléchir ensemble ? »
Lucas s’arrêta de frapper les parois. Au fond, il savait que Théo avait raison. Lentement, il s’assit par terre et prit une grande inspiration.
« D’accord », dit-il d’une voix plus douce. « Qu’est-ce que tu proposes ? »
À peine avait-il prononcé ces mots que les racines commencèrent à se détendre légèrement.
Théo sourit et se laissa glisser dans l’impasse pour rejoindre son ami. « Sylvain a aussi dit que chaque épreuve nous apprendrait quelque chose d’important. Peut-être que celle-ci nous apprend qu’on doit travailler ensemble ? »
« Tu as peut-être raison », admit Lucas, se sentant un peu honteux de son comportement. « Je suis désolé de t’avoir laissé derrière. »
Comme par magie, une ouverture apparut dans le mur de racines face à eux.
« Regarde ! » s’exclama Théo, pointant du doigt. « Ça marche ! »
Ensemble, ils franchirent l’ouverture et se retrouvèrent dans un nouveau couloir. Cette fois, Lucas laissa Théo marcher à côté de lui.
« Alors, quelle direction tu penses qu’on devrait prendre ? » demanda Lucas, s’efforçant de vraiment écouter la réponse.
Théo observa attentivement les deux chemins qui s’offraient à eux. « Tu vois ces petites fleurs bleues ? Elles poussent toutes dans la même direction. Et regarde, on dirait qu’elles forment comme une flèche vers la gauche. »
Lucas suivit le regard de son ami et constata qu’effectivement, les petites fleurs phosphorescentes semblaient indiquer une direction. « Bonne observation ! Allons par là. »
Ils progressèrent ensemble, prenant le temps de s’écouter mutuellement à chaque intersection. Peu à peu, Lucas découvrait que Théo avait un excellent sens de l’observation et une façon différente, mais très utile, d’analyser les situations.
Au bout d’un quart d’heure de marche collaborative, ils atteignirent enfin le centre du labyrinthe. C’était une clairière circulaire baignée d’une lumière dorée qui descendait d’un trou parfait dans la canopée. Au centre, sur un piédestal de pierre recouvert de mousse, brillait une sphère de cristal de la taille d’un ballon de football.
« La première Étoile ! » s’écria Lucas, les yeux écarquillés.
Mais alors qu’il s’apprêtait à s’élancer, Théo le retint par le bras. « Attends ! Tu ne trouves pas que c’est trop facile ? »
Lucas s’arrêta et examina plus attentivement la clairière. Théo avait raison : le sol autour du piédestal était parsemé de plaques de couleurs différentes, comme un échiquier géant.
Soudain, Sylvain apparut, émergeant littéralement du tronc d’un arbre comme s’il en faisait partie.
« Félicitations pour avoir atteint le centre », dit-il avec un sourire approbateur. « Mais l’épreuve ne fait que commencer. Voyez-vous, cette Étoile ne peut être récupérée que par une véritable équipe. »
Il désigna le sol coloré. « Chaque plaque réagit au poids. Si vous marchez dessus dans le mauvais ordre, des pièges se déclencheront. Mais si vous trouvez la bonne séquence, en travaillant ensemble, l’Étoile sera à vous. »
Lucas étudia le motif, son cerveau tournant à plein régime. « Je crois que je vois ! Les couleurs forment un motif, comme une tactique de football ! »
Il était sur le point de s’élancer quand il se souvint de sa promesse. Il se tourna vers Théo. « Qu’est-ce que tu en penses ? »
Théo observa attentivement, puis pointa du doigt vers les plaques. « Tu as raison pour le motif, mais regarde : certaines plaques sont légèrement surélevées. Je parie qu’il faut les éviter. »
Ensemble, ils établirent un plan : Lucas, avec sa connaissance des tactiques sportives, déterminerait la séquence, tandis que Théo, avec son œil attentif aux détails, identifierait les pièges potentiels.
Pas à pas, en se consultant à chaque mouvement, ils progressèrent vers le piédestal. À mi-chemin, Lucas posa le pied sur une plaque qui sembla s’enfoncer légèrement.
« Stop ! » cria Théo. « Recule doucement ! »
Des flèches de bois jaillirent du sol, passant à quelques centimètres de Lucas.
« Merci ! » souffla Lucas, le cœur battant. « Tu m’as sauvé ! »
Ils ajustèrent leur plan et finalement, ensemble, ils posèrent leurs mains simultanément sur l’Étoile de cristal.
Une lumière chaude les enveloppa, et Lucas sentit une sensation étrange, comme si quelque chose d’important venait de changer en lui. L’Étoile rétrécit jusqu’à devenir de la taille d’une bille et se logea dans la poche de son maillot.
« Première Étoile récupérée ! » annonça Sylvain avec fierté. « Et première leçon apprise, je l’espère ? »
Lucas regarda Théo et sourit sincèrement. « Oui. J’ai compris qu’être un bon leader, ce n’est pas donner des ordres tout seul. C’est écouter son équipe et utiliser les forces de chacun. »
« Parfait », dit Sylvain. « Mais attention, jeunes aventuriers. Commandux a senti que vous avez récupéré la première Étoile. Il ne va pas rester inactif. »
Comme pour confirmer ses paroles, un sifflement aigu et menaçant résonna à travers la forêt, faisant trembler les feuilles.
« Il arrive », murmura Théo, effrayé.
Sylvain frappa dans ses mains, et un nouveau portail de lumière s’ouvrit à côté d’eux. « Vite ! Vers le Deuxième Royaume ! Et souvenez-vous : seule une vraie équipe peut vaincre Commandux ! »
Lucas et Théo échangèrent un regard déterminé, puis sautèrent ensemble dans le portail, juste au moment où l’ombre menaçante de Commandux apparaissait à l’orée de la clairière.
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 95