Le gymnase avait été transformé en un terrain de jeu surréaliste. Le sol était divisé en sections flottantes qui s’élevaient et s’abaissaient selon un rythme mystérieux. Des cerceaux de basketball géants tournaient dans les airs, crachant des équations à résoudre. Et au centre, sur une plateforme instable, Timothée aperçut quatre de ses camarades de classe, figés dans des poses étranges.
Emma tenait un pinceau en l’air, comme si elle peignait une toile invisible. Lucas avait la bouche ouverte, interrompu au milieu d’une histoire. Sarah était figée en plein saut, et Antoine gardait les mains en position pour jouer d’un piano qui n’existait pas.
« Mes premiers prisonniers de talent, » résonna la voix d’Énigmus depuis les haut-parleurs. « Ils sont pris au piège dans leurs propres dons, incapables de les utiliser tant que tu n’auras pas résolu l’énigme de la collaboration. »
Timothée s’approcha prudemment. Une pancarte dorée indiquait : « Troisième Énigme : Libère tes amis en combinant leurs talents avec le tien. Mais attention : un seul faux mouvement, et ils resteront figés pour l’éternité. »
Il sortit les clés que lui avait données la plante violette et remarqua qu’elles brillaient faiblement près de chaque enfant. La clé au pinceau vibrait près d’Emma, celle au livre près de Lucas, et ainsi de suite.
« Madame Sophia ? » murmura-t-il en touchant son médaillon.
« Je suis là, Timothée. Que vois-tu ? »
« Mes camarades sont figés, et il y a ces plateformes qui bougent… On dirait un puzzle géant. »
« Décris-moi les mouvements des plateformes. Y a-t-il un motif ? »
Timothée observa attentivement. Les plateformes montaient et descendaient, mais pas au hasard. Elles suivaient un rythme, comme… comme une mélodie !
« C’est de la musique ! » s’exclama-t-il. « Les plateformes bougent au rythme d’une chanson ! »
Il s’approcha d’Antoine, figé devant son piano invisible, et utilisa la clé ornée d’une note de musique. Immédiatement, Antoine cligna des yeux et regarda autour de lui, confus.
« Timothée ? Qu’est-ce qui se passe ? Où sommes-nous ? »
« C’est compliqué, » répondit rapidement Timothée. « Mais j’ai besoin de ton aide. Tu entends cette mélodie ? »
Antoine tendit l’oreille et hocha la tête. « Oui, c’est du Mozart, mais… modifié. Il y a des notes qui manquent. »
« Peux-tu jouer les notes manquantes ? »
Antoine regarda ses mains, puis l’air autour de lui. Soudain, un piano lumineux apparut devant lui. « Je… je pense que oui ! »
Il commença à jouer les notes manquantes. Immédiatement, les plateformes se stabilisèrent, créant un chemin stable vers les autres prisonniers.
Timothée courut vers Emma et utilisa la clé au pinceau. Elle se réveilla en sursaut, tenant toujours son pinceau.
« Emma ! » dit Timothée. « Regarde les murs ! »
Les murs du gymnase étaient couverts de fresques à moitié terminées. Des scènes de l’école normale, mais avec des éléments manquants.
« Il faut que tu complètes les dessins ! » expliqua Timothée. « Je crois que c’est comme ça qu’on peut libérer les autres ! »
Emma, bien qu’encore confuse, se mit à peindre instinctivement. Ses pinceaux créaient des couleurs dans l’air, complétant les fresques. Chaque trait qu’elle ajoutait faisait apparaître de nouveaux éléments dans le gymnase : des cordes pour atteindre les plateformes élevées, des filets de sécurité, des ponts lumineux.
Timothée libéra ensuite Lucas avec la clé au livre. Le garçon aux cheveux bouclés se réveilla au milieu d’une phrase :
« …et c’est alors que le héros comprit qu’il n’était pas seul ! Timothée ? Qu’est-ce que tu fais ici ? Et pourquoi tout est si bizarre ? »
« Lucas, » dit Timothée en souriant, « j’ai besoin que tu racontes une histoire. Regarde ! »
Il pointa vers des livres flottants qui s’ouvraient et se fermaient dans l’air. Les pages étaient blanches, attendant d’être remplies.
« Une histoire sur nous ? Sur ce qui se passe ? » demanda Lucas, ses yeux brillant d’excitation malgré la situation étrange.
« Exactement ! Raconte l’histoire de quatre amis qui unissent leurs talents pour sauver leur école ! »
Lucas se mit à raconter avec passion, et ses mots apparurent dans les livres flottants, créant une narration vivante de leur aventure. Chaque phrase qu’il prononçait renforçait leur détermination et faisait apparaître de nouveaux outils utiles.
Enfin, Timothée libéra Sarah avec la clé au ballon. Elle atterrit gracieusement de son saut figé.
« Woah ! » s’exclama-t-elle. « C’était comme être dans un rêve où on ne peut plus bouger ! Timothée, qu’est-ce qui… »
« Sarah, on a besoin de ta vitesse et de ton agilité ! » l’interrompit Timothée. « Tu vois ces anneaux qui bougent ? Il faut que quelqu’un soit assez rapide pour les traverser tous et appuyer sur le bouton rouge là-haut ! »
Sarah regarda le parcours d’obstacles qui s’était formé grâce aux contributions de chacun. « Ça a l’air fun ! Mais je vais avoir besoin que vous continuiez à créer le chemin pendant que je cours ! »
Soudain, ils entendirent tous la voix d’Énigmus, mais elle semblait moins assurée qu’avant :
« Impossible… Ils travaillent ensemble… Ce n’était pas prévu dans mes calculs… »
Timothée sortit son échiquier miniature et le posa au sol. « Et voilà notre plan ! Antoine, continue la musique pour maintenir les plateformes stables. Emma, dessine le chemin au fur et à mesure que Sarah court. Lucas, raconte son parcours pour le rendre réel. Et moi, je vais coordonner le tout comme une partie d’échecs ! »
Ce qui suivit fut le spectacle le plus extraordinaire que le gymnase ait jamais connu. Sarah s’élança sur le parcours pendant qu’Antoine jouait une mélodie entraînante qui stabilisait chaque surface. Emma peignait des ponts et des cordes juste devant les pas de Sarah, tandis que Lucas narrait chaque saut, chaque roulade, rendant l’impossible possible par ses mots.
Timothée, lui, dirigeait l’ensemble comme un chef d’orchestre, anticipant chaque obstacle, coordonnant chaque talent. Pour la première fois de sa vie, il ne se sentait pas différent ou isolé. Il se sentait… complet.
Sarah atteignit finalement le bouton rouge et l’appuya. Immédiatement, une porte dorée s’ouvrit au fond du gymnase, révélant un escalier en spirale qui montait vers les étages supérieurs.
Mais au lieu de célébrer, les cinq amis entendirent un bruit inquiétant : des pas lourds qui résonnaient dans les couloirs, se rapprochant rapidement.
« Il arrive, » murmura Antoine.
« Qui arrive ? » demanda Emma.
« Énigmus, » répondit Timothée. « Et je crois qu’il n’est pas content qu’on ait réussi à travailler ensemble. »
La voix du professeur résonna, plus froide que jamais :
« Très bien, petits génies. Vous avez réussi à combiner vos talents. Mais voyons si votre amitié résiste quand je vous séparerai dans mes labyrinthes les plus vicieux. La prochaine épreuve vous mettra face à vos pires peurs… et vous devrez choisir entre vous sauver ou sauver les autres. »
Timothée regarda ses nouveaux amis. Emma tenait encore son pinceau, prête à peindre leur chemin. Antoine avait les mains sur son piano lumineux. Lucas serrait un livre d’histoires contre lui. Sarah était en position de course.
« On reste ensemble, » dit-il fermement. « Quoi qu’il arrive. »
« Ensemble, » répétèrent-ils en chœur.
Mais alors qu’ils se dirigeaient vers l’escalier doré, le sol se mit à trembler. L’école entière semblait se reconfigurer autour d’eux, et ils entendirent au loin les rires inquiétants d’Énigmus qui préparait sa contre-attaque.
Leur véritable test ne faisait que commencer.
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 84