L’ombre du Gardien des Émotions s’étendait maintenant sur tout le jardin. Les fleurs se fanaient sous son passage, et l’herbe devenait grise. Une immense silhouette descendit du ciel : c’était un aigle géant aux plumes sombres, avec des yeux perçants comme des miroirs.
« Qui ose utiliser la magie des émotions sans permission ? » tonna l’aigle de sa voix majestueuse.
Tous les animaux tremblaient derrière Léa. Même Tendresse semblait inquiète.
« C’est moi, » dit bravement Léa en levant le menton. « Je suis Léa, et j’apprends la magie des câlins. »
L’aigle la regarda fixement. « Tu n’es qu’une enfant ! Les enfants de quatre ans ne savent pas contrôler leurs émotions ! Tu vas faire du mal avec ces pouvoirs ! »
« Mais non ! » protesta Léa. « Regardez ! J’ai soigné Mr. Moustique ! J’ai aidé les fourmis ! J’ai rendu Billy heureux ! »
L’aigle secoua ses grandes ailes. « Temporaire ! Les enfants changent d’avis tout le temps ! Hier encore, tu faisais du mal aux animaux ! Comment puis-je te faire confiance ? »
Léa sentit son cœur se serrer. C’était vrai, elle avait fait du mal avant.
Cache-Misère, toujours caché sous ses cheveux, chuchota : « Il a raison, Léa. Tu n’y arriveras jamais. Autant redevenir méchante. »
Mais soudain, quelque chose d’inattendu se produisit. Billy s’avança courageusement vers l’aigle, malgré sa peur.
« Wouf ! Wouf ! » aboya-t-il avec détermination.
Tendresse traduisit : « Billy dit que Léa a vraiment changé ! Il dit qu’avant, il avait peur de s’approcher d’elle, mais maintenant, il se sent en sécurité ! »
Mr. Moustique s’avança aussi et minaula longuement.
« Le chat dit que les mains de Léa l’ont soigné ! » traduisit Caline. « Il dit qu’elle lui a demandé pardon ! »
Toutes les fourmis sortirent de leur fourmilière et formèrent des lettres sur le sol : M-E-R-C-I L-E-A.
« Les fourmis témoignent pour toi ! » s’exclama Tendresse.
L’aigle fronça les sourcils. « Peut-être… mais il y a encore quelque chose de sombre en elle. Je le sens. »
Il regarda directement Cache-Misère qui tentait de se cacher.
« Ce lutin ! Tant qu’il sera sur son épaule, elle retombera dans la méchanceté ! Je dois l’emmener ! »
L’aigle tendit ses serres vers Cache-Misère.
« Non ! » cria Léa en protégeant son épaule. « Vous ne pouvez pas emmener Cache-Misère ! »
Tout le monde resta bouche bée, même Cache-Misère.
« Mais… Léa… » balbutia le petit lutin, « je t’ai poussée à faire du mal ! Pourquoi est-ce que tu me protèges ? »
Léa réfléchit à toute vitesse. « Parce que… parce que Tendresse m’a dit que tu étais triste ! Tu voulais juste avoir des amis ! Et moi, je comprends maintenant ! »
L’aigle était perplexe. « Tu défends celui qui t’a menée sur le mauvais chemin ? »
« Cache-Misère ne m’a pas forcée, » expliqua Léa courageusement. « J’ai choisi de l’écouter parce que ça semblait amusant. Mais maintenant, je peux choisir de ne plus l’écouter quand il dit des bêtises, et l’écouter quand il dit des choses gentilles ! »
Cache-Misère était ému aux larmes. « Tu… tu veux toujours de moi ? Même si je suis méchant parfois ? »
« Tout le monde peut apprendre à être gentil, » dit Léa en souriant. « Toi aussi ! Regarde ! »
Léa tendit sa main brillante vers Cache-Misère. Le petit lutin hésita, puis toucha son doigt. Aussitôt, ses reflets violets devinrent dorés, et ses yeux rouges se transformèrent en yeux bleus tout doux.
« Je… je me sens différent ! » s’exclama Cache-Misère, émerveillé.
« Tu peux choisir d’être gentil ou méchant, » expliqua Léa. « Mais quand tu es gentil, tu te sens mieux, et moi aussi ! »
L’aigle observait la scène, impressionné. « Remarquable… tu as transformé un lutin de la malice en lutin de la gentillesse… »
Mais soudain, l’aigle poussa un cri d’alarme. « Attention ! Le vrai test arrive ! »
Soudain, Tommy, le petit frère de Léa, trébucha et tomba en se cognant le genou. Il se mit à pleurer très fort.
Cache-Misère, dans ses anciens réflexes, chuchota automatiquement : « Il pleure ! C’est agaçant ! Pousse-le pour qu’il arrête ! »
Léa sentit la colère monter en elle, comme avant. Tommy pleurait si fort ! Et elle avait envie de le faire taire…
Tout le jardin retint son souffle. Même l’aigle se pencha pour voir ce que Léa allait choisir de faire.
« C’est maintenant que tu dois prouver que tu as vraiment changé, » murmura Tendresse.
La main de Léa se serra. Que allait-elle faire ?
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 83