• Enfant-héros : Bruno
  • Âge : 12 ans
  • Personnalité : timide, sensible, rêveur, impatient, calme, têtu
  • Passions : Les anges et la voyance
  • Autres personnages : Sa mère (Marie-Lou), sa grande sœur (Isabelle) et son chien (Tresi).
  • Thème : Autonomie
  • Problématique : Prise de responsabilités
  • Détails : Bruno a envie de déménager en Bretagne mais il n’ose toujours pas, il se repose sur sa mère qui lui laisse son appartement et sa voiture gratuitement. Il doit passer à l’action mais n’ose pas. Il rêve trop, avec ses voyages et ses anges, mais ne fait rien dans le concret.
  • Style d’histoire : Frayeurs Mystérieuses
  • Identifiant de l’histoire : 78
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Le lendemain matin, Bruno se réveilla en sursaut. Le médaillon était toujours serré dans sa main, mais il était froid maintenant, comme si la magie de la nuit précédente n’avait été qu’un rêve.

« Bruno ! Tu vas être en retard ! » La voix de Marie-Lou résonnait depuis la cuisine.

Le garçon glissa rapidement le médaillon sous son oreiller et se leva. Tresi, qui dormait encore au pied du lit, ouvrit un œil endormi et bailla longuement, révélant ses crocs blancs et sa langue rose. Son pelage tricolore brillait sous les rayons du soleil matinal qui filtraient à travers les rideaux.

« J’arrive, maman ! » cria-t-il en enfilant rapidement sa chemise bleue préférée.

Dans la cuisine, Marie-Lou s’affairait à préparer le petit-déjeuner. Malgré ses soixante-dix ans, elle débordait d’énergie. Sa perruque blonde, légèrement de travers ce matin-là, lui donnait un air espiègle qui contrastait avec les rides qui creusaient son visage bienveillant.

« J’ai fait des crêpes, » annonça-t-elle fièrement. « Ça te rappellera la Bretagne. »

Bruno s’installa à table, pensif. Il n’avait jamais mis les pieds en Bretagne, mais il en rêvait depuis si longtemps qu’il avait parfois l’impression d’y avoir vécu.

« Merci, maman. »

Isabelle entra dans la cuisine, vêtue d’une longue robe fleurie et d’un gilet en laine grossièrement tricoté. Ses cheveux blonds tombaient en cascade sur ses épaules, et ses yeux clairs pétillaient de malice.

« Bonjour, famille ! » lança-t-elle en s’étirant comme un chat. Elle attrapa une crêpe et se pencha vers Bruno. « Alors, des nouvelles de ton médaillon magique ? » chuchota-t-elle avec un clin d’œil.

Bruno secoua discrètement la tête. Il ne voulait pas en parler devant leur mère.

« De quoi vous parlez, tous les deux ? » demanda Marie-Lou en posant une tasse de chocolat chaud devant son fils.

« Oh, rien d’important, » répondit rapidement Isabelle. « Bruno a trouvé un vieux bijou dans le grenier, c’est tout. »

« Ah oui ? » Marie-Lou sembla soudain intéressée. « Quel genre de bijou ? »

Bruno hésita. Le Fantôme de l’Hésitation semblait avoir laissé son empreinte sur lui, car les mots restaient coincés dans sa gorge.

« Un médaillon, » finit-il par dire. « Avec un ange dessus. »

Marie-Lou pâlit légèrement et s’assit lourdement sur une chaise.

« Où est-il ? » demanda-t-elle d’une voix changée.

« Dans ma chambre, » répondit Bruno, surpris par la réaction de sa mère. « Pourquoi ? Tu le connais ? »

Marie-Lou passa une main tremblante sur son front.

« C’était à ton père, » murmura-t-elle. « Le médaillon de Ker Izella. »

Un silence pesant tomba sur la cuisine. Bruno ne parlait jamais de son père, décédé quand il était trop jeune pour s’en souvenir. Et Marie-Lou évitait soigneusement le sujet.

« Papa venait de Bretagne ? » demanda-t-il, le cœur battant.

« Il y a vécu, oui, » répondit Marie-Lou. « À Ker Izella, un petit village côtier. Il avait des projets là-bas, avant… avant de nous quitter. »

Le cerveau de Bruno fonctionnait à toute vitesse. Le médaillon, les images, son rêve de Bretagne… Tout prenait soudain un sens nouveau.

« Je dois y aller, » dit-il impulsivement. « À Ker Izella. »

Marie-Lou échangea un regard inquiet avec Isabelle.

« Bruno, mon chéri, ce n’est pas si simple. Tu es encore jeune, et… »

« J’ai douze ans, maman ! » protesta-t-il. « Et tu me laisses bien me promener seul dans Paris. La Bretagne, c’est toujours la France ! »

« C’est différent, » soupira Marie-Lou. « Et puis, avec quoi paierais-tu le voyage ? Où logerais-tu ? »

Bruno baissa les yeux. Il n’avait pas pensé à ces détails pratiques. Comme toujours, il s’était laissé emporter par son rêve sans réfléchir aux moyens de le réaliser.

« Je pourrais l’accompagner, » proposa soudain Isabelle. « Les vacances d’été commencent bientôt. Ce serait une belle aventure. »

Marie-Lou secoua la tête.

« Nous en reparlerons plus tard. Bruno, va chercher ce médaillon, j’aimerais le voir. »

Le garçon se leva et courut jusqu’à sa chambre. Il glissa la main sous son oreiller, mais ne trouva rien. Paniqué, il retourna ses draps, regarda sous le lit. Le médaillon avait disparu.

Tresi, qui l’avait suivi, se mit à gratter frénétiquement au pied de la fenêtre, aboyant vers l’extérieur. Bruno s’approcha et vit, avec horreur, une brume grisâtre qui s’éloignait dans le jardin, semblant tenir quelque chose de brillant.

« Le Fantôme ! » s’écria-t-il. « Il a volé le médaillon ! »

Sans réfléchir, Bruno ouvrit la fenêtre et sauta dans le jardin. Tresi le suivit d’un bond agile. La brume se dirigeait vers le petit parc voisin, et Bruno se lança à sa poursuite.

« Bruno ! Où vas-tu ? » cria Marie-Lou depuis la maison, mais le garçon était déjà trop loin pour l’entendre.

Le parc était désert en ce début de matinée. La brume s’épaissit, prenant peu à peu la forme du Fantôme de l’Hésitation. Ses yeux, d’un bleu rêveur ce jour-là, fixaient Bruno avec amusement.

« Tu voulais le montrer à ta mère, n’est-ce pas ? » dit le Fantôme d’une voix doucereuse. « Pour qu’elle te raconte tout sur ton père, sur Ker Izella… pour qu’elle te donne sa bénédiction pour ce voyage. »

« Rends-moi le médaillon ! » exigea Bruno, essayant de paraître brave malgré la peur qui lui nouait l’estomac.

Le Fantôme fit tournoyer le médaillon au bout de sa chaîne.

« Pourquoi es-tu si pressé ? » demanda-t-il. « La Bretagne ne va pas s’envoler. Tu pourrais attendre d’être plus âgé, plus préparé. Ta mère a raison, tu sais. C’est compliqué, un tel voyage. »

Les paroles du Fantôme résonnaient avec les doutes de Bruno. Peut-être avait-il raison ? Peut-être était-ce plus sage d’attendre ?

« Non ! » s’écria Bruno, secouant la tête pour chasser ces pensées. « Je veux le médaillon maintenant ! »

Il s’élança vers le Fantôme, mais ses mains ne rencontrèrent que du vide. La silhouette brumeuse s’écarta avec une facilité déconcertante.

« Tu ne peux pas me toucher, Bruno, » ricana le Fantôme. « Je suis fait de tes propres doutes, de tes propres hésitations. Plus tu doutes, plus je suis fort. »

Bruno sentit le désespoir l’envahir. Comment combattre une créature intangible ? Comment récupérer le médaillon ?

Tresi aboyait furieusement, tournant autour du Fantôme sans pouvoir l’atteindre non plus.

« Abandonne, » murmura le Fantôme. « Rentre chez toi. Profite du confort que ta mère t’offre. Rêve de la Bretagne, c’est tellement plus simple que d’y aller réellement. »

Bruno tomba à genoux, épuisé par sa course et par le combat intérieur qui faisait rage en lui. Il avait échoué. Le Fantôme avait raison. C’était trop compliqué, trop risqué.

C’est alors qu’une voix forte retentit dans le parc.

« Assez ! »

Une femme âgée, que Bruno n’avait jamais vue, s’avançait vers eux d’un pas décidé. Grande et mince, elle portait une longue écharpe aux motifs celtiques et tenait une canne en bois sculpté. Ses cheveux blancs étaient rassemblés en un chignon serré, et ses yeux verts brillaient d’une détermination farouche.

« Maxence, laisse cet enfant tranquille ! » ordonna-t-elle au Fantôme.

Le Fantôme de l’Hésitation parut se figer. Ses yeux passèrent du bleu à l’orange anxieux.

« Tu ne peux pas interférer, Anaëlle, » siffla-t-il. « Ce n’est pas dans les règles. »

« Les règles ont changé, » répliqua la vieille femme en s’approchant de Bruno. Elle posa une main sur son épaule. « Lève-toi, mon garçon. Ne l’écoute pas. »

Bruno obéit, étrangement réconforté par la présence de cette inconnue qui semblait connaître son adversaire.

« Qui êtes-vous ? » demanda-t-il.

« Une amie, » répondit-elle simplement. « Une amie qui connaît bien Ker Izella… et qui connaissait ton père. »

Le Fantôme sembla s’agiter, sa forme devenant plus instable.

« Tu n’as pas le droit, Anaëlle ! » protesta-t-il. « Le garçon doit trouver son chemin seul ! »

« Il le trouvera, » affirma la vieille femme. « Mais pas sans aide. Personne ne peut affronter ses peurs entièrement seul. »

Elle tendit la main vers le Fantôme, et à la stupéfaction de Bruno, le médaillon s’arracha de la brume pour voler jusqu’à elle.

« Voici, Bruno, » dit-elle en lui remettant le médaillon. « Il t’appartient désormais. »

Le Fantôme de l’Hésitation poussa un cri de rage et disparut dans un tourbillon de brume grise.

Bruno regarda le médaillon dans sa main, puis la vieille femme qui lui souriait avec bienveillance.

« Comment avez-vous fait ça ? » demanda-t-il, admiratif.

« J’ai simplement eu plus d’expérience que toi avec ce genre de créature, » répondit Anaëlle. « Mais tu apprendras. Si tu le souhaites, je peux t’aider à comprendre ce médaillon et ce qu’il représente. »

« Vous connaissez Ker Izella ? Et mon père ? »

« Oui, » confirma-t-elle. « Et je peux te raconter beaucoup de choses. Mais d’abord, nous devrions rassurer ta mère, non ? Elle doit être morte d’inquiétude. »

Comme pour confirmer ses paroles, ils entendirent Marie-Lou qui appelait Bruno depuis l’entrée du parc, sa voix teintée d’angoisse.

« Viens, » dit Anaëlle. « Nous avons beaucoup à discuter, tous ensemble. »

Bruno hocha la tête et suivit la vieille femme, serrant le médaillon contre son cœur. Pour la première fois, il sentait qu’il avait peut-être une chance de transformer son rêve en réalité. Mais le Fantôme de l’Hésitation, il le savait, n’avait pas dit son dernier mot.

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L’aventure continue !

In Mamie Aurore's art studio, an elegant shadow figure with a blue crystal crown looms. A dark-skinned boy with curly black hair and adventurous smile stands nearby. Title 'Emilie' and subtitle 'My Story Show' in vibrant frost palette. Cel-shaded magical silhouettes.

Identifiant de l’histoire : 78