Le lendemain, Masséo se réveilla avec une énergie nouvelle. Pour la première fois depuis des mois, il avait dormi profondément, sans se réveiller en sursaut au milieu de la nuit. Le souvenir de Stellaria et de sa promesse lui donnait une excitation qu’il avait du mal à contenir.
Au petit-déjeuner, Catherine remarqua immédiatement ce changement.
« Tu as l’air en forme ce matin, » dit-elle en déposant une assiette de pancakes devant lui. « Tu as bien dormi ? »
« Super bien ! » répondit Masséo en attaquant son petit-déjeuner avec appétit. « J’ai fait un rêve génial où j’étais un super-héros avec des pouvoirs lumineux ! »
Catherine sourit, visiblement soulagée. Ses cheveux blonds cascadaient librement sur ses épaules, et elle avait déjà revêtu sa tenue d’aide-soignante, prête pour sa journée de travail à la maison de retraite.
« C’est bien mieux que tes cauchemars habituels, » remarqua-t-elle en lui ébouriffant affectueusement les cheveux.
Philippe entra dans la cuisine, impeccable dans son uniforme militaire, ses cheveux bouclés domptés pour l’occasion. Il ajusta ses lunettes et jeta un coup d’œil à sa montre.
« Pressons-nous un peu, champion. Je dois te déposer à l’école avant ma réunion. »
Durant toute la journée de classe, Masséo eut du mal à se concentrer. Il dessinait des étoiles scintillantes dans les marges de ses cahiers et imaginait les pouvoirs qu’il pourrait développer. Serait-il capable de créer des boules de lumière comme Stellaria ? Pourrait-il faire briller ses mains à volonté ?
Lors de la récréation, il tenta discrètement de reproduire ce qu’il avait vécu. Caché derrière un arbre de la cour, il fixait intensément ses paumes, se concentrant de toutes ses forces.
« Allez, brille, » murmurait-il. « S’il te plaît, brille. »
Mais rien ne se produisit. Ses mains restaient désespérément normales.
« Qu’est-ce que tu fabriques ? » demanda soudain Thomas, le faisant sursauter.
« Euh, rien ! » répondit précipitamment Masséo. « Je vérifiais juste… si j’avais de la saleté sur les mains. »
Thomas le regarda d’un air dubitatif. « T’es bizarre depuis hier. Tu viens jouer au baseball ? On a besoin d’un bon batteur. »
Masséo accepta, mais même pendant le jeu, son esprit revenait sans cesse à ses pouvoirs mystérieux et à sa rencontre nocturne.
Le soir venu, il mangea rapidement, se brossa les dents en un temps record et annonça qu’il était fatigué et voulait aller se coucher tôt.
Catherine et Philippe échangèrent un regard surpris.
« Toi, tu veux aller te coucher tôt ? » s’étonna Philippe. « Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait de notre fils ? »
Masséo leva les yeux au ciel. « Papa ! Je suis juste fatigué, c’est tout. »
« Pas de négociations pour rester debout plus longtemps ? » demanda Catherine avec un sourire incrédule. « Pas de ‘encore cinq minutes’ ? »
« Non, je veux vraiment dormir, » insista Masséo, trépignant d’impatience.
Une fois dans sa chambre, il ne se mit pas immédiatement au lit. Il s’assit en tailleur sur sa couverture, fixant la porte avec anticipation. Les minutes s’écoulèrent lentement. Neuf heures… neuf heures trente… dix heures…
Ses paupières commençaient à s’alourdir lorsqu’un scintillement argenté apparut au centre de sa chambre. Stellaria se matérialisa, majestueuse dans sa combinaison étoilée. Ses cheveux courts reflétaient la faible lumière de la veilleuse, créant un halo autour de son visage bienveillant.
« Bonsoir, jeune Porteur, » dit-elle doucement. « Je vois que tu m’attendais. »
« Vous avez vraiment tenu votre promesse ! » s’exclama Masséo, soudain parfaitement réveillé. « J’ai essayé de faire briller mes mains aujourd’hui, mais ça n’a pas marché. »
Stellaria sourit. « La patience, Masséo. Les pouvoirs des Porteurs de Lumière ne se révèlent pleinement que dans l’obscurité. C’est là que la lumière est la plus précieuse, n’est-ce pas ? »
Elle s’approcha et s’assit face à lui sur le lit. « Avant de commencer, je dois t’expliquer certaines choses. Sais-tu pourquoi tu as peur du noir ? »
Masséo haussa les épaules. « Parce qu’on ne voit rien ? Parce que des monstres pourraient s’y cacher ? »
« La peur du noir est naturelle, » expliqua Stellaria. « Depuis la nuit des temps, les humains craignent ce qu’ils ne peuvent pas voir. Mais cette peur peut être transformée en force, surtout pour un Porteur de Lumière. »
Elle tendit sa main et fit apparaître une petite sphère lumineuse. « Les Porteurs comme nous ont un don spécial : nous pouvons créer de la lumière à partir de notre énergie intérieure. Cette lumière n’est pas juste physique, elle est aussi émotionnelle et spirituelle. »
« Mais pourquoi moi ? » demanda Masséo. « Comment suis-je devenu un Porteur ? »
« On ne devient pas Porteur, on naît ainsi, » répondit Stellaria. « C’est un don rare qui se transmet parfois dans les familles, souvent en sautant plusieurs générations. Ta grand-mère paternelle en était une, bien qu’elle n’ait jamais pleinement développé ses capacités. »
Masséo écarquilla les yeux. « Mamie Lucie ? Elle pouvait faire briller ses mains aussi ? »
« Elle avait ce potentiel, » confirma Stellaria. « Mais à son époque, il n’y avait pas de mentor pour la guider. Les pouvoirs des Porteurs s’éveillent généralement vers ton âge, souvent déclenchés par une confrontation avec l’obscurité. »
« Comme avec L’Ombre Obscurosse ? »
« Exactement. L’Ombre Obscurosse est l’une des plus anciennes entités d’obscurité. Elle est attirée par les Porteurs de Lumière naissants, car votre énergie la perturbe. Elle essaiera de l’absorber avant que vous n’appreniez à la maîtriser. »
Stellaria se leva et fit un geste élégant de la main. La veilleuse de Masséo s’éteignit, plongeant la chambre dans l’obscurité. Seule la sphère lumineuse au-dessus de sa paume éclairait maintenant leurs visages.
« Pour ta première leçon, nous allons commencer par quelque chose de simple. Ferme les yeux et concentre-toi sur ta respiration. »
Masséo obéit, même si être dans le noir le rendait nerveux.
« Maintenant, imagine une petite flamme à l’intérieur de toi, juste au centre de ta poitrine. Elle est chaude, rassurante, comme le soleil par une belle journée d’été. »
Masséo visualisa cette flamme, se rappelant la sensation du soleil sur sa peau lors des après-midis passés à jouer au baseball dans le parc.
« Cette flamme est ton essence, ton énergie vitale. Imagine-la grandir doucement avec chaque respiration, devenir plus brillante, plus chaude. »
Masséo se concentra intensément. Dans son esprit, la flamme pulsait au rythme de son cœur.
« Maintenant, imagine cette lumière se déplacer le long de tes bras, jusqu’au bout de tes doigts. »
Il suivit les instructions, visualisant un courant de lumière dorée circulant dans ses veines jusqu’à ses mains.
« Ouvre les yeux, mais garde cette image en tête, » murmura Stellaria.
Lorsque Masséo ouvrit les yeux, il retint un cri de surprise. Ses doigts émettaient une faible lueur bleutée, à peine visible mais bien réelle !
« Je… je le fais ! » s’exclama-t-il avec excitation.
« C’est un excellent début, » approuva Stellaria. « Ta lumière est encore faible, mais elle grandira avec la pratique. »
La lueur s’estompa rapidement, laissant Masséo légèrement essoufflé mais euphorique.
« C’était incroyable ! » dit-il. « Est-ce que je pourrai créer des boules de lumière comme vous bientôt ? »
« Pas tout de suite, » tempéra Stellaria. « Chaque Porteur développe ses capacités à son propre rythme. Pour l’instant, concentre-toi sur cette première étape : faire briller tes mains à volonté. »
Elle lui expliqua qu’il devrait pratiquer chaque jour, idéalement dans la pénombre de sa chambre avant de s’endormir.
« L’Ombre Obscurosse reviendra, n’est-ce pas ? » demanda Masséo, son enthousiasme diminuant légèrement.
« Oui, » confirma Stellaria. « Elle est attirée par ton potentiel. Mais elle ne peut pas te faire de mal tant que tu ne la crains pas complètement. Les Ombres se nourrissent de la peur ; elles sont renforcées par elle. »
« Mais j’ai peur du noir, » admit Masséo. « Comment puis-je ne pas avoir peur d’elle ? »
Stellaria posa une main réconfortante sur son épaule. « En comprenant que ta lumière intérieure ne peut jamais être complètement éteinte, même dans l’obscurité la plus profonde. C’est la leçon la plus importante que tu dois apprendre. »
Elle se leva, signalant que la séance touchait à sa fin. « Je reviendrai dans trois nuits. D’ici là, pratique. Et si L’Ombre Obscurosse apparaît, n’oublie pas : concentre-toi sur ta lumière intérieure, pas sur ta peur. »
« Trois nuits ? » protesta Masséo. « Mais que faire si elle vient avant ? »
« Tu as déjà tout ce dont tu as besoin, » assura Stellaria avec un sourire énigmatique. « Fais-moi confiance, jeune Porteur. »
Avant que Masséo puisse poser d’autres questions, elle disparut dans un tourbillon d’étincelles argentées, laissant derrière elle une sensation de calme et de chaleur.
Masséo fixa ses mains, essayant de reproduire la lueur bleutée. Cette fois, seul un très faible scintillement apparut, comme des paillettes sous sa peau. C’était épuisant, mais exaltant.
Il s’allongea, l’esprit bourdonnant d’informations nouvelles. Il était un Porteur de Lumière, comme sa grand-mère. Il avait des pouvoirs spéciaux. Et quelque part dans l’obscurité, L’Ombre Obscurosse attendait, guettant sa prochaine opportunité.
Mais pour la première fois, Masséo ne se sentait pas complètement impuissant face à sa peur du noir. Il avait une lumière intérieure. Et avec l’aide de Stellaria, il apprendrait à la faire briller plus fort que n’importe quelle ombre.
Sur cette pensée réconfortante, il ferma les yeux et s’endormit paisiblement, rêvant de courses de Formule 1 où les voitures laissaient derrière elles des traînées de lumière bleue semblables à celle qu’il avait créée.
— ⭐ —
L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 76
